On les surnomme les « cannabiculteurs ».

par **aligator427** » 23 Sep 2004, 08:13

Ils étaient pas si blindés que ça les chasseurs alors... heureusement que la France peut compter sur le civisme de ces braves gens-là.
Ce qui me turlupine, par contre, c'est pourquoi ordonner la destruction des pieds si ce n'était que du foin ? Quand aux gendarmes, apparement ils ont eu une solide formation en matière de cannabiculture. C'est peut-être pour résister aux UV qu'ils sont vêtus de bleu marine ?
Ce qui est triste dans cet article c'est qu'on jette une fois de plus le discrédit sur la culture en extérieur - le gars n'aurait pas senti grand chose lol - alors que c'est écologique, durable. Et on met en valeur les cultures d'intérieur high-tech par effet de contraste. Le message subliminal de cet article, c'est pour un gars qui se taterait "cours au grow-shop et fais le plein de matos, d'engrais, y'a que comme ça qu'on peut produire de la beuh qui défonce". C'est écoeurant.

par **aligator427** » 24 Sep 2004, 08:48

Personnellement je n'ai rien contre la chasse comme concept (je trouve même que c'est un moyen responsable d'assurer notre alimentation carnée sans déléguer tout le sale boulot - tuerie, éviscération, écorchage, découpe... - ) mais hélas force est de constater qu'aujourd'hui le gros des rangs des chasseurs est constitué de beaufs avinés, avec un sens très limité de l'écologie. L'exemple des cartouches vides abandonnées en pleine nature est parlant, mais il y a aussi les tonnes de plomb (ce métal lourd responsable du saturnisme là) balancées chaque année dans la nature... Et puis ce comportement désagréable envers les autres usagers de la forêt (poussez-vous c'est dangereux vous n'avez pas vu les panneaux "battue au sanglier"). Un million de chasseurs qui imposent leur loi à 59 millions non-chasseurs. Non ce n'est pas la chasse de mes rêves, on est bien loin de ce bon chasseur-cueilleur du paléolithique qui ne prélevait dans son environnement que le nécessaire à ses besoins, sans mettre en péril les équilibres naturels.
Les dégâts de gibier ? Les chasseurs en sont en grande partie responsable, on est typiquement dans la configuration du pompier incendiaire là. Exemple, les pullulations de sangliers et les destructions massives de champs de maïs... le chasseur se pose comme le "régulateur" : mais faudrait pas oublier que des sociétés de chasse ont introduit les sangliers dans des zones où ils étaient auparavant absents, et ont même boosté la prolificité des laies en pratiquant "l'agrainage" qui consiste à nourrir les sangliers en hiver avec... du maïs. Les lapins... beh on a zigouillé tous leurs prédateurs naturels, à commencer par le renard.

par **aligator427** » 24 Sep 2004, 14:21

Bah Cyse tu n'es pas loin de la vérité. Un cochon en élevage industriel (c'est à dire celui que vous trouvez en supermarché toutes marques confondues) fait 100 kg à 100 jours ! A ces vitesses de croissances, autant dire que tout est "optimisé" et qu'il a même droit, comme un sportif de haut niveau, à son cocktail de vitamines, hormones et antibiotiques, baptisés pour les besoins du politiquement correct "facteurs de croissance".
Enfin pour ceux qui ont des vélléité de régime végétarien, je leur rapellerai que nous sommes munis de deux CANINES, dont la fonction est de déchirer la viande. De là à en manger trois fois par jour, il y a sans doute un gros pas. Cela dit, Jean Malaurie dans les années soixantes lors de son expérience avec les inuits - société éminemment traditionnelle et super pacifique, du moins à l'époque - rapporte des consommations de viande de l'ordre de 3 kg/personne/jour. (Cf. les derniers rois de Thulé).

par **aligator427** » 06 Oct 2004, 06:29

Oué pas d'accord sur ton jugement catégorique Kerala : je comprends que tuer un animal suscite chez toi un dégoût profond, mais de là à assimiler les gens qui ont le goût de ça à des dérangés mentaux, il y a une entorse à la logique. L'attente, la traque, la tuerie provoquent des émotions profondes héritées peut-être de l'âge de pierre. Goût ou dégoût ne sont que des interprétations culturelles de ces émotions. Oui il y a une dimension émotive dans le fait de chasser, et c'est un plaisir pour une catégorie d'humains. Mais pour l'étape suivante, manger, c'est pareil : on ne se nourrit pas par pure nécessité, mais par plaisir aussi, sinon de simples gelules ou d'infâmes mixtures protéinées suffiraient à couvrir nos besoins journaliers. De plus, cette dimension plaisir de la chasse n'est pas l'appanage des êtres humains. Tous ceux qui ont des chats ont pu observer que ces félins trouvent dans la chasse un plaisir qu'on pourrait qualifier de sadique par anthropomorphisme. Les chats seraient-ils tous névrosés ?

