Les cannabinoïdes protègent le coeur
Charles Côté
La Presse
Les cannabinoïdes, substances du cannabis qui provoquent l'euphorie, protègent aussi le coeur, selon une recherche de l'Université de Montréal, qui a mis au jour un nouveau mécanisme de régulation cardiaque.
Le chercheur Daniel Lamontagne, professeur titulaire à la faculté de pharmacie, a observé une réduction de plus de 50 % de la gravité de l'infarctus chez le rat qui avait auparavant reçu une dose de cannabinoïdes.
Sa recherche révèle le rôle des cannabinoïdes produits par le corps dans la protection du coeur. «Depuis quelques années, on sait que le coeur possède des protéines qui reconnaissent ces substances, dit-il. On ignore où la substance est produite, comment et en quelles quantités, mais elle sont libérées dans le coeur et les tissus environnants.»
Cet afflux de cannabinoïdes permet au coeur de mieux supporter le manque d'apport sanguin, appelé ischémie, explique M. Lamontagne. Une ischémie qui se prolonge peut provoquer un infarctus, ou crise cardiaque.
«Pendant une ischémie, le coeur et les tissus environnants produisent une foule de substances qui mettent en oeuvre des mécanismes de protection naturelle, dont des cannabinoïdes, dit-il. Les substances jouent au niveau des cellules elles-mêmes.»
L'effet protecteur semble se prolonger. «Si par la suite le coeur est exposé à une ischémie plus sévère, il va être mieux outillé pour passer au travers sans infarctus», dit-il.
Mais ne sortez pas la pipe à haschisch ni le papier à rouler : fumer de la marijuana demeure dangereux pour le coeur, avertit M. Lamontagne. «Quand on fume du cannabis, il y a plein d'autres substances nocives, dit-il. Chez un patient cardiaque, il y a eu des cas de rapportés d'infarctus après la consommation. Ça augmente la fréquence cardiaque, entre autres.»
Et on est encore très loin d'une application thérapeutique. «On connaissait les effets des cannabinoïdes sur le système nerveux central, mais depuis quelques années, on sait que le coeur possède des protéines qui reconnaissent ces substances, dit-il. Alors il y a plusieurs chercheurs qui s'y intéressent. C'est un nouveau système de régulation cardiaque.»
Le projet de recherche de M. Lamontagne tire à sa fin. Ses plus récents résultats de la recherche ont été publiés dans le British Journal of Pharmacology. «C'est au tour d'autres chercheurs maintenant de pousser plus loin les aspects cliniques», dit-il.
source : http://www.cyberpresse.ca/article/20070 ... 5/CPACTUEL