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Les ravages du cannabis
Santé mentale
Publié: 12 mars 2005
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A Besançon, l’Union nationale des amis et familles de malades mentaux (Unafam) invite le professeur Jean Costentin pour parler de la psychotoxicité du cannabis et de ses méfaits sur la santé.
Le professeur Jean Costentin est directeur de l’unité de neuropsychopharmacologie du CNRS et directeur de l’unité de neurobiologie clinique du CHU Charles Nicolle de Rouen. Il sera à Besançon le 15 mars pour une conférence sur la psychotoxicité du cannabis dans le cadre de la semaine d’information sur la santé mentale. Il évoquera les dangers liés à l’usage de cette drogue, dite douce, dont le principe actif le THC est de plus en plus nocif et accroît la dépendance. Le THC agit également au niveau neurologique. Ses méfaits sont reconnus sur les capacités éducatives, sur l’anxiété, sur l’humeur. Il induit «un risque de décompensation d’une vulnérabilité à la schizophrénie».
«Attention aux discours de ceux qui disent que le cannabis n’est pas une drogue, c’est une contrevérité», lance Jean Mauvais, président de l’Unafam du Doubs. «On connaît des familles où les enfants sont détruits par l’usage du cannabis et n’ont plus la capacité de faire des études».
Cette conférence a donc pour but d’informer les parents sur les dangers liés à un usage régulier du cannabis. L’usage de la drogue s’inscrit dans le thème retenu au niveau national pour cette semaine de la santé mentale, à savoir la prévention.
Changer le regard
Au-delà, c’est l’occasion de faire connaissance avec l’Unafam dont le rôle primordial est d’accueillir et d’offrir un soutien aux familles de malades mentaux. «On informe, explique aux parents les maladies mentales, maladies peu courantes et dérangeantes car le comportement du malade est différent.» Des permanences, des réunions mensuelles, des groupes de paroles sont organisés. «On aide aussi les gens dans leurs démarches, dans leurs relations avec les médecins, et on leur fournit des informations sur les aides matérielles.»
Une centaine de familles adhèrent à l’Unafam Doubs, «mais nous sommes conscients que beaucoup de personnes sont dans ce cas». Il n’est en effet pas aisé de reconnaître et de parler de mala-dies mentales qui affectent un proche. La culpabilité, la honte, constituent des freins à la prise de parole. L’Unafam est là pour rompre l’isolement des familles, les écouter. Elle est là aussi pour changer le regard que l’on porte sur ces malades.
Enfin l’union se bat au quotidien pour améliorer la prise en charge des malades. Celle-ci a beaucoup changé depuis une vingtaine d’années. «Il y a eu beaucoup de suppressions de lits, il y a aussi moins de soignants, moins de médecins psychiatres», note Jean Mauvais. Ainsi à Novillars on estime à sept le nombre de psychiatres manquants. Sur le pays de Montbéliard les besoins sont encore plus cruciaux. «Aujourd’hui les gens sortent plus vite des hôpitaux, mais après il manque de structures intermédiaires», constate-t-il. C’est pourquoi l’Unafam demande la réalisation de structures d’accueil appropriées afin de garantir la continuité des soins. Elle demande aussi une garantie de ressources suffisantes, des logements ou hébergements accompagnés, des lieux d’accueil et d’accompagnement, une protection juridique quand elle s’avère nécessaire et la possibilité d’insérer par une activité.
F. M.