par **aligator427** » 06 Oct 2004, 07:36

Lol Actaon c'est la première fois que je l'entends celle-là ! Si le chat tue "par amusement" comme tu le dis, c'est loin d'être le seul félin à faire ça (tu as entendu parler des lynx peut-être - on ne peut pas les soupçonner d'avoir été contaminés par domestication eux - qui font parfois des hécatombes dans les troupeaux de moutons). L'explication c'est que l'instinct de chasse est distinct des mécanismes de satiété : comme certains boivent sans soif, le chat chasse sans avoir faim. Et pourquoi il ne tue pas sa proie du premier coup "sans souffrance" mais joue-il avec elle parfois cruellement ? Et bien les éthologistes (ceux qui étudient les comportement des animaux) proposent différentes explications :
- le chat améliorerait sa technique en jouant avec sa proie (une sorte de formation continue quoi...)
- ça serait un vestige d'une époque où le chat pouvait rencontrer des proies assez balèzes, parfois trop pour lui, et donc ces tergiversations seraient le résultat d'un conflit intérieur entre l'envie de fuite et celle de tuer.

par **aligator427** » 06 Oct 2004, 11:04

Kerala je pense pas que mon argument soit débile : bien-sûr l'homme est un peu "à part" à cause de son gros cerveau et de ce qu'on appelle la conscience, mais c'est aussi un animal, avec des instincts, réflexes animaux, atavismes... vestiges d'une vie plus frustre. Le réflexe de préhension chez le nourisson par exemple, ou l'instinct de survie qui peut ressurgir dans des situations extrêmes... ou encore le phénomène de jalousie qui serait un vestige de l'instinct de reproduction. Pourquoi le désir de chasser ne subsiterait pas dans une partie de la population, comme une survivance de l'époque où chasser était indispensable ? Pour avoir fréquenté de près des chasseurs je peux te dire que chez certains c'est une véritable passion au sens physique du terme, avec symptômes et tout (insomnies, démangeaisons...). Je ne crois pas que l'internement ou la médication soit vraiment la bonne solution (en plus la Sécu n'a pas besoin de ça).
Et puis je serais curieux de connaître ta position sur la pêche... Est-ce que ta commisération pour les animaux s'arrête aux mammifères ? Que penses-tu d'un bon homard au vin jaune ?

Quand au goût du sanglier... on peut interroger des vieux à n'importe quel sujet, tout était mieux avant si on les écoute : les fruits et les légumes avaient plus de goût, la viande était plus juteuse... à ce demander si ça ne vient pas d'une dégradation de leurs papilles.

par **aligator427** » 06 Oct 2004, 13:48

Arf Kerala tu carricatures à fond. Déjà il existe plusieurs types de chasse comme l'a expliqué Actaon, et pour ma part ma préférence va au pirsch, dont le but ultime est un quasi corps à corps avec l'animal. Ce qui requiert de connaître à fond ses habitudes, énormément de patience et d'habileté pour la phase d'approche, et aussi d'exposer sa vie car ça se fait à l'époque du rut et les cerfs mâles sont particulièrement dangereux à cette période de l'année. On est bien loin de la battue des soudards du village - qui provoque parfois comme dommage collatéral des accidents de voiture car les bêtes acculées empruntent parfois le réseau routier dans leur fuite.
Pour la pêche je me suis mal exprimé, je parlais du plaisir de taquiner le gardon, la tanche ou la truite. Pas de la pêche professionnelle.

par **aligator427** » 08 Oct 2004, 16:30

Manger de la viande et refuser de considérer qu'à un moment ou à un autre il faut tuer l'animal, ça s'apparente à de la schyzophrénie. Je n'irai pas jusqu'à dire que ça mérite l'asile. Je pense que même chez le chasseur le plus viandard il y a une part de dégoût dans l'acte de tuer, mais que la part de plaisir l'emporte. Chez toi Che Bleu cette part de dégoût est telle qu'elle t'empêche non seulement de tuer, mais encore d'envisager que cela puisse être source de plaisir chez d'autres êtres humains. C'est une histoire de poids relatif quoi.
Que mort et plaisir soit intimement mêlés, ça n'est en effet surprenant qu'en apparence : les philosophes ont décrit ces rapports complexes entre eros et thanatos, deux facettes complémentaire de la vie. Tuer un animal sauvage, ça renvoit à tout un symbolisme (l'opposition sauvage/cultivé forêts/zones anthropisées nature/culture etc...) dont les protagonistes ne sont pas forcément conscients. Je renvoie ceux que ce sujet intéresse à la lecture de l'excellent ouvrage de l'ethnologue Bertrand Hell "Le Sang Noir. Chasse et mythe du Sauvage en Europe" qui a été édité en poche récemment. (fiche de lecture)