Un francais sur qautre pour le cannabis en vente libre
Deuzième enquète de l'observatoir des drogues
Des paquets de joints vendus au bar-tabac du coin ? Voilà une perspective qui effraie de moins en moins l'opinion, à contre-courant des politiques. Près d'un Français sur quatre (23 %) se déclare ainsi favorable à la vente libre du cannabis. Contre un sur six (17 %) il y a trois ans, selon une enquête présentée, vendredi, par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Sur les drogues et leur dangerosité, les Français se montrent de plus en plus complexes. Et mieux informés sur l'état des connaissances scientifiques. Voilà ce qui ressort de la seconde enquête sur les représentations, opinions et perceptions sur les psychotropes (Eropp 2002). La première avait été présentée en 1999.
Fumette. Les Français relativisent d'autant mieux les risques du cannabis que son usage se banalise : un adulte sur 100 et un jeune sur 20 fument au moins 10 fois par mois, selon l'OFDT.
Dans la hiérarchie de la dangerosité, le cannabis cède encore un peu de terrain. En 1999, il se classait en avant-dernière position, entre l'alcool et le tabac. Aujourd'hui, il est jugé moins dangereux que le tabac. Et aussi moins «addictif» : pour presque la moitié des enquêtés (47,7 %), le tabac est le produit dont il est le plus difficile de se passer, devant l'alcool (27,1 %) et le cannabis (20 %). Puisqu'il est perçu comme moins dangereux, pourquoi ne pas le libéraliser, se demande un nombre croissant de Français, dans toutes les catégories de la population et pas seulement chez les adeptes de la fumette : les jeunes (39 % des 18-24 ans sont pour la vente libre contre 24 % en 1999), les «expérimentateurs» (55 % contre 45 %) et, dans une moindre mesure, les «abstinents» (14 % contre 10 %).
Cette «banalisation» n'en reste pas moins très relative. Tout dépend de la fréquence et du contexte de son usage. Suivant en cela l'avis des experts, le nombre de Français estimant «dangereux» le cannabis «à partir d'une consommation quotidienne» progresse : 32,5 % contre 28,1 % en 1999. Ils sont par ailleurs de moins en moins nombreux à le considérer comme totalement «anodin». Les campagnes de prévention du gouvernement précédent évitez de fumer seul, au réveil... semblent avoir trouvé un écho dans l'opinion.