Sauvée!
Amina Lawal condamnée à la lapidation gagne en appel --par Todd Pitman--
AP | 25.09.03 | 17:41
KATSINA, Nigeria (AP) -- La Nigériane Amina Lawal échappe à la lapidation. Condamnée en première instance pour adultère, Amina Lawal a été acquittée jeudi par la cour d'appel après plus d'une année de procédure qui a mobilisé le monde entier.
Quatre des cinq juges se sont prononcés en faveur de l'annulation de la peine capitale prononcée en mars 2002. Amina Lawal était censée mourir par lapidation. Les juges ont évoqué des erreurs de procédure, ainsi que le fait que cette mère célibataire n'avait pas eu «la possibilité suffisante de se défendre».
Ce procès avait suscité de vives protestations d'associations de défense des droits de l'homme et d'organisations féministes dans le monde. L'avocate de Mme Lawal, Me Hauwa Ibrahim, a salué cette décision: «C'est une victoire pour le droit, c'est une victoire pour la justice et c'est une victoire pour ce pour quoi nous militons: la dignité et les droits fondamentaux de l'homme», a-t-elle déclaré.
Si la condamnation avait été confirmée en appel, la jeune femme de 32 ans aurait été la première femme à être lapidée depuis que les douze Etats du nord du pays ont adopté, en 1999, la charia - la loi islamique - pour la justice pénale.
Dans leur décision, les juges ont expliqué qu'Amina Lawal n'avait pas été prise en flagrant délit et qu'elle n'avait pas disposé de suffisamment de temps pour comprendre les charges retenues contre elle. Ils ont également déploré des erreurs de procédure, notamment le fait qu'un seul juge ait été présent lors de la première condamnation au lieu de trois comme le requiert la loi islamique.
Le juge Ibrahim Mai-Unguwa, qui a lu le verdict, a déclaré que le tribunal acceptait l'appel d'Amina Lawal et qu'elle était libre. L'accusation a accepté le verdict, tout en disposant de 30 jours pour faire appel.
Cependant le juge dissident Sule Sada, le seul à voter contre, a estimé que la jeune femme ayant avoué, la condamnation aurait dû être maintenue.
Amina Lawal avait été reconnue coupable de rapports sexuels hors mariage après la naissance de sa fille, la petite Wasila. Le père présumé de l'enfant, Yahaya Mohammed, avait démenti toute responsabilité et été acquitté. Elle avait raconté qu'il lui avait promis de l'épouser. Celui-ci n'avait pas été poursuivi pour manques de preuves.
Cette condamnation avait soulevé un tollé international des associations de défense des droits de l'homme. Le président nigérian Olusegun Obasanjo - un chrétien - avait souhaité qu'Amina Lawal soit épargnée. La semaine dernière, le Brésil lui avait même offert l'asile.
Il était cependant fort peu probable que la sentence - selon laquelle la mère de famille aurait été enterrée jusqu'au cou pour être lapidée - serait appliquée.
«Nous pensons que la peine de mort pour adultère est contraire à la Constitution nigériane», a souligné François Cantier, un des membres d'Avocats sans Frontières, une association qui a conseillé la défense. «La mort par lapidation est contraire aux traités internationaux contre la torture que le Nigeria a ratifiés». De plus, «la lapidation constitue un traitement dégradant pour l'homme», a-t-il ajouté.
Un point de vue partagé par Amnesty International qui, tout en se réjouissant de la décision du tribunal, souligne que «le cas d'Amina Lawal n'aurait pas dû aller devant la justice. Personne ne devrait jamais subir une telle épreuve». AP