Ce que je dis à mes enfants

[daniel]

Pubdate: 26/10/06
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Ils fument ou ont pris parti pour la dépénalisation
Ce que je dis à mes enfants
Thierry Ardisson, animateur
« Mon fils qui a 10 ans est persuadé que si je ne
fumais pas du cannabis je serais président de la
République aujourd'hui ! Il associe le fait de
fumer des joints à l'échec. C'est limite s'il ne
me prend pas pour un raté [rires]. Pour mes deux
filles aussi (15 et 17 ans), c'est un truc
ringard. Un peu comme quand, ado, je voyais des
vieux vider des gnoles. D'ailleurs aujourd'hui je
ne bois jamais d'alcool. Avec mes enfants, je ne
fais pas l'apologie du pétard. Je leur explique
que fumer du cannabis, ça rend plutôt idiot et
parano. Et que boire du whisky, ce n'est pas
terrible non plus. Je ne sais pas si mes filles
fument sans me le dire, je n'ai pas une attitude
trop autoritaire par rapport à tout ça. Mais je
sais qu'elles ne voient pas le joint comme un
truc hyper-transgressif. Pour nous, les
baby-boomers, c'était une révolution, un interdit
énorme. On a été des pionniers, la première
génération «au front». Les Beatles partaient en
Inde, il y avait tout un contexte. Aujourd'hui le
pétard, ce n'est pas conseillé mais ce n'est pas
un drame. Mes enfants font partie d'une
génération qui a une approche dépassionnée du
cannabis. »


Noël Mamère, député Verts de Gironde
« Comme tous les jeunes de sa génération, mon
fils de 23 ans fume des joints de temps en temps.
Pour ma part, je n'ai jamais fumé de cannabis. Et
j'ai arrêté la cigarette et les apéritifs en
1992. Quand mon fils était ado, je lui disais :
«Je ne suis pas dans l'éducation de l'interdit.
Mais le joint, comme la cigarette et l'alcool,
peut provoquer des dégâts sur la santé.» Il sait
que cela peut entraîner une baisse d'attention
dans le travail et il connaît les risques
d'accoutumance. Mais il ne faut pas dramatiser :
le hasch provoque moins de dégâts que la
cigarette ou l'alcool. En France, on baigne dans
une totale hypocrisie : la droite diabolise le
cannabis mais elle ne fait rien pour enrayer la
consommation des prémix, ces boissons alcoolisées
très sucrées spécialement conçues pour les
jeunes. Pendant la présidentielle de 2002, j'ai
été le seul à demander la légalisation contrôlée
de la consommation mais aussi de la fabrication
du cannabis, ce qui permettrait d'éviter
l'introduction de substances très nocives dans
les joints.
J'ai envie de dire aux parents : informez-vous,
informez vos enfants. Un jeune qui fume du
cannabis n'est pas forcément mal dans sa peau.
Mais il ne faut pas non plus sombrer dans
l'angélisme : dire que fumer, ce n'est rien, que
l'on peut fumer tant qu'on veut. Non, c'est faux.
»

Yannick Noah, chanteur
«Je suis l'ambassadeur des pétards.» Dans un
documentaire diffusé en décembre 2005 sur France
2, Yannick Noah, 46 ans, s'est lui-même
attribué ce drôle de titre honorifique. Yannick
Noah n'a jamais caché son goût pour la fumette.
Dès 1981 (deux ans avant sa victoire en finale
à Roland-Garros), il le déclare publiquement. Un
beau tollé à l'époque. En 1986, dans l'émission
« Bas les masques », il revient sur le sujet :
«Mes enfants ont 7 et 8 ans, et ce n'est pas
encore le problème, mais ça passe vite. A 12,
13 ans, il y aura à l'école un garçon ou une
fille qui va leur proposer de fumer. Je ne veux
pas qu'ils découvrent ça par accident. On en
parlera avant.» Une formule qui semble avoir
plutôt fonctionné avec Joachim. En avril
dernier, le fils aîné de Noah a été élu meilleur
joueur de la finale de basket universitaire
américain.


Claire Fleury, Stéphane Arteta
Le Nouvel Observateur



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