Comme Kérala je n'apprécie pas spécialement le ton impératif de ces 10 "conseils". Je suis d'accord avec le diagnostic de fond : nos modes de vie occidentaux sont une impasse écologique. Mais je doute que cette manière d'aborder le sujet soit vraiment efficace. A part une poignée de masochistes sociaux qui vont se jeter là-dedans à corps perdu, parce que c'est leur caractère de se plier aux ordres... mais on sera plus dans un fonctionnement de type sectaire. On ne peut pas forcer la main de la population (sauf en instaurant une dicatature) : comme pour arrêter de fumer, la décision doit venir du premier concerné. J'aurais même tendance à rajouter que les "conseils" extérieurs nuisent à la prise de conscience. Si tout mon entourage me presse de cesser de fumer, j'aurais tendance à chercher de bonnes raisons... pour continuer !
Contrairement à toi Ded, je crois que les initiatives marginales et militantes sont loin d'être vaines. Elles sont pionnières, créent de nouvelles références, démontrent leur faisabilité. Shiva Warrior est un bon exemple avec son potager
Il ne force la main de personne. Par contre je suppose que dans son entourage / voisinage ça fait réfléchir.
Pour élucider, Ded, la question du niveau de décision pertinent (nos hommes politiques "tout puissants", et nous pauvres consommateurs lambda qui votons avec nos pieds...), je te recommande la lecture de l'ouvrage de Miguel Benasayag et Florence Aubenas, intitulé "résister, c'est créer", aux éditions La Découverte (6,40 €).
En somme, la pensée du changement entre aujourd'hui dans un troisième grand mouvement. En 1900, l'ouvrier "d'avant-garde" pensait que la solution collective était d'agir ensemble, en syndicat ou en parti, et qu'on allait ainsi renverser les patrons et construire un nouveau monde. Dans la dernière partie du XXe siècle, cette solution va être historiquement supprimée : l'échec des idéologies, comme moteur social, déconstruit le collectif et le système néolibéral apparaît si fort que l'idée même de mutation semble inconcevable. La chute du modèle révolutionnaire a conduit à une sorte de sidération, où nousnous sentons condamnés à l'injustice, à perpétuité. La seule issue est la fuite individuelle. Ensemble, nous allons au massacre. Seul, on s'en tirera. Et ce n'est plus dans un grand mouvement où l'union fait la force qu'un ouvrier pense qu'il pourra s'en sortir. Mais personnellement, en devenant lui-même un patron. Ce n'est plus le monde qu'on veut changer. C'est sa vie à soi.
Aujourd'hui, d'une autre façon, la planète entière souhaiterait un "monde plus juste". Et chacun manifeste, chacun proteste sur le monde individuel du souhait sans que rien ne soit fondamentalement différent de l'époque où tout le monde se résignait à cet horizon. Ensemble, mais tout seul. Or il ne s'agit pas aujourd'hui de revenir à une nouvelle croisade contre l'individu, et qui en casserait le monopole, une nouvelle forme d'humanité qui ne joue plus dans les termes traditionnels d'un sujet d'émancipation va libérer un objet."