Pas de Garance Reggae Festival cette année

par **Petitgris** » 29 Juin 2005, 10:54

http://www.garancereggaefestival.com/

Ken Boothe sera néanmoins le 03/07 au Cabaret Sauvage.

J'y serai aussi.

par **Petitgris** » 29 Juin 2005, 15:05

« In Jamaica, we don’t like gay people », comme me le matraquait un jeune chauffeur de taxi.
C’est bien l’homophobie de certaines (voire la plupart des) stars du dancehall qui pose problème.
Si ma mémoire est bonne, je crois que la loi jamaïcaine elle-même interdit la sodomie (et donc, par hypothèse, l’homosexualité masculine). Même anathème (culturel) sur le cunnilingus, d’ailleurs (« I stop at 68 »)
Ce mouvement de boycott a commencé aux states et a contribué à freiner la carrière internationale de plus d’un chanteur. Ce qui fait qu’aujourd’hui, c’est plutôt Sean Paul qui fait des featuring auprès des groupes ricains alors que c’est (d’après moi et d’autres) loin d’être le plus doué. Mais voilà, Sean Paul ne sort pas du ghetto et il parle un anglais compréhensible en évitant les écueils homophobes.
Sizzla et Capleton ont d’ailleurs évité de foutre les pieds aux USA pendant plusieurs années à cause de ça.
Shabba ranks interrogé sur ce thème par une télé US avait répondu : « God created Adam and Eve, he didn’t create Adam and Steve ! ».
Capleton a effectivement eu une petite tribune dans Libé pour expliquer certains de ses lyrics mais je ne crois pas qu’il ait convaincu (ce n’est qu’une image, disait-il en substance).
Dans le même numéro (ou le suivant), Ken Boothe (une autre génération, un autre genre musical mais un jamaïcain tout de même) répétait qu’il n’avait rien contre les homosexuels et qu’ils étaient les bienvenus à ses concerts.
Qu’on se le dise …

par **Petitgris** » 30 Juin 2005, 16:19

Pour moi, les jamaïcains sont plutôt plus homophobes que les continentaux européens.
L’homosexualité n’était pas une thématique du reggae « roots » et je n’ai pas en tête des lyrics homophobes datant de cette période. Le ton était plutôt à la métaphore soft et hétérosexuelle : « please, don’t touch mi tomato ».
D’après un copain qui avait fait sa maîtrise sur l’histoire caribéenne, la place prépondérante qu’occupe le cul dans la culture jamaïcaine (plongez-vous dans le slackness des années 80 ou dans un bon vieux morceau de Mento) et antillaise en général, était due à l’esclavage : la sexualité du couple étant finalement la seule « liberté » qu’il leur restait pendant cette terrible et longue période. C’est une idée.
Quand on ajoute à cela une lecture assidue de la bible (où la sodomie est une « Abomination », rappelons-le) et un enseignement général plutôt déficient, l’équation devient plus évidente.
Ce qui est dingue, c’est que je ne connais pas sur terre un pays qui a développé autant de synonymes pour « homosexuel » : de batty man à Tchi tchi man, vous n’imaginez pas le nombre de termes jamaïcains pour cette inclinaison sexuelle décriée. Un psychanalyste pourrait se pencher sur la question…
Avant d’être un général, Haile Selassié est surtout un des descendants supposés de la reine de Sabbat et du roi Salomon (Gainsbourg dira le croire « sur parole »), ce qui démultiplie tout de même son capital symbolique.
Cette incarnation venant, rappelons-le, d’une prophétie de Marcus Garvey qui avait indiqué : « Regardez vers l’Afrique où un roi noir sera couronné…le roi des rois, le Lion de Judah ».
Je te conseille de lire « le premier rasta » de Helen Lee mais il serait difficile de t’orienter vers un site bien précis tant les visions de Rastafari sont nombreuses. La base reste l’ancien testament (la tribu perdue d’Israel, ce serait eux) et certains bobo dreads (le mouvement qui monte : les rastas à turban) se comportent comme de vrais intégristes alors que d’autres font preuve d’une ouverture d’esprit et d’une sagesse surprenante…
Tout cela ne m’a pas empêché (et je condamne comme toi toute forme d’homophobie) d’être fasciné par l’identité culturelle de cette petite île.