Gabriel Nahas était à l'origine de la plupart des travaux qui concluaient à une grave toxicité du cannabis (même si personne n'a jamais conclu à son innocuité...) et à l'origine de théories fumeuses comme celle de l'escalade. Il était relativement écouté en France et aux Etats-Unis avant d'être démasqué par Michka (voir les commentaires sur mon blog à ce propos (
http://www.droguesnews.com/article-4828837-6.html#anchorComment)
Voilà ce que j'ai trouvé sur le site du Cedro (
http://www.cedro-uva.org/lib/boekhout.cannabis.fr.5.html) :
"On entend également assez souvent professer la théorie de l'escalade en France : l'usage de drogues douces mene à l'usage de drogues dures. Bien que cette théorie fait, il est vrai, moins recette actuellement, on lit et on entend encore régulièrement des théories du type : `bien que tous les fumeurs de cannabis ne deviennent pas héroïnomanes, il apparaît que presque tous les héroïnomanes ont commencé par le cannabis'. Le fait qu'il existe toujours une discussion sérieuse sur la théorie de l'escalade montre qu'elle n'a pas tout à fait disparue de la scène.
Il n'est pas possible d'entendre le débat au sein du monde médical français sans tenir compte de Gabriel Nahas. Ce médecin, dont il a déjà été question dans le chapitre 3, est l'un des plus grands opposants à une politique libérale en matière de drogue. Nahas écrit par exemples des livres tels que "Il n'y a pas de drogues douces" et des articles dans lesquels il veut démontrer l'effet de dépendance du cannabis ou son effet ravageur sur le cerveau. Nahas a une position assez controversée au sein du monde médical. Certains médecins, comme Bertrand Lebeau de Médecins du Monde, l'ont accusé de procéder de manière non scientifique (après quoi Nahas a entrepris des démarches en justice). Il est certain que les conceptions scientifiques de Nahas sont teintées idéologiquement et qu'il professe un point de vue minoritaire au sein du monde médical. Nahas a occupé longtemps une position assez dominante dans le sens où les politiciens ont aimé le prendre comme référence ou l'inviter en tant qu'expert. Ainsi Jacques Chirac a eu, pendant un temps, Nahas comme conseiller (informel), alors qu'il était maire de Paris ainsi que pendant la période où il était premier ministre (1986-1988).
La municipalité de Paris et l'Académie Nationale de Médecine ont organisé les 8 et 9 avril 1992 un congrès scientifique consacré à la drogue. Nahas faisait partie du comité d'organisation scientifique; la préface du recueil rédigé à l'occasion du congrès était de la main de Jacques Chirac. On y lit entre autres :
"Les conclusions de cette prestigieuse Assemblée sont sans équivoque : la toxicité du cannabis est aujourd'hui bien établie, en particulier pour le système nerveux central. Sa consommation conduit inéluctablement bon nombre d'usagers vers la cocaïne ou l'héroïne. En conséquence, il convient de récuser la distinction entre drogues dites "douces" et drogues dites "dures" et de rejeter toute idée de libéralisation de l'usage de cette substance en développant parallèlement des campagnes d'information et de prévention sur les dangers qu'elle représente"