Drogues & Cerveau

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Drogues & Cerveau

Messagepar daniel » 14 Nov 2005, 20:50

Date : 4/11/05
Source : Nova Planet
Site : http://www.novaplanet.com/
URL :
http://www.novaplanet.com/cyber-hardcor ... rveau.html


Drogues & Cerveau

JP Lentin - 04.11.05

Pourquoi l'étude du cannabis est en train de révolutionner la science du
cerveau.

« On connaît le Cannabis sativa depuis toujours. Différents peuples ont
utilisé des dérivés du cannabis pour différentes choses : dans des buts
récréatifs mais aussi médicinaux. Mais par quels mécanismes le cannabis
agit-il ? C'est quelque chose qu'on sait depuis très peu de temps »,
raconte Rafael Maldonado, l'un de ses plus grands spécialistes, directeur
de recherche à l'Université Pompeu Fabra de Barcelone.

Ce n'est qu'à la toute fin des années 1980 que les récepteurs au cannabis
sont identifiés dans le cerveau. Exactement comme dans le cas des
récepteurs aux opiacés, leur présence implique que notre corps sécrète son
propre cannabis et qu'il existe en nous un système cannabinoïde.

« Le système cannabinoïde possèdent certaines caractéristiques très
particulières qui font de lui un système unique », s'émerveille Rafael
Maldonado. À grands renforts de gesticulations et de mimiques, il raconte
le cerveau comme il lirait une histoire de dragons à des enfants. « Pour
avoir une idée de l'importance de ce système cannabinoïde endogène, je
crois qu'il faut tout d'abord remarquer que la quantité de récepteurs
cannabinoïdes est beaucoup plus importante que la quantité de récepteurs de
n'importe quel autre neurotransmetteur classique. » La dopamine ou la
sérotonine ont beau jouer des rôles majeurs dans le fonctionnement du
cerveau, le nombre de récepteurs cannabinoïdes est de loin bien supérieur.
« Et s'il y a une concentration si importante, c'est parce que le système
cannabinoïde joue un rôle très important dans le contrôle de plusieurs
réponses de notre cerveau. »

Il existe deux formes de récepteurs aux cannabinoïdes : les CB1 et les CB2.
On en trouve un certain nombre en dehors du cerveau. Les CB2 sont
essentiellement localisés dans certains globules blancs et certains CB1 ont
élu domicile dans l'intestin, la région génitale et des cellules sanguines.
Mais c'est surtout dans le cerveau que les CB1 se répartissent. D'abord au
niveau du cerveau limbique : dans le noyau accumbens, l'hippocampe,
l'hypothalamus, les ganglions de la base ou encore l'amygdale. Puis dans de
grosses structures comme le cervelet, le tronc cérébral, et le cortex.

« Ce qui est frappant avec les récepteurs cannabinoïdes, c'est qu'ils sont
présents dans certaines zones à une si haute densité que c'était à peine
concevable pour ceux qui les ont observés pour la première fois !»
Professeur de Pharmacologie à l'Université de Californie-Irvine, Daniele
Piomelli a rapporté d'un séjour à l'INSERM un français impeccable et un
joli panneau anatomique du pancréas qui occupe un mur de son bureau. « Il
est clair que le système cannabinoïde assure une fonction majeure dans le
cerveau. Une fonction qu'on ne pouvait même pas soupçonner il y a encore
cinq ans », ajoute-t-il, fasciné.

Pendant longtemps, il faut dire, les scientifiques ont cherché à côté de la
plaque. Ils pensaient que notre cannabis naturel se manifestait sous la
forme d'une molécule de type neurotransmetteur classique. Mais le
portrait-robot n'était pas bon. Les endocannabinoïdes ont une apparence
inattendue : ce sont de petites chaînes de lipides, c'est-à-dire de
graisses. En 1992, des chercheurs identifient enfin le premier
endocannabinoïde, baptisé anandamide, du mot ananda qui signifie félicité
en sanskrit; il y en a, dans les labos, qui ne manquent pas d'humour. On
répertorie désormais cinq endocannabinoïdes : trois sont apparentés à
l'anandamide, les deux autres sont le 2-arachidonoyl glycérol (2-AG), et le
2-AG éther. Précisons que la liste semble encore incomplète - Daniele
Piomelli estime qu'il en existe une dizaine au total, ainsi que deux autres
types de récepteurs - et cela donne une bonne idée de la terra incognita
sur laquelle vient d'accoster la recherche.


Fleur de marijuana au microscope électronique

Comparé à celui des autres neurotransmetteurs, le mode de vie des
endocannabinoïdes est très particulier. D'abord, dans la synapse, nous
avons pris l'habitude de voir le premier neurone transmettre son
information au second. Ensuite, les neurotransmetteurs classiques
patientent à l'intérieur de leurs vésicules de stockage dans le premier
neurone. Ce n'est pas du tout ce qui se passe avec les endocannabinoïdes
qui n'existent pas vraiment en tant que tels. Quand un signal parvient au
second neurone, ils se fabriquent eux-mêmes en utilisant la substance de la
membrane du neurone, des lipides. Un peu à la manière d'une soupe-minute
lyophilisée. Directement libérés dans la synapse, ils ont la capacité de se
promener et de s'imbriquer dans leurs récepteursS sur le premier neurone,
ou sur leur neurone d'origine ou même ailleurs, si cela leur chante. Par
cette action, ils stimulent la libération d'autres neurotransmetteurs, mais
nous y reviendrons plus tard.

Les effets des drogues venant de l'extérieur et les effets des drogues de
l'intérieur sont incomparables. Les endocannabinoïdes sont libérés à
petites doses dans des endroits bien circonscrits, et rapidement éliminés.
Le THC (tétrahydrocannabinal, principe actif du cannabis), lui, envahit
l'ensemble du cerveau. « Quand on fume un pétard, la seule chose qu'on
fait, c'est mimer les effets des cannabinoïdes endogènes. Le THC va activer
les mêmes récepteurs que les cannabinoïdes », expose Rafael Maldonado.

À la tête de ses superpouvoirs démultipliés par la drogue, le système
cannabinoïde endogène tout entier s'active. Ce système régule la douleur :
un pétard endort la douleur. Il contrôle l'activité motrice : le cannabis
ralentit les mouvements et provoque une somnolence. Il gère l'appétit : le
cannabis entraîne de méchantes razzias dans les placards. Il régit la
mémoire : le cannabis provoque des trous de mémoire. Il agit sur la gestion
des émotions : le cannabis chasse les angoisses ou, à hautes doses, les
intensifie. Et enfin, comme toutes les drogues, le cannabis stimule le
circuit de la récompense et rend euphorique.

Des effets dont l'intensité est sans commune mesure avec celle de la
cocaïne. Et parce que se sentir le maître du monde a des conséquences
nettement plus graves que bâfrer deux plaquettes de chocolat en gloussant,
le cannabis a gagné l'appellation de "drogue douce". « Il y a un effet
psychotrope qui existe, mais qui n'est pas dramatique non plus, affirme le
neuropharmacologue Jean-Pol Tassin. Donc il peut y avoir des défenseurs du
cannabis, tout comme il peut y avoir des attaquants du cannabis. C'est un
sujet parfait pour s'engueuler. Vous pouvez être des deux côtés, et les
deux côtés ont pratiquement toujours un peu raison. C'est cela qui est
difficile : arriver à trouver une ligne médiane. »

Extrait de Drogues et cerveau, un livre de Stéphane Horel et Jean-Pierre
Lentin (Editions du Panama / Actuel), en vente dans toutes les fumeries, 19
euros.

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Re: Drogues & Cerveau

Messagepar Jeromagic » 21 Jan 2013, 03:59

Ca me fait penser à l'article de Sciences et Vie de ce mois-ci sur les cellules gliales. Ces cellules sont largement entremêlées avec les neurones et on découvre seulement maintenant (après les avoir reléguées au second plan pendant plus d'un siècle) qu'elles jouent un role (qu'on ne comprend pas encore bien) important dans l'activité du cerveau, parallèlement aux neurones.
Peut-être que le système cannabinoïde endogène agit sur ce "deuxième cerveau"?
Des recherches à suivre de près, en tous cas.
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