http://www.liberation.fr/page.php?Article=252868
Les Pays-Bas, mon exil idéal
mercredi 10 novembre 2004 (Liberation - 06:00)
Pour mon dernier voyage de l'année, j'ai amené mon camping-car aux Pays-Bas. Quand ils ont réclamé leur petit pays à la mer, les Hollandais ont eu la bonne idée de ne pas y fabriquer de collines, avec pour résultat le fait qu'on trouve, là-bas, autant de vélos en circulation que de voitures. En ville, on respire ! Sauvé in extremis de l'oubli par un petit garçon qui a mis son doigt où il fallait au bon moment, ce plat pays, maintenant, voue un culte à la jeunesse. Je m'attendais à des sabots et des tulipes, mais j'ai été accueilli par des minijupes et de la marijuana (350 coffee-shops recensés à Amsterdam !). La France pointe le doigt et réclame que les Hollandais cessent de «corrompre la jeunesse», mais ce pays compte le nombre le plus faible d'utilisateurs de drogues dures par tête d'habitant, comparé aux autres pays de l'Union ; les détraqués sexuels vont voir les prostituées ayant pignon sur rue avant de passer à l'acte et, en fin de vie, la mort est médicalement assistée si tel est le désir de la personne. En leur faveur, on peut aussi ajouter que les rues ne sont pas salies par les flaques de vomi comme, par exemple, en Angleterre à la sortie des pubs, eu égard à la politique libérale concernant l'ouverture des bars. Je suis revenu en France, où les automobilistes foncent sur les piétons, ou des héroïnomanes braquent à l'occasion les pharmacies, où l'on se cache pour mourir, et où l'on jette les jeunes gens au cachot pour quelques joints. Si seulement la gastronomie était à la hauteur de la tolérance affichée aux Pays-Bas, et s'il y sévissait moins le vent et la grisaille, ce serait un pays formidable... où s'exiler.
Antoine Forgeron, Montauban
© libération | designed by neo05
licence | données personnelles | charte d'édition
Syndication RSS 2.0