Première mondiale aux Pays-Bas: le cannabis en pharmacies
LA HAYE (AFP) - Les Néerlandais atteints de maladies graves ou incurables pourront dorénavant obtenir du cannabis en pharmacie, sur ordonnance médicale, afin d'adoucir les symptômes de leurs maux, ce qui constitue une première mondiale.
Le Bureau pour le Cannabis Médical (BMC) du ministère de la Santé a entamé lundi la distribution de cannabis aux pharmaciens, qui devaient être les premiers au monde à vendre légalement cette plante.
"Ce cannabis n'est pas pour n'importe qui. Les médecins n'en prescriront qu'aux patients pour lesquels aucun médicament n'a été efficace", a expliqué Caroline de Roos, porte-parole de l'Association royale des pharmaciens néerlandais.
Le cannabis médical est destiné aux patients souffrant de sclérose en plaques, aux malades traités en chimiothérapie, radiothérapie ou trithérapie, aux patients souffrant de désordres nerveux chroniques, ainsi qu'aux malades du cancer et du sida en soins palliatifs.
La drogue se présentera en doses de cinq grammes, emballées par le producteur ou le pharmacien.
"Celui-ci lui expliquera comment l'utiliser --de préférence par inhalation à la vapeur ou par infusion--, il informera le patient des effets secondaires et des contre-indications en cas de prise d'autres médicaments", indique Mme de Roos.
Le BMC déconseille de le fumer, ce mode de consommation pouvant libérer par combustion certains produits nocifs pour la santé du patient.
Selon le ministère de la Santé, le cannabis diminuerait les symptômes de raideurs pour les patients atteints de scléroses multiples. Elle aurait un impact favorable sur la perte d'appétit, ou apaiserait les douleurs ressenties lors de maladies nerveuses.
"Il n'y pas de preuve scientifique que ça marche. Mais un usage répété montre que cet effet existe" bel et bien, a indiqué un porte-parole du ministère de la santé.
Le cannabis se vendra sensiblement plus cher en pharmacie que dans les coffee-shops où la distribution de cette drogue dite "douce" est tolérée. Les cinq grammes coûteront entre 25 et 30 euros dans les coffee-shops et entre 40 et 55 euros chez le pharmacien, les variations de prix étant déterminées par la teneur en THC (principe actif du cannabis) du produit vendu.
"Le prix plus élevé en pharmacie s'explique par les contrôles auxquels le cannabis est soumis. Ces contrôles assurent une teneur constante (en THC) au produit qui ne contiendra ni bactéries ni germes d'aucune sorte. Il faut également prendre en compte les conseils du pharmacien", selon Mme de Roos.
L'usage du cannabis a également ses "effets négatifs", reconnaît Mme de Roos, sans préciser lesquels. "Mais la décision de le prescrire revient de toute façon au médecin qui évalue les bienfaits que le patient peut en tirer" par rapport aux risques encourus, ajoute-t-elle.
Le cannabis vendu dans les pharmacies provient de deux producteurs néerlandais (Bedrocan, Fondation pour la marijuana médicale), qui deviennent ainsi les premiers cultivateurs légaux de cannabis en Europe.
Cette plante est déjà en vente libre aux Pays-Bas dans des établissements nommés "coffee-shops", ouverts à toute personne âgée de 18 ans ou plus. On en compte plusieurs centaines dans les grandes villes néerlandaises.
Si les Pays-Bas sont le premier pays à en légaliser la vente en pharmacie, l'usage et la culture du cannabis à des fins médicales est possible au Canada, où il est soumis à autorisation. Le gouvernement canadien en cultive dans des mines désaffectées, destiné à la recherche