Le joint qui lasse

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Le joint qui lasse

Messagepar daniel » 20 Juin 2006, 06:54

http://www.liberation.fr/page.php?Article=391237
Portrait
Maurice Barat, 52 ans, chauffeur de taxi à la retraite, ce Savoyard signataire de l'Appel du 18 joint 1976 a laissé tomber le cannabis, mais pas ses convictions.
Le joint qui lasse
par Matthieu ECOIFFIER
QUOTIDIEN : lundi 19 juin 2006


Momo le taxi a arrêté la fumette. Il l'avoue presque comme un péché. Maurice Barat a longtemps officié en Savoie comme «docteur ès cannabis» pour ses adeptes. Alors il ne voudrait pas passer pour un baba traître en pleine célébration des 30 ans de l'Appel du 18 joint. Mais c'est un fait : il ne grille plus que des Gitanes. «J'ai eu cette prise de conscience. Le shit, qui avait été mon moteur, qui me donnait envie de voler, me scotchait. Je n'avais plus de peps», raconte-t-il au volant de sa Renault Espace, à la sortie d'Annecy.
Dates
Maurice Barat en 6 dates
1953
Naissance à Annecy.
1970
S'engage dans le 93e régiment d'artillerie de Grenoble.
1976
Diplôme de géomètre. Signe l'Appel du 18 joint.
1982
Naissance de son fils, Mickaël.
1993
Licence de taxi.
2004
Derniers joints.A l'approche de la cinquantaine, Momo n'avait plus «le joint gai», mais le chichon ronchon. Sur la route escarpée du col de Leschaux, dont il enfile les lacets prestement, il tient à préciser qu'il n'a pas arrêté à cause des dangers de la conduite sous influence. D'ailleurs il a revendu sa licence professionnelle l'année dernière, ce qui lui permet de témoigner à visage découvert. «Je faisais entre 60 000 et 80 000 kilomètres par an, avec six à sept joints par jour bien fournis. Je n'ai jamais zigzagué, mordu le bas côté ou eu de problème relationnel avec des clients. Et j'ai le bonus au taquet», assure-t-il. Sur sa voiture, aucune trace d'éraflure. Au sommet du col, une voie romaine pierreuse conduit à Bellevue, la grange de son grand-père perchée à 820 mètres d'altitude, où il habite.
Est-ce l'air vif, la chlorophylle en plein déchaînement photosynthétique ? Il faut se rendre à l'évidence : à 52 ans, après avoir fumé plus de 80 000 joints, «découvert la lune sous acide» et eu «un passage dans les drogues dures», Momo a une mine magnifique, bronzée, à peine marquée par les rides du sourire. Aucune inertie neuronale suspecte derrière son regard franc et lucide. Et pas un cheveu blanc. Rien à voir avec le teint cireux et livide de Jean-Pierre Galland, son compagnon de jeunesse cannabique. «Je savais qu'il avait plus ou moins freiné, comme beaucoup en vieillissant... enfin ça prouve qu'on peut arrêter quand on veut, réagit, pincé, Galland le patriarche dépénalisateur. Il a meilleure mine que moi parce qu'il a une vie moins stressante ! A Paris, on était des babas cool, on est devenu des babas speed. Même si on écoute toujours Hendrix.»
Momo voulait continuer à jouer de la gratte. «Je perdais la mémoire instantanée, je n'arrivais plus à apprendre un morceau.» Depuis qu'il est sobre, Momo «voit les gros défauts» de ses potes musicos d'Annecy : «L'un d'eux retape sa maison depuis douze ans et monte toujours à l'étage avec une échelle !» Lui a réhabilité la sienne en deux ans, à la truelle. Ce chantier a fait office de cure de désintoxication maison. «Je suis tombé dans le panneau d'un usage dur des drogues douces», reconnaît-il.
Momo n'est pas du genre à enfumer la réalité. Moins baba, il est resté cool. Il n'habite pas avec Brigitte, son «amour» depuis vingt-cinq ans, magasinière dans la vallée. Dans sa cuisine intégrée et cérusée, il coupe une gousse d'ail en cent et met une bonne heure à préparer une omelette. «A la longue, le shit tue la créativité. Que ce soit démotivant, je n'ose pas le répéter, ils vont dire que j'ai retourné ma veste.»
Maurice milite toujours «pour la légalisation mais contre toute publicité» : «Je n'ai jamais fait de prosélytisme, c'est une démarche intime.» Il n'est pas du genre nostalgique à se repasser le même disque. En ce moment, il écoute l'Orchidée d'Hawaï, «un groupe de surf music». A l'étage, il conserve dans un placard vitré les souvenirs de ce qu'il appelle, mystérieux, ses «voyages cannabiques». «Tu connais le machin : le moulin à chanvre indien ?» rigole-t-il. Il sort aussi un cône en argile avec feuille d'herbe fossilisée. «Je me suis toujours dressé contre les vies réglées.» Quand il s'est rendu compte que la sienne ne l'était plus que par les joints, il s'est mis au vert. Maurice tient de ses parents son anticonformisme. Son père, maçon devenu prof dans un lycée technique, et sa mère, assistante sociale, ont grandi sur les versants opposés du massif. «D'un milieu paysan, ils lisaient Charlie Hebdo en cachette, et m'ont fait voyager sac à dos en Grèce et en Yougoslavie dans les années 60.»
En 1970, quand Momo plante le lycée et s'enrôle dans l'armée à 17 ans, son père «pourtant antimilitariste» l'accompagne à Grenoble. Au régiment d'artillerie, il comprend vite qu'il a fait une «connerie». Un appelé communiste de Sucy-en-Brie l'initie à la Fête de l'Huma, à l'entraide, au shit et à l'acide. «D'entrée, si j'avais envie d'halluciner ou de déformer, je maîtrisais. J'ai appris à en tirer la quintessence.» Le voilà vite convoqué chez le colonel : «J'ai connu l'opium en Indochine, tu devrais arrêter.» L'armée préfère écourter son contrat. Momo monte en région parisienne suivre une formation de géomètre. «A l'époque le shit arrivait dans les selles de chameau, les barrettes étaient conséquentes. Ah, ce goût qu'il avait ! Après, il y a eu l'arrivée des savonnettes», grimace-t-il. Au milieu des années 70, la fumette est communautaire, avant-gardiste. Le jeune savoyard découvre un milieu intello parisien «haut en couleur» : «Venant d'ici, j'étais là-haut.» L'époque est «au sexe sans fioritures» : «Je m'y suis vite fait.» Il se souvient des virées en Rolls jaune avec un gars en rangers de couleur. «Qui était-il ? Je ne sais pas, la seule raison pour qu'on se fréquente, c'était la fumette.» Momo rencontre Galland. «Il avait cinq ans de plus que moi, une tête de Cheyenne, on a partagé un appartement, porte d'Italie.» Le 18 juin 1976, les deux compères fument «un afghan délicieux», dans l'estafette qui les prend en stop. «Le conducteur nous largue aux Buttes-Chaumont, lieu de rendez-vous des signataires de l'appel. J'aperçois un type comme dans Orange mécanique, avec chapeau et canne. Des jeunes femmes du MLF, une vieille qui tirait sur un pétard, des hurluberlus chevelus. Une radio libre. Mais on n'a vu personne de Libé. On s'est dit : c'est un canular, ils ont lancé un appel et ne sont pas venus. A l'époque on le lisait, parce qu'il y avait le cours du shit», raconte-t-il.
Avec sa réputation d'avoir «du bon», Momo «acquiert vite des galons». Il vit ces années de bohème en «smicard du shit», le revendant à faible marge. De retour en Savoie au début des années 80, il s'installe avec celle qui sera la mère de son fils unique, Mickaël, avant qu'ils se séparent. Et poursuit ses «voyages cannabiques». C'était il y a plus de vingt-cinq ans, il y a prescription, il finit par raconter : la famille de paysans marocains, la résine planquée dans la voiture, le chien à moustache du douanier d'Algésiras. «C'était toujours moi qui préparais ma voiture, j'étais sûr de moi.» Méticuleux, il jetait les fringues imprégnées avant de partir. Il ne s'est jamais fait prendre. Momo alternera ensuite les boulots avant de trouver sa voie comme taxi. «J'avais l'impression de conduire dix fois mieux défoncé. Des jeunes m'ont dit qu'ils ne pouvaient pas. Moi je ne voyais pas où était le danger.» Depuis, il le voit pour les autres. Il a amené son fils en voyage dans l'Atlas pour lui montrer d'où vient le shit qu'il grille un peu trop. «Les chiens ne font pas des chats, mais ça l'a fait évoluer.» Et surtout Momo mesure sa chance. «Quand j'étais gamin, je me disais, j'en ferai pas ma vie. Ça en a fait une grande partie», reconnaît-il.
photo RAPHAËL DAUTIGNY





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Le joint qui lasse

Messagepar Anonymous » 21 Jan 2013, 04:06

comme dirais un ami garagiste:vaut mieux les fumer par la bouche car.....

....le joint de cul lasse



ok je sort :oops:
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