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Cannabis : l'efficacité du test salivaire mise en doute
LE MONDE | 23.06.07 | 14h14 * Mis à jour le 23.06.07 | 14h14
Au volant, la peur du gendarme doit dissuader les
amateurs de joints et pas seulement les buveurs
d'alcool. Au nom de ce principe, Michèle
Alliot-Marie, la ministre de l'intérieur, a
lancé, lundi 18 juin, une vaste campagne
d'expérimentation de dépistage des drogues
consommées par les conducteurs, par le biais de
tests salivaires. Une technique beaucoup plus
simple à mettre en oeuvre au bord de la route que
les analyses d'urine et les prélèvements sanguins.
Pourtant, si ce type d'analyse de salive est
connu pour être relativement fiable pour la
cocaïne, les amphétamines, l'ecstasy et les
opiacés, elle l'est beaucoup moins pour le
cannabis. Or cette drogue est la plus consommée
et elle contribue ainsi largement à la
surmortalité routière. En 2005, au moins 230
personnes ont été tuées dans des accidents
mettant en cause des conducteurs ayant consommé
des stupéfiants.
Le programme européen Rosita (pour Roadside
Testing Assessment) a déjà procédé à des études
sur des tests salivaires, soumis à
l'expérimentation dans dix villes et trois
régions cet été. Or, constate le professeur Alain
Verstraete, de l'université de Gand, en Belgique,
ces tests "ne sont globalement pas fiables,
puisque seulement 46 % d'entre eux sont capables
de détecter le THC (la substance active du
cannabis) présent dans les urines et dans le
sang".
DEUX RAISONS
Responsable du programme Rosita, M. Verstraete
met en avant deux raisons. D'une part, il est
difficile de mesurer les faibles doses de THC
présentes dans l'organisme ; d'autre part, les
méthodes de prélèvement nécessiteraient une
formation spécifique des forces de l'ordre
chargées de l'opération. Selon lui, "il faut
gratter les cavités de la bouche pendant une
quinzaine de secondes".
Le risque de voir les consommateurs de cannabis
peu inquiétés par cette nouvelle forme de
contrôle n'échappe pas au docteur Patrick Murat,
président de la Société française de toxicologie
analytique. "Ils peuvent décider de prendre ce
risque en connaissant le manque de fiabilité des
tests salivaires", redoute-t-il.
Comme la France, beaucoup d'autres pays, en
particulier les Etats-Unis, souhaiteraient aller
plus vite dans la mise au point d'un test fiable
de dépistage du cannabis. "Pour l'instant, aucune
étude sérieuse et aucune publication scientifique
ne vont dans ce sens, constate le docteur Murat.
Mais l'enjeu de santé et de sécurité publiques
est tel que des progrès sont attendus avec
impatience, même s'il a fallu plusieurs années
pour détecter les autres drogues."
C. de C.
Article paru dans l'édition du 24.06.07
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