Républicain Lorrain du 28/11/2004
Drogue au volant
Fumer un joint ou prendre le volant, il faudra maintenant choisir. Conduire sous l'influence de stupéfiants tels le cannabis ou d'autres drogues illicites est désormais un délit. Les peines encourues s'alignent sur celles prévues pour l'alcool. Mais les tests de dépistage des stupéfiants sont encore compliqués à réaliser et coûteux. La loi pourra-t-elle être appliquée?
Face à l'hécatombe routière, le gouvernement a décidé d'agir. La conduite sous l'emprise de drogues et notamment de cannabis est désormais un délit, loi du J.O. n°29 du 4 février 2003: "Toute personne qui conduit un véhicule ou qui accompagne un élève conducteur, alors qu'il résulte d'une analyse sanguine qu'elle a fait usage de substances ou plantes classées comme stupéfiants, est punie de 2 ans de prison et de 4 500Eur d'amende>. Si la personne se trouvait également sous l'emprise de boissons alcoolisées, "les peines sont portées à 3 ans d'emprisonnement et 9 000Eur d'amende>. En outre, le contrevenant encourt une suspension de son permis de conduire "pour une durée de 3 ans au plus". Le refus de se soumettre à un dépistage sanguin est puni de 2 ans d'incarcération et de 4 500Eur d'amende. En cas de récidive, les sanctions sont doublées, le véhicule confisqué et le permis annulé. Le dépistage des stupéfiants sera systématique sur les conducteurs impliqués dans des accidents de circulation mortels ou corporels. La police pourra aussi ordonner un dépistage sur toute personne dès lors qu'il existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu'elle conduit après avoir fait usage de produits stupéfiants.
Une loi difficilement applicable
Le dépistage des stupéfiants n'est pas aussi simple que celui de l'alcool. Il implique actuellement une analyse d'urine puis, en cas de résultat positif, une prise de sang. La première révèle la présence de stupéfiants mais pour une consommation qui peut être ancienne, la seconde permet, elle, de repérer les consommations récentes. Bien sûr, ces examens ne peuvent pas se faire sur le bord de la route et nécessitent donc un accompagnement dans un centre médical. Le coût d'un test est en moyenne de 300Eur. Cette loi ne pourra donc être appliquée que si elle est accompagnée de moyens humains et financiers supplémentaires.
Autre point noir: les médicaments
Reste maintenant au gouvernement à s'attaquer à la conduite sous l'emprise des psychotropes (tranquillisants, antidépresseurs, neuroleptiques...): ces médicaments provoquent une somnolence, des troubles de la vigilance et une diminution des réflexes. Et les Français en sont les plus gros consommateurs d'Europe.
Emmanuelle BILLON-BERNHEIM Essentiel Santé - Préviade-Mutuouest
Paru le : 2004-11-28 00:00:00 (Magazine / 7hebdo