Viticulture: lobbying sans modération

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Viticulture: lobbying sans modération

Messagepar daniel » 21 Jan 2013, 03:59

Société

Viticulture: lobbying sans modération
La création d'un conseil consultatif risque de peser sur les campagnes de prévention.

Par Matthieu ECOIFFIER
lundi 31 octobre 2005





l y a la même quantité d'alcool dans un demi de bière, une coupe de champagne, un ballon de vin, un verre de pastis...» Cette campagne de l'Institut national de prévention et d'éducation à la santé (Inpes) rappelle qu'«au-delà des seuils recommandés, 3 verres par jour pour l'homme, 2 pour la femme, tous les alcools représentent le même danger». Le visuel, diffusé dans la presse ­ dont Libération ­ en octobre présente sur un même plan une farandole de verres desdits breuvages. Elle est restée en travers du gosier des viticulteurs et de certains députés, pour lesquels le vin y était «diabolisé», «amalgamé aux alcools forts».

D'où une idée de génie, qui a pris la forme d'un amendement : puisque les messages de santé publique sont contraires aux intérêts des viticulteurs, pourquoi ne pas s'arranger pour mieux les contrôler ? Par exemple, via un Conseil de la modération sur lequel les parlementaires des régions viticoles auraient la haute main ? Le dispositif a été adopté le 17 octobre à l'Assemblée nationale dans le cadre de la loi d'orientation agricole. Il doit être examiné au Sénat à partir de mercredi. Il court-circuite pourtant un décret du gouvernement du 4 octobre, en renforçant le poids des députés et sénateurs qui siègent au sein de cette instance aux côtés des représentants des ministères de l'Agriculture et de la Santé, des producteurs d'alcool, des filières vitivinicoles et des acteurs de santé publique.

«Pas un cep». «L'amendement a été voté à l'unanimité, même s'il n'y avait que quarante députés présents. Et avec l'avis favorable du gouvernement», explique Alain Suguenot (UMP, Beaune), un des promoteurs de ce texte. «La saisie du Conseil de la modération sera automatique pour tous les projets de campagne de communication publique», ajoute-t-il. Pour toutes les autres questions ­ projets de loi et de règlement ­ «se rapportant aux usages et aux risques liés à la consommation de boissons alcoolisées», le conseil pourra être consulté sur demande des ministres concernés ou d'un cinquième de ses membres. Pour Suguenot, qui est «avocat, ne possède pas un cep de vigne», il s'agit aussi d'obtenir «une parité dans la composition du futur conseil pour éviter les anathèmes des ayatollahs des deux camps : ceux qui disent qu'il n'y a pas d'alcool dans le vin. Et ceux qui disent que le vin est une drogue à interdire, alors que seul son abus est dangereux».

Certes, les avis du conseil ne seront que «consultatifs, poursuit Suguenot, mais en cas de contentieux devant la justice sur telle ou telle affiche ou publicité, les magistrats devront en tenir compte dans leur jugement». Pour Philippe-Armand Martin (UMP, Marne), député d'un département producteur de champagne, «cette instance permettra de modérer les campagnes de prévention parfois discriminatoires envers les producteurs de vin et de champagne». Il s'en est félicité lors du débat à l'Assemblée.

Chez les défenseurs de la santé publique, en revanche, on se dit «consterné» par ce «mauvais coup d'un quarteron de députés ultras de l'Association nationale des élus de la vigne et du vin». «Il s'agit d'une mise sous tutelle de l'Inpes, du ministère de la Santé et de la Caisse nationale d'assurance maladie, qui élaborent les campagnes», dénonce le Dr Alain Rigaud, président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et en addictologie (Anpaa), ajoutant : «La viticulture s'arrogeant le droit de contrôler la prévention contre l'alcool : c'est ubuesque et scandaleux !» Autre sujet d'inquiétude : cet amendement, voté dans le cadre d'une loi sur l'agriculture, donnera au ministère la haute main sur le décret qui définira la composition du conseil. «La parité ne sera pas assurée. Dans ces conditions, nous refuserons d'y siéger», poursuit Alain Rigaud. Interpellé la semaine dernière sur le sujet par le député PS Claude Evin, Xavier Bertrand, ministre de la Santé, a assuré qu'«il n'est pas question que les campagnes de prévention de l'alcoolisme soient coécrites avec qui que ce soit. Le Conseil de la modération est une instance consultative». Manière de botter en touche. «Tout dépendra du poids politique qu'on donnera aux avis du conseil», résume un expert de santé publique.

Bon bourgogne. Dans une lettre adressée à Matignon le 24 octobre, les organisations d'alcoologie et d'addictologie demandent au Premier ministre de «s'opposer» à l'adoption définitive de l'amendement. Une chose est sûre, Dominique de Villepin apprécie le bon bourgogne : «Je viens de déjeuner avec lui à Dijon. On a reparlé du Conseil de la modération, et il trouve ça très bien», révélait vendredi Suguenot à Libération.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=334944



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