LIBERATION : Mattei contre toutes les drogues. Le tabac et l'alcool sur le même plan que les produits illicites.
Par Sandrine CABUT
Fin de la polémique. La lutte contre le tabac et l'alcool, qui doivent être considérés à «l'évidence comme des drogues», relève pleinement de la Mildt (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie).
C'est ce qu'a affirmé hier Jean-François Mattei, ministre de la Santé, au nouveau patron de la lutte antidrogue, Didier Jayle. Ce discours sur les compétences de la Mildt rejoint donc celui de Nicole Maestracci, prédécesseur de Didier Jayle, qui s'était attachée à mettre sur le même plan alcool, tabac et drogues illicites.
En visite dans les locaux de la Mildt, le ministre de la Santé a incité à une véritable guerre contre le tabagisme. Il s'est dit «scandalisé de voir que la loi Evin n'est pas respectée, souvent même dans des établissements de l'Education nationale». Et n'a pas exclu une nouvelle augmentation du prix des cigarettes, après celle de 8 % à 16 % début janvier. Côté cannabis, le
ministre a évoqué ses effets néfastes sur la santé et le principe de précaution pour «s'interdire d'aller dans le sens de la dépénalisation». Il juge néanmoins «totalement inadaptée» la loi de 1970 qui permet d'emprisonner quelqu'un pour une simple fumette. Une campagne de communication sur le sujet serait bienvenue, selon lui. Enfin, Jean-François Mattei a prôné «l'alcoolémie zéro» au volant. Et ailleurs ? Le ministre reconnaît que les boissons alcoolisées font partie de notre «tradition».
«Dans certaines circonstances, à des doses modérées, je crois qu'on peut autoriser la consommation d'alcool», a-t-il osé.
Même si tabac et alcool sont des drogues comme les autres, le ministre tient à garder un distinguo entre fumeurs, buveurs et autres toxicomanes. Ainsi, il a refusé de signer le décret fusionnant les structures de lutte contre la toxicomanie et l'alcoologie, estimant qu'on ne peut pas forcément «mêler dans une salle d'attente» un héroïnomane et un candidat à l'arrêt du tabac
ou de l'alcool. Il s'est prononcé pour «des équipes qui travaillent ensemble mais qui reçoivent des populations différentes dans des lieux voisins». Mais «je ferai ce que vous me demanderez de faire», a-t-il assuré à Didier Jayle.
Hier, sur RMC, ce dernier a avoué avoir fumé un joint, deux ou trois fois. Mais le cannabis «n'a jamais été [son] truc», a-t-il insisté. (avec AFP)