LONDRES (AFP) - Une nouvelle législation controversée sur le cannabis, désormais classé dans la même catégorie que les tranquillisants ou les antibiotiques, entrera en vigueur jeudi au Royaume-Uni, une démarche saluée par une majorité de Britanniques mais vivement critiquée par l'opposition.
Le ministre de l'Intérieur David Blunkett, désireux de concentrer les efforts de la police sur les drogues dures, a décidé de rétrograder le cannabis dans le classement des substances illicites.
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Les drogues sont classées depuis 1971 en trois catégories (A, B et C), en fonction des risques qu'elles entraînent et des peines encourues pour leur usage.
Les drogues dures (cocaïne, héroïne, crack) constituent la catégorie A, les "douces" la catégorie B (amphétamines), tandis que les tranquillisants, stéroïdes et antibiotiques s'inscrivent dans la catégorie C.
Le cannabis est reconnu nuisible par le Conseil consultatif sur la drogue, un organisme indépendant chargé de conseiller le gouvernement. Mais il est considéré comme moins dangereux que les drogues "douces" et il est donc relégué de la catégorie B à la C.
Le gouvernement se dit déterminé à poursuivre les dealers plutôt que les petits consommateurs. Sur environ 70.000 délits pour usage de drogue répertoriés chaque année, les trois quarts concernent le cannabis.
A partir de jeudi, les personnes trouvées en possession de faibles quantités de cette drogue ne seront plus arrêtées, sauf lors de circonstances aggravantes comme à proximité d'une école.
La possession de cannabis restera un délit, mais la peine maximale encourue pour la détention de quantités importantes sera ramenée de 5 à 2 ans de prison.
D'autre part, tout trafic d'une drogue de catégorie C sera désormais passible de 14 ans d'emprisonnement contre 5 ans auparavant.
Parallèlement, les autorités ont lancé une campagne d'information destinée à rappeler que le cannabis reste illégal et surtout dangereux pour la santé.
Selon un sondage de l'institut YouGov, une majorité de Britanniques (52%) approuvent la décision du gouvernement.
Ils sont même 51% à penser que l'assouplissement ne va pas assez loin, réclamant soit la dépénalisation ou la complète légalisation de la vente de cette substance. Une large part des jeunes (18-35 ans), la population principalement visée par la campagne d'information, pensent que le cannabis ne crée pas une dépendance aussi importante que le tabac, l'alcool et même le café.
Le parti conservateur a dénoncé une "confusion" entourant le message à la jeunesse du gouvernement. Pour son dirigeant Michael Howard, les nouvelles mesures vont encourager les jeunes à croire que le cannabis est légal et inoffensif.
Il a promis qu'un futur gouvernement conservateur "(remettrait) le cannabis en classe B" parce que "(cette) décision est une erreur".
Lui emboîtant le pas, les associations de prévention contre l'usage des drogues ont également demandé au gouvernement plus de clarté.
"Nous voulons simplement nous assurer que le public comprenne que le cannabis est une drogue dangereuse", a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'Association Médicale Britannique (BMA), qui craint que le déclassement envoie un "mauvais" message à la population.
Le message paraît tout aussi ambigu pour les militants de la légalisation du cannabis, à l'exemple de l'association "Campagnes britanniques pour légaliser le cannabis", qui qualifie de "plaisanterie" le déclassement du cannabis, en déplorant qu'il reste illégal.
Pour autant elle reconnaît que le cannabis "n'est pas entièrement inoffensif" et soutient la campagne d'information de David Blunkett, un ministre qui montre l'exemple en assurant n'avoir jamais fumé un joint.
sources: http://fr.news.yahoo.com/040129/2023mar2.html