Mini -rappel historique de la prohibition
CIRC, Collectif d'Information et de Recherche Cannabique
Le dossier du cannabis.
Les faits contenus dans ce mini-rappel démontrent que les arguments utilisés pour justifier la prohibition du cannabis revêtent plus un caractère raciste, voire moral, que des préoccupations sanitaires.
Pour parvenir à leurs fins, les prohibitionnistes se sont laissés aller à des exagérations, frisant parfois le grotesque, jetant ainsi un discrédit sérieux sur le bien-fondé de cette prohibition.
"La prohibition en matière de drogues trouve son origine dans des groupes de pression défendant le plus souvent des intérêts corporatifs, nullement représentatifs des intérêts de la collectivité."
Marie-Andrée Bertrand, Psychotropes, vol.V.
A la fin du siècle dernier, l'usage courant du cannabis n'avait pas encore envahi l'Occident. Dirigé par Mgr Brendt, évêque de Manille, le premier mouvement prohibitionniste s'attaque à l'opium, introduit aux Etats-Unis par les coolies.
Puissant, entraîné par l'église, les ligues de vertu et autres associations familiales, le mouvement réussit à imposer, le 1er janvier 1919, la prohibition de l'alcool. "Les buveurs deviendront tôt ou tard des ivrognes", telle était la thèse des grands champions de l'abstinence.
L'échec retentissant du Volstead Act poussa les partisans de la prohibition à se recycler, et ils trouvèrent dans "la drogue" un terrain de prédilection. Les voici donc partant en guerre contre la marijuana, qui remontait le fleuve Mississippi jusqu'à la Nouvelle-Orléans et arrosait le prolétariat noir.
En 1926, le New Orleans Tribune lance une campagne de presse diffamante et, un an plus tard, la marijuana est interdite de séjour en Louisiane. Mais le but des lignes moralisatrices est d'interdire l'usage du cannabis sur tout le territoire.
Le très sérieux New Orléans Médical and Surgical Journal écrit en 1931 : "L'avilissante et pernicieuse influence du haschisch et de l'opium ne l'est pas seulement pour les individus, mais pour les nations et les races aussi. La race dominante et les pays éclairés sont alcooliques, tandis que les races et les nations intoxiquées au chanvre et à l'opium pour certaines se sont détériorées moralement et physiquement". Notons l'amalgame, déjà, entre les produits du pavot et ceux du cannabis, deux plantes totalement différentes, ainsi que ces concepts de race et de nation mis en avant ainsi que le fait que certaines soient supérieures à d'autres. Un an auparavant, le département du Trésor avait créé le Bureau fédéral des narcotiques, dirigé par Harry Anslinger, qui devait tenir le rôle principal dans le grand film de la prohibition.
En 1929, fervent partisan de la prohibition de l'alcool, il demande que chaque achat d'une bouteille de bière fasse l'objet d'une demande préalable au ministère des Finances. Sa chance, il la trouva en la personne du nouveau ministre des Finances, Andrew Melton, l'oncle de sa femme, très lié à Du Pont de Nemours,l'inventeur du Nylon qui voulait éradiquer le chanvre trop concurrentiel au profit de ses fibres synthétiques. Il sera donc nommé à la tête du Bureau des narcotiques, lequel dépend du ministère des Finances, on l'aurait deviné.
Il faudra sept ans d'une campagne acharnée, une campagne empreinte de racisme, de xénophobie et fondée sur d'énormes mensonges, telle cette affirmation citée par Jean Basile et Georges Khal : " On peut cultiver assez de marijuana dans un bac à fleurs pour rendre toute la population des Etats-Unis complètement folle ".
Il faudra sept ans pour que le Bureau fédéral présente devant le Congrès le Marijuana Tax Act. Harry Anslinger ramena sur le tapis la légende du haschisch et des Assassins, affirmant que la marijuana engendrait le crime et que, consommée régulièrement, elle conduirait à la dégénérescence, alors qu'aucun médecin, aucun chercheur, aucun représentant de la communauté noire, qui formait le gros des fumeurs, ne furent invités. Fort de ce premier succès, Harry Anslinger entame une campagne contre le jazz, qui, lui aussi, " provoque la déchéance des races ".
Belle constante dans l'argumentation.
De 1948 à 1950, Anslinger changea son fusil d'épaule : au lieu de jouer sur la peur de la violence, il s'appuya sur celle qu'inspiraient les "rouges". C'était l'époque du maccartisme.
L'opinion américaine découvrait avec horreur que la marijuana était une drogue plus dangereuse encore qu'elle ne l'avait imaginé.
En 1948, devant un Congrès d'un anticommunisme forcené, puis dans les colonnes des journaux, Anslinger prétendit que la marijuana mettait ceux qui en consommaient dans un état si paisible et si pacifiste qu'il ne restait plus aux communistes qu'à les cueillir. Bien entendu, les soldats américains étaient les premiers concernés... Qu'adviendrait-il de l'Amérique si, sous l'influence de la marijuana, les G.I. refusaient de se battre pour leur pays ?
La virevolte avait été plutôt subite. Manifestement, Anslinger n'était pas gêné par les contradictions. On notera avec intérêt, mais sans étonnement, qu'à partir de 1948 la presse offrit une tribune de premier ordre à Anslinger et à ses plus fervents supporters ( les congressistes des Etats du Sud et son meilleur ami, le sénateur Joseph McCarthy ).
En 1951, Anslinger devient président de l'US Drug Commission, il triomphe en 1961 en inscrivant le cannabis dans la Convention unique, qui réglemente au niveau mondial les drogues. A septante ans, il est débarqué par John Fitzgerald Kennedy, et le Congrès se penche sur la corruption au sein du Narcotics Bureau.
On l'aura compris, la prohibition du cannabis trouve son origine dans des intérêts personnels plutôt que sanitaires, avec des arguments totalement mensongers.
Cette poussée moralisatrice, ou tout au moins présentée comme telle, fortement teintée de racisme (le cannabis rendait les Noirs insolents : ils prétendaient alors valoir les Blancs ), déclencha quelques protestations. Cependant la guerre arriva, puis l'après-guerre, et il fallut attendre les années soixante, les écrivains beatniks initiés par les musiciens de jazz, pour que la marijuana retrouve sa popularité et engendre de nouveaux courants antiprohibitionnistes.
D'une certaine manière, la réconciliation entre les communautés noire et blanche commença par le jazz et l'herbe, tout ce