Réponse au sujet des cactus
Tiré du Peyotl (ou peyote), cactus mexicain référencé comme Lophora Williamsii ou Anhalonium Lewinii, la mescaline est un hallucinogène de puissance faible. Ce cactus ressemble a un caillou et peut être difficile à trouver, sauf au moment de la floraison. Il est répandu dans le sud-ouest des Etats-Unis et au Nord du Mexique, dans des endroits secs et rocheux. La mescaline est principalement contenue dans les excroissances du sommet du cactus dénommées « boutons de peyotl ».
La préparation pour consommation est plus ou moins élaborée, les boutons pouvant être directement ingérés. Sinon, les extrémités du cactus sont trempées dans le méthanol pendant une journée, puis filtrées et acidifiés. Après évaporation de l'alcool, la mescaline est extraite par du chloroforme. Une méthode moins sophistiquée consiste à cuire le peyotl dans un autocuiseur. Certaines préparations sont enveloppées dans des capsules de gélatine. Le cactus contient en moyenne 6% de mescaline. La molécule de mescaline a une structure voisine de celle de l’amphétamine, et a servi de base à une famille de dérivés, dont le plus connu est la MDMA.
II Historique
Le peyotl sert depuis des siècles aux cérémonies religieuses des Indiens du Mexique. Les extrémités de la plante ont été consommées par les chamans, puis au début du 19ème siècle par les Apaches, les Kiowas et les Commanches qui la mâchait au début de leurs rituels religieux. Ces pratiques sont toujours en vigueur et ont été intégrées aux pratiques chrétiennes. Les premières études pharmacologiques sur le peyotl datent de 1888 et ont été menées par Lewin et Henning (1) puis par Mitchell (2). La mescaline a été identifiée comme principe actif majeur de la plante par un chercheur allemand en 1896 (3), mais sa structure n’a été élucidée qu’en 1919. .
L’utilisation est peu répandue, limitée, mais théoriquement interdite.III Propriétés physiopharmacologiques
La dose hallucinogène semble être de 200 à 500 mg, ce qui, comparé à l’efficacité de quelques dizaines de microgrammes de L.S.D., témoigne de la faible activité de cette drogue.
Il existe peu d'études du métabolisme de la mescaline. Les études sur volontaires sains ayant reçus 350 mg IV ont montrées des niveaux plasmatiques de 15 mg/l à 15 minutes déclinant à 2 mg/l après 2 heures. La demi-vie est de l'ordre de 6 heures. La plus grande partie est éliminée par les urines (4).
La mescaline donnée à des volontaires sains produit une psychose proche de la schizophrénie (5). Les changements du comportement au cours de l'intoxication sont dus à une hyperactivité cérébrale produite par une action stimulante sur la dopamine et la sérotonine (6).
Les symptômes sont ceux de l'hyperstimulation sympathique : augmentation de la pression artérielle, de la fréquence cardiaque et hyperthermie. La drogue est généralement ingérée, mais peut, sous forme de poudre, être injectée ou fumée. Son ingestion s’accompagne fréquemment de nausées.
IV Toxicologie et effets adverses
Aucun cas d'overdose mortelle n’a jamais été rapporté, et les complications graves sont exceptionnelles (7). Les accidents sont, comme pour les autres hallucinogènes, la conséquence de l’état de conscience altérée des consommateurs. La toxicité somatique de la mescaline est faible, et sans commune mesure avec celles des composés de synthèse dérivés, dont la MDMA, actuellement largement utilisés.
V Considérations générales
La mescaline et le peyotl sont dans nos sociétés européennes des sujets de curiosité plus que d’inquiétude, et leur usage est resté ancré en Amérique du Nord. Les hallucinations que provoque leur consommation doivent rendre prudent, l’altération de l’état de conscience étant lui bien réel. C’est a priori le seul danger auquel s’expose le consommateur.
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VI Conclusion
La consommation de mescaline n’est pas un problème en Europe, toutefois, les propriétés hallucinogènes du produit se doivent d’être signalées et prises en compte. De même, il est intéressant de constater que de cet hallucinogène ont été dérivés des psychostimulants puissants.
M. SITBON et R. TROUVÉ
VII Bibliographie
Lewin T., Henning. Anhalonium Lewinii. Therapeutic Gazette, 231-237, 1888.
Mitchell S. Remarks on the effects of Anhalonium Lewinii (the mescal button). Br. Med. J. 2 : 1625-1629, 1896.
Labarre Peyotl and mescaline. Journal of Psychedelic Drugs, 11(1-2):33-9, 1979.
Van Peteghem C., Heyndrickx A. , Van Zele W. Pharmacokinetic parameters of mescaline in rabbits. Eur. J.of Drug Metabolism & Pharmacokinetics, 7(1):1-3, 1982.
Hermle L. , Funfgeld M. et al. Mescaline-induced psychopathological, neuropsychological, and neurometabolic effects in normal subjects: experimental psychosis as a tool for psychiatric research. Biological Psychiatry, 32(11):976-91, 1992.
Trulson ME., Crisp T., Henderson LJ. Mescaline elicits behavioral effects in cats by an action at both serotonin and dopamine receptors. Eur. J.of Pharmacol., 96(1-2):151-4, 1983.
Reynolds PC., Jindrich EJ. A mescaline associated fatality. J.of Analyt.Toxicol., 9(4):183-4, 1985.