A l'aéroport d'Amsterdam, les passeurs interpellés avec moins de 3 kilos de cocaïne ne sont pas poursuivis. Incroyable ! « Vous n avez pas le droit de m'envoyer en prison parce que je n 'ai que 1 kilo de cocaïne sur moi. » C'est la réplique incroyable d'un dealer récemment interpellé, gare du Nord, à sa descente du Thalys Amsterdam-Paris. Aux douaniers interloqués l'homme a expliqué que peu de temps avant, à l'aéroport d'Amsterdam, il s'était fait « serrer » avec plus de 2 kilos de cocaïne. Mais qu'il avait été immédiatement relâché. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, depuis le début de l'année, tous les trafiquants arrêtés à l'aéroport international de Schiphol Amsterdam avec moins de 3 kilos de cocaïne sur eux repartent en effet tranquillement. Ils ne font l'objet d'aucune poursuite et n'écopent même pas d'une amende. La marchandise leur est simplement confisquée, et leur nom mis sur une liste noire afin qu'ils ne puissent plus voyager sur une compagnie néerlandaise ou transiter par Amsterdam. Pour le moment, seuls sont concernés les vols en provenance du Surinam et des Antilles néerlandaises, qui représentent 50 % de la cocaïne entrant aux Pays-Bas via Schiphol. Mais la mesure pourrait être étendue à tous les vols venant d'Amérique du Sud. Le ministre néerlandais de la Justice a pris cette décision sans aucune concertation avec les autres pays européens. Une clause devait même rester secrète : le chiffre de 3 kilos de cocaïne, en deçà duquel les passeurs ne sont pas poursuivis. Interrogée par Le Point, la Commission européenne a confié ne pas avoir été mise au courant. « Vu les quantités en jeu, les autorités néerlandaises auraient au moins pu nous prévenir», regrette le porte-parole de la Direction générale chargé de la justice. Au moment où l'Union européenne prépare un plan de lutte contre la drogue, qui prévoit que tous les pays membres répriment plus fermement le trafic international, la décision du gouvernement néerlandais tombe au plus mal. «Avec cette disposition, on peut pratiquement parler de dépénalisation du trafic de cocaïne », s'insurge-t-on au ministère de l'Intérieur, qui a appris la mesure incidemment, via l'ambassade de France aux Pays-Bas. Pourquoi les Pays-Bas, déjà montrés du doigt pour être les mauvais élèves de la lutte antidrogue en Europe, ont-ils pris le risque de jeter de l'huile sur le feu deux mois avant de prendre la présidence du Conseil de l'Union européenne ? 700 passeurs Au départ, il s'agissait de refermer la principale porte d'entrée de la cocaïne en Europe qu'était devenu l'aéroport de Schiphol. Le 11 décembre 2003, les Néerlandais décident donc d'instaurer une fouille systématique des passagers et de leurs bagages pour tous les vols en provenance du Surinam et des Antilles néerlandaises. En quatre mois, 700 passeurs se font prendre, soit un bond de 40 % ! Pour ne pas encombrer les tribunaux, les autorités décident alors de ne poursuivre les trafiquants qu'à partir de 3 kilos de co- caïne. Ce qui représente 240 000 euros à la revente. "Si à chaque contrôle on arrêtait tous les passeurs, au bout d'un mois les prisons néerlandaises seraient pleines!» se justifie Ivo Hommes, le porte-parole du ministère de la Justice néerlandais, interrogé par Le Point. Les autorités néerlandaises refusent de communiquer le nombre de trafiquants de cocaïne ainsi relâchés dans la nature. D'après nos informations, ils seraient plus d'une vingtaine à être remis dans le circuit chaque mois. Il existe bien une liste noire sur laquelle figure l'identité de ces trafiquants, mais les Néerlandais la gardent pour eux, malgré les demandes pressantes de leurs voisins. Un comportement qui commence à énerver sérieusement, Place Beauvau...
Le Point
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