par Anonymous » 21 Jan 2013, 03:51
Audrey face au chauffard qui l'a blessée à vie (Le Parisien) (03/11/04 02:18)
Audrey face au chauffard qui l'a blessée à vie
Villemomble
ELLE ÉTAIT une battante, au beau regard, qui épatait les autres par son talent d'esthéticienne. Aujourd'hui, Audrey, 23 ans, est plutôt une combattante, et sa bataille, c'est celle de la vie. Ce dimanche de mars 2003, son corps s'est brisé dans une courbe de la Grande-Rue de Villemomble. (on reconnait bien le style du Parisien....)
Elle était assise à l'arrière de la petite Peugeot 106 d'un copain, son petit ami était le passager avant et le trio rentrait vers Gagny après une longue et joyeuse nuit au 287 , une boîte branchée d'Aubervilliers. Dans un virage du centre-ville, le jeune chauffeur a fait une embardée et la voiture est allée s'écraser contre un mur. Audrey a été très grièvement blessée (lire ci-dessous), son fiancé a été touché plus légèrement. Le conducteur, Pierre-Emmanuel, s'en est sorti sans dommage. Ce jour-là, il n'était pas ivre, mais il avait fumé du cannabis. Un point qui sera au coeur de son procès, cet après-midi au tribunal correctionnel de Bobigny. Pour Audrey, cette audience sera « l'occasion de régler mes comptes ». « C'est une sorte d'exutoire, souligne-t-elle. Après, je pourrai mieux me reconstruire. On doit lui retirer son permis, l'obliger à assumer sa responsabilité. Je me fiche de ses excuses... Ce serait beaucoup trop tard et cela ne changera rien à ma vie. Il y a un an et demi, il est venu une fois à l'hôpital et, depuis, rien. » Audrey et ses parents savent que rien n'est acquis dans ce combat judiciaire. Car, dans le dossier des juges du tribunal de Bobigny, il y aura le cannabis fumé par un chauffard dont les aveux ont été confirmés par l'analyse sanguine, et ce compteur de vitesse bloqué à 120 km/h dans une rue limitée à 50, mais aussi des questions.
Le conducteur fumeur de cannabis est revenu sur ses aveux « Selon le rapport de police, Audrey n'avait pas de ceinture de sécurité, explique son père. Comment savoir, maintenant ? Elle se souvenait l'avoir mise, mais se souvient aussi s'être penchée pour demander à son ami de ralentir. L'a-t-elle enlevée alors ? » Audrey sait que devant la cour, elle devra affronter ce jeune homme qui, aujourd'hui, conteste la plupart des éléments d'accusation, comme ses propres souvenirs. « A force de me poser la question, je finis par douter, soupire la jeune femme. Comment être sûre que j'avais bien mis ma ceinture ? » Au cours de sa garde à vue, le jour même de l'accident, Pierre-Emmanuel a reconnu sur procès-verbal avoir consommé du cannabis. Depuis, pourtant, le jeune homme remet en question le dépistage de stupéfiants, et conteste avoir fumé le moindre joint durant les heures précédant l'accident
Le procès du chauffard renvoyé au mois de mars
L'AUDIENCE a duré trois minutes. Audrey et ses parents sont repartis déçus. Frustrés d'une confrontation qu'ils attendaient depuis un an et demi, avec autant d'angoisse que d'espoir d'enfin pouvoir « tourner une page ».
Le procès du jeune chauffard responsable de l'accident qui a brisé la vie de la jeune femme, le 16 mars 2003 dans un virage de Villemomble, a été renvoyé au 1 e r mars prochain. Un renvoi à la demande des avocats du jeune homme, mais dont les motifs font l'effet d'une nouvelle esquive à sa victime. Depuis des mois qu'elle s'y préparait, pas à pas comme elle mène sa « reconstruction », Audrey se sentait prête. Mais dans quatre mois ? « C'est long, quatre mois » et sa patience, sa résignation, la jeune femme les a perdues dans le fracas d'un accident dont l'auteur, cet ami qui conduisait la voiture où se trouvaient Audrey et son compagnon, lui aussi blessé, conteste la plupart des éléments à charge.
Le jeune homme est revenu sur ses aveux Deux motifs ont toutefois convaincu les magistrats de la 12 e chambre correctionnelle de la nécessité de renvoyer ce dossier où se mêlent vitesse, imprudence et, très probablement, consommation de cannabis. Poursuivi essentiellement pour « blessures involontaires » et excès de vitesse, Pierre-Emmanuel avait reconnu, devant les policiers, avoir « roulé vite » et même fumé du cannabis. Depuis, il est revenu sur ces aveux, servi par les imprécisions des constats puis de l'enquête : le compteur de la petite 106 était bloqué à 120 km/h, le jeune homme estime désormais qu'il « ne regardait pas le compteur mais ne roulait pas à 60 ». Faute de relevé précis, son avocat en a fait un atout : « Pas à 60 », cela ne signifie pas « plus de 60 » et selon lui, le jeune homme peut selon lui avoir perdu contrôle... en roulant moins vite. « Quand on voit les photos de la voiture, l'on sait que c'est parfaitement faux », s'indignent les parents d'Audrey. Leur fille est restée vingt-sept jours dans le coma et les médecins eux-mêmes les avaient « préparés » à sa mort. L'argument les écoeure. Le cannabis ? Cela aussi, le jeune homme conteste. Il n'est d'ailleurs pas poursuivi pour cela : l'accident s'est produit un mois après le vote de la « loi Marilou », mais quinze jours avant son entrée en vigueur... Aucune expertise précise n'a permis de quantifier, ni surtout de dater la consommation de cannabis reconnue, le jour des faits, sur procès-verbal. Enfin, le constat des policiers fait planer le doute sur la principale victime, Audrey, éjectée de la voiture. Selon les policiers, elle n'avait pas de ceinture de sécurité. Elle pense l'inverse, mais ses souvenirs sont eux aussi restés dans la tôle écrasée. De son côté, l'avocat de la compagnie d'assurances du chauffard n'entend pas assumer les frais de l'accident. Selon M e Jollif, le jeune homme, jeune conducteur à l'époque et donc soumis à d'onéreuses « surprimes », a fait une fausse déclaration : la carte grise de la 106 était à son nom mais l'assurance à celui de sa mère.