France
STUPÉFIANTS Une bande de malfrats cultivait de la drogue dans l'Indre
La ferme de cannabis tournait à plein régime
Angélique Négroni
[09 avril 2004]
Une ferme de production de cannabis avec un vaste champ cultivé dans le sous-sol d'une bâtisse permettant de ramasser plus d'une tonne de drogue à chaque récolte : telle est l'incroyable découverte faite dans l'Indre par la brigade des stupéfiants de la DRPJ de Versailles au cours d'une enquête portant sur un vaste trafic.
Cette culture toute particulière, dont l'ampleur constitue une première en France, est l'oeuvre d'une équipe d'une dizaine de malfrats dont les arrestations se sont échelonnées sur plusieurs jours depuis vendredi dernier. Tous ont déjà des casiers judiciaires. Deux d'entre eux, des frères de 60 et 55 ans, sont de vieilles connaissances de la police puisqu'ils sont issus de la «bande de la banlieue sud», qui sévissait dans le Val-de-Marne au cours des années 80. Le plus âgé, considéré comme le cerveau, était déjà tombé pour une importante affaire de stupéfiants. Le second, également trafiquant de drogue, est aussi connu pour des affaires d'homicide et de braquages.
Pour ce nouveau trafic, ces deux chevaux de retour du grand banditisme, encore fringants, se sont entourés de complices plus jeunes, âgés d'une trentaine d'années, recrutés dans des cités du Val-de-Marne et formés par leurs soins. Ensemble, ils ont organisé un important trafic de cannabis entre le Maroc et la France, via l'Espagne, ainsi qu'un juteux commerce de cocaïne. Mais pour s'éviter quelques frais de transport, l'équipe a également fait preuve d'imagination. Dans l'Indre, à l'abri de tout regard, elle a créé une ferme de production de drogue. Le sous-sol de 300 m2 d'une bâtisse cernée par la forêt a été transformé en champ de cannabis. Pour ce faire, les malfrats ont investi 100 000 euros en matériel tout droit venu des Pays-Bas. Des projecteurs branchés à des groupes électrogènes et un double système d'irrigation et d'aération assuraient toutes les conditions d'une bonne récolte.
L'ensemble de ces travaux des champs un peu particuliers avait été confié à un vieux couple de 74 ans et 67 ans, dont l'époux avait été rencontré en prison. Ces «fermiers» rémunérés 100 000 euros par an, ont d'ailleurs eu la main verte : chaque récolte s'est soldée par plus d'une tonne de cannabis récupérée. L'activité aurait duré trois ans.
Entre cette juteuse production artisanale et l'importation, le trafic assurait de confortables revenus à toute l'équipe. Derrière les apparences d'une vie modeste soigneusement entretenue par le recours au RMI et diverses allocations, la «papy connection» a mené grand train. En poussant la porte des résidences respectives des trafiquants, les enquêteurs ont découvert des décors tout simplement hollywoodiens avec marbre, piscines intérieures équipées de jacuzzi, écrans géants plasma et matériel hi-fi dernier cri.
Après les arrestations, les enquêteurs vont s'atteler à l'estimation du patrimoine de ces malfrats. Les résultats de ce deuxième volet de l'enquête semblent prometteurs.
Source Le figaro.Fr
http://www.lefigaro.fr/france/20040409.FIG0193.html