Ouest france
14 05 04
Cannabis : 2 horticulteurs condamnés
A Angers, ils vendaient le kit complet du producteur
Les deux jeunes gérants angevins du magasin Tout pour l'horticulture contrôlée (THC) ont comparu, hier, devant le tribunal correctionnel. Ils étaient poursuivis pour consommation et incitation à l'usage de cannabis.
Les magasins estampillés THC dans le collimateur de la justice. Après les gérants de Laval, La Roche-sur-Yon, c'est autour de ceux du commerce d'Angers de se retrouver devant un tribunal. « C'est la jardinerie du cannabis ! » Sophie Barbaud, vice-procureur de la République d'énumérer tout ce qu'on trouve chez THC pour produire du cannabis. « Des graines, des bacs, des engrais, des lampes chauffantes... et naturellement le monde d'emploi sous forme de livres. » Auparavant, le président Travers avait relevé le sigle « racoleur » du magasin, clin d'oeil à l'encontre des jeunes, jouant sur la confusion : THC comme aussi tétrahydrocannabinol, le principe actif du cannabis.
En février dernier, après une perquisition dans le magasin angevin, les policiers découvrent le kit complet du producteur de cannabis avec en plus, dans l'arrière boutique, un journal illustré sur la culture et une liste de coffee-shop. « D'abord, nous ne sommes pas les concepteurs de ce magasin. Nous l'avons obtenu par franchise », ont expliqué les deux gérants de 23 ans. Tous les deux horticulteurs, séduits par le faible coût du réseau, ils avaient décidé de s'installer sur ce créneau des plantes à faire pousser chez soi.
C'est légal !
« Vendre des graines de cannabis, ce n'est pas interdit. Ce qui est illégal, c'est de les planter. » L'attitude faussement naïve des deux jeunes interpelle les magistrats. Et, Mme la vice-procureur se fâche en requérant 6 mois d'emprisonnement avec sursis et 1 500 € d'amende : « Ils nous prennent pour des idiots ! Ils ont reconnu être consommateurs tous les deux et en vendant matériel et ouvrages, ils savent bien qu'ils se sont mis hors-la-loi. »
Pas du même avis, Me Charles-Henri de Choiseul, avocat au barreau de Saint-Nazaire a plaidé la relaxe. « Ce ne sont pas des militants de l'auto-production d'herbe. La marque THC a été déposée à l'Institut national de la propriété industrielle et celui-ci n'a rien trouvé à redire. » Sur l'incitation et la provocation, le défenseur soutient : « Ces deux éléments ne tiennent pas. Tout ce qui est vendu dans le magasin est légal. Et, en ce qui concerne l'ouvrage, il est aussi en vente libre à la Fnac. »
Après délibéré, les deux jeunes gérants ont été condamnés à 1 mois avec sursis et 500 € d'amende « à titre d'avertissement », a déclaré le président Travers.
Yves LAUNAY.