D'accord, c'est timide comme proposition, "un débat sur la dépé", mais c'est un débat que jusque-là les cocos ont évité par tous les moyens: ce thème ne figure jamais dans leur prose abondante, et est absent de la pléthore de débats de la Fête de l'Huma encore cette année (à ce jour).
C'est une petite fêlure qui a mis deux ans au moins à apparaître, depuis la rentrée (contestée en interne) dans les instances d'Alfonsi, après le congrès de Martigues, à force de limer et relimer les aspérités de sa proposition (la première mouture était plus radicale), jusqu'à cette formulation enduite de vaseline, pour pas faire mal à Marie-George. Lors de quelques débats internes chez les cocos, Alfonsi a plus d'une fois été empêché de prendre la parole face à un chahut collégien visant à couvrir par du bruit ce qu'il avait à dire, chahut se transformant en applaudissements dès qu'un dinosaure arrivait au micro.
Et accepter ce principe du "débat", c'est, en "langage communiste" décrypté, déjà accepter de changer radicalement de position, du moins l'anticiper, le préparer. C'est toujours le même problème : comment changer de slip sans baisser son pantalon?... Le "débat" sert seulement de cabine de bain pour la pudeur, pour cacher cette humiliation de se renier et de changer de direction.
L'intérêt n'est pas tant la position du PCF lui-même - dont intrinsèquement j'ai rien à foutre -, mais de rompre l'isolement politique à gauche des Verts sur cette question, surtout face au PS. Si (ce qui n'est pas encore fait) même le PCF devient antiprohibitionniste... croyez-vous que le PS le restera longtemps?
Dans ces stratégies politiques, les réactions périphériques sont souvent plus intéressantes que l'action centrale, parfois stérile en elle-même, chaque action en direction d'une force politique a souvent des conséquences sur les autres. Et c'est du billard (français), où, pour gagner le point, il faut toucher une première bille avant la seconde, en passant souvent par plusieurs bandes. Pour toucher le PS, faut viser le MJS (c'est fait) et le PCF (en cours). Nul doute que le succès électoral des Verts ou de la LCR avec ce thème de la légalisation du cannabis (arrivés devant le PCF à la présidentielle) n'est pas étranger à ce frémissement de changement à Ground 3,37...
Certes, politiquement le PCF n'est plus grand-chose, mais lui au moins a un groupe parlementaire à l'Assemblée et au Sénat - ce qui n'est pas le cas de nos alliés fidèles actuellement - et encore des bastions dans certaines municipalités, et un réseau militant assez dense aussi. Et ce serait donc un apport intéressant pour la progression de nos revendications, et je suis prêt à mettre du charbon à grosses pelletées dans la chaudière pour faire monter la pression et démarrer la machine de musée.
Alors, bien sûr, pour ça, je poursuis maintenant un échange de mails privés avec Alfonsi lui-même, à qui j'ai déjà fait parvenir quelques textes récents du CIRC, comme la critique du rapport sénatorial* ou le communiqué "Droite pinard"**; et je devrais entrer en contact très prochainement avec Guichart aussi, qui a déjà entendu parler de moi (par mon informateur) en tant que correspondant CIRC pour les cocos (je connais bien ce milieu, certains arcanes, leur phraséologie, etc.).
Bref, même si ce n'est pas grand-chose en soi, c'est quand même une nouvelle brêche, qu'on va tenter d'élargir, jusqu'à ce que le barrage de la prohibition cède. Au minimum, quand ça aboutira, ça affaiblirait nombre de résistances anti-dépé dans la gauche archéo-classique.
Delenda prohibitio
D.
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http://www.circ-asso.net/senat.doc**
http://www.lamainverte.org/forum/viewtopic.php?t=4532