Une campagne tente de sensibiliser l'opinion aux risques du

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Une campagne tente de sensibiliser l'opinion aux risques du

Messagepar Anonymous » 21 Jan 2013, 03:54

Une campagne tente de sensibiliser l'opinion aux risques du cannabis

LE MONDE | 02.02.05 | 14h21

Cette drogue douce peut être source de difficultés scolaires, de troubles
de la mémoire et des capacités d'apprentissage, ainsi que de problèmes
relationnels et psychiatriques. Son expérimentation a doublé en dix ans
chez les jeunes de 17 ans, dont la moitié, aujourd'hui, a déjà fumé une
fois.

Six mois après la publication du plan quinquennal de lutte contre les
drogues illicites, le tabac et l'alcool (Le Monde du 30 juillet 2004), le
ministre de la santé, Philippe Douste-Blazy, devait présenter, mercredi 2
février, la "première campagne de sensibilisation sur les effets de la
consommation de cannabis". Une initiative qui répond, selon le ministre, à
deux préoccupations : "Faire prendre conscience des risques sanitaires liés
à la consommation de cannabis et répondre à la demande de prise en charge
des jeunes et de leur entourage." En France, selon l'Observatoire français
des drogues et de la toxicomanie (OFDT), la moitié des jeunes de 17 ans ont
déjà fumé du cannabis. Le nombre des consommateurs réguliers est évalué à
850 000, dont 450 000 usagers quotidiens.

Intitulée "Le cannabis est une réalité", la campagne est mise en place par
le ministère de la santé, la Mission interministérielle de lutte contre la
drogue et la toxicomanie (MILDT) et l'Institut national de prévention et
d'éducation pour la santé (Inpes). Ses promoteurs soulignent qu'il s'agit
de mettre en place "pour la première fois en Europe un plan global de
prévention de l'usage du cannabis". Président de la MILDT, Didier Jayle
explique qu'il s'agit de "changer l'image du cannabis". "Les
professionnels, dit-il, nous rapportent de plus en plus les problèmes
sanitaires dus au cannabis, notamment liés à une teneur plus élevée en
principe actif."

"NE PAS ÊTRE CULPABILISANT"

Le cannabis est la substance psychoactive illicite la plus expérimentée en
France. Le taux d'expérimentation chez les jeunes de 17 ans a doublé en dix
ans. La proportion de garçons âgés de 16 à 17 ans en ayant fumé plus de dix
fois dans l'année a triplé, passant de 7 % à 21 % entre 1993 et 2003. A 18
ans, 21 % des garçons en font un usage régulier (au moins dix fois au cours
des trente derniers jours). Le coût moyen est de 30 euros (de 20 à 50
euros) pour une barrette de 12 grammes - la consommation hebdomadaire
moyenne des usagers consultant au centre parisien Emergence, dans le 13e
arrondissement.

"La France est, avec la République tchèque et le Royaume-Uni, dans le
peloton de tête de la consommation de cannabis en Europe", déplore M.
Douste-Blazy. Le ministre de la santé a souhaité une campagne "la plus
objective possible": "Ne pas être culpabilisant, mais scientifique."
L'expertise collective réalisée par l'Institut national de la santé et de
la recherche médicale (Inserm) en 2001, actualisée en 2004, permet de
détailler les risques liés à la consommation de cannabis. Des commissions
parlementaires et l'Académie de médecine ont, elles aussi, apporté leur
pierre à l'édifice.

L'intoxication aiguë, ou "bad trip", prend la forme d'un malaise physique
et/ou psychologique, éventuellement accompagné de vomissements, voire d'une
perte de connaissance et d'une sensation d'angoisse. Aucun cas mortel,
cependant, n'a été décrit chez l'homme.

Si le cannabis entraîne moins de dépendance que le tabac, on estime
néanmoins à 10 % le taux de consommateurs dépendants. La consommation
régulière du produit est susceptible d'engendrer des troubles de la mémoire
et des capacités d'apprentissage, sources de difficultés scolaires, de
problèmes relationnels et psychiatriques.

Le professeur Michel Reynaud les résume dans son livre récent Cannabis et
Santé (Médecine-Sciences, Flammarion) : "Il s'agit d'une part d'un syndrome
amotivationnel (...) se traduisant par un désintérêt scolaire et social et
une déscolarisation ou une désocialisation progressive ; et, d'autre part,
des liens entre la consommation de cannabis et l'éclosion de troubles
psychotiques aigus ou chroniques, qui sont maintenant bien établis."

L'Inserm signale que "le risque de présenter des symptômes psychotiques est
supérieur lorsque l'on a consommé du cannabis au moment de l'adolescence".
Il ajoute : "Bien que n'étant ni nécessaire ni suffisant pour développer
une schizophrénie, le cannabis est un facteur causal de -cette maladie-." A
cela s'ajoutent des complications broncho-pulmonaires (bronchites, cancers
broncho-pulmonaires et ORL) et cardio-vasculaires.

DIMENSION SANITAIRE

La campagne est donc axée sur la dimension sanitaire. Son volet information
s'appuiera sur six films de 25 secondes diffusés à la télévision et huit
spots pour la radio : des témoignages authentiques de jeunes consommateurs,
interprétés par des comédiens, déclinent plusieurs thèmes : les pertes de
mémoire et les difficultés scolaires, le repli sur soi et la perte de
motivation, la dépendance et l'isolement, et, enfin, l'angoisse, le malaise
et le "bad trip", un sujet souvent tabou chez les usagers.

Ces spots sont complétés par une campagne de presse, destinée aux parents
et adultes, deux brochures d'information et un guide d'aide à l'arrêt.
L'ensemble mentionne la ligne "Ecoute cannabis": 0-811-91-20-20 (numéro
Azur).

L'autre grand volet était déjà prévu dans le plan quinquennal de la MILDT.
Il s'agit de la création dans chaque département de "centres de
consultation cannabis". "La demande de prise en charge est en augmentation
constante", déclare M. Douste-Blazy. 242 centres de consultation cannabis
ont été identifiés par les préfets, selon M. Jayle. La plupart du temps,
ces consultations sont situées dans des structures existantes, le plus
souvent spécialisées dans la prise en charge de toxicomanes ou
d'alcooliques.

Enfin, la réflexion se poursuit, dans les ministères concernés, notamment
sur les problèmes de sécurité routière liés au produit. Et sur les aspects
concernant l'économie souterraine et les sanctions pénales pour les
stupéfiants.

Paul Benkimoun

* ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 03.02.05




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