Je lis un bouquin marrant sur l’esthétique (L’esthétique du laid de Karls Rosenkranz). L’auteur apporte une petite réflexion que je trouve bien formulée :
« L’animal peut donc être déjà laid directement, dans son type. Mais il peut devenir laid même si ce type est primitivement beau, car comme les plantes, il peut subir une déformation, soit de l’extérieur, par mutilation, soit de l’intérieur, par maladie. Dans les 2 cas, sa laideur dépasse de loin celle des plantes, parce que son organisme est beaucoup plus unitaire et plus achevé, alors que la plante tend vers l’indéterminé et que par conséquent ses contours sont soumis à une certaine contingence. La structure de l’animal est déterminée en soi et pour soi. Si par conséquent l’un de ses membres est blessé ou supprimé, l’animal sera immédiatement enlaidi. L’animal ne peut se passer d’aucun élément de son organisme, à l’exception de ses végétations superflues, poils, cornes, etc., qu’il est capable de renouveler. On peut cueillir une rose sur un rosier sans endommager la plante en soi ni enlaidir son aspect extérieur. On ne peut pas couper l’aile d’un oiseau ni la queue d’un chat sans les rendre informes et diminuer considérablement la qualité de leur vie. –A l’inverse, en raison de cette articulation a priori achevée en elle-même, un excès qui n’est pas dans son concept enlaidira l’aspect extérieur de l’animal. Le nombre et la position des membres de l’organisme animal sont exactement déterminés, car ils ont entre eux un interaction harmonieuse. Un membre de plus ou placé à un autre endroit que celui correspondant au concept, est donc en contradiction avec la figure fondamentale et la rend laide. Si par exemple un mouton naît avec huit pattes, ce doublement du nombre qui lui est nécessaire est une monstruosité et une laideur. »
De là, on peut suivre l’auteur et affirmer :
1) Que nos plantes, bien que constamment mutilées, peuvent être « objectivement » belles.
2) Qu’une multiplication des fleurs et des ramifications n’en affecte en rien la beauté.
Pour le membre surnuméraire, il est vrai que même dans un cas extrême - l’apparition d’un second pénis – le résultat, pour être amusant et plein de potentialités fantasmatiques, risquerait d’être relativement inesthétique.