Vive la schnouf !

[jack1]

Par Iconoclaste, gino-hoel

C'est devenu une habitude, un peu comme le beaujolais nouveau : régulièrement, des enquêtes viennent nous informer sur le cannabis et ses consommateurs. C'est le cas aujourd'hui avec un article du Monde intitulé (merci pour le titre à rallonge) : "Les jeunes Français fument moins que leurs aînés au même âge, mais consomment plus de drogues illicites" (ouf !). Il faut dire que les clopes sont devenus si chères que fumer du shit ou de l'herbe devient plus économique ! Un comble...


Drogues, alcool... il n'y a plus de jeunesse... (Reuters)Cet article s'appuie sur "plusieurs études dont les résultats sont publiés, mardi 25 mars, dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'Institut de veille sanitaire (InVS)", nous informe le quotidien du soir. Et, avec force chiffres, l'on montre que les jeunes préfèrent la moquette à l'alcool.

Pour une nouvelle, c'est une nouvelle ! Comme si nous ne le savions pas... Il faut dire que c'est devenu presque plus facile d'acheter du cannabis (sous toutes ses formes) que de l'alcool. Et l'autre avantage du cannabis, c'est - qu'hormis les yeux rouges - il laisse moins de traces que l'alcool. A savoir, vous n'êtes pas ivre et vous gardez certaines de vos facultés afin de pouvoir suivre une conversation. Ce qui n'est pas le cas avec l'alcool.

Faut-il rouvrir le débat presque éculé sur la dépénalisation ? A quoi bon ? Imagine-t-on le chef de l'Etat et le Gouvernement dépénaliser le cannabis ? Certes non. Et pourtant, nous ne saurions trop leur conseiller de fumer un joint de temps en temps, cela les déstresserait et les rendrait peut-être plus sympathiques (ce dont je doute) ?

Pourtant, imaginons quelques instants que le cannabis soit en vente libre. Cela génèrerait des taxes (car l'Etat, comme pour le tabac et l'alcool, se servirait au passage). Et hop ! Moins de déficits ! Cela éviterait pour certains jeunes d'aller dans des endroits interlopes pour acheter leur consommation. Cela éviterait à certains jeunes d'être obligés de dealer pour pouvoir fumer.

Bien sûr, je lis et j'entends déjà les cris d'orfraie. Je mesure ma faculté de provoquer, en écrivant ces quelques mots. "C'est le début de la fin ! Cela commence par le pétard et cela finit par la cocaïne !..." Et certains me sortiraient les preuves accablantes que "les consommateurs de cocaïne ont commencé par fumer des joints."

Encore heureux ! Il ne manquerait plus que le jeunot tape directement ! A mon époque (pourtant pas si lointaine), on buvait. On se réfugiait dans des endroits tranquilles (qui sont légion à la campagne) et on picolait de mauvaises bières premier prix qui nous rendaient malades. Personne - dans mes souvenirs - n'a jamais amené une bouteille de vodka ou de whisky. Cela ne nous venait pas à l'esprit. Par la suite, en vieillissant, oui bien sûr. Mais on était assez âgé pour picoler chez soi...

Vous racontez les lendemains de fêtes... Il fallait deux jours pour s'en remettre, sous l'oeil désolé et dépité des parents, qui n'imaginaient que leurs progénitures puissent se bourrer la g... le week-end. Et puis, le pétard est arrivé. Quelle délivrance ! Nous n'étions plus malades, le lendemain. Oh, certes, nous étions un peu vaseux mais sans plus ! Par la suite, le pétard est parti, en vieillissant, avec le sens des responsabilités qui était et est le nôtre, nous n'avons plus rien fumé. Par lassitude, sans doute. Pour des raisons économiques, surtout.

Chaque âge a ses plaisirs et l'apprentissage se fait toujours dans l'excès. C'est ainsi. Mais franchement, quelle hypocrisie ! Quand je m'arrête dans un bureau de tabac, que vois-je ? Des feuilles à cigarettes sous toutes les formes, parfumées, petites, grandes, slim... Et cela serait destiné aux fumeurs de gris (cher à B. Sylva) ? Franchement, on est sérieux ?

C'est bien beau de crier en disant que nous vivons une époque décadente dans laquelle les jeunes se shootent au pétard, mais alors, pourquoi tolérer la vente de feuilles à cigarettes dont on sait pertinement qu'elles ne sont pas destinées aux consommateurs de tabac ?

C'est bien beau d'affubler nos paquets de clopes avec des images glauques et des "Fumer tue". Tous ceux qui fument le savent et savent les risques qu'ils prennent. Mais s'il est dangereux (et on le sait), pourquoi continuer d'en vendre ?

C'est bien beau de dénoncer l'alcoolisme sous toutes ses formes mais alors, pourquoi continuer de vendre de l'alcool ? Avouons-le franchement, s'il était interdit, nous serions malheureux à l'heure de l'apéro. Et pourquoi continuer de vendre des produits qui nous donnent du cholestérol, du diabète ?

On se dédouane avec des phrases sur les paquets de cigarettes, sur les écrans publicitaires... C'est tellement plus simple que de prendre des mesures draconiennes (que, de toute façon, je n'espère pas). C'est tellement plus simple de stigmatiser une jeunesse si désespérée (plutôt que de trouver des solutions à leurs problèmes) qu'elle préfère s'envoler dans quelques volutes, là où la vie paraît plus douce et parfois plus simple...

Quelle époque ! Mais comme le dit G. Brassens, "le temps ne fait rien à l'affaire..."

source: http://www.lejdd.fr/cmc/blogs/200813/vi ... 05767.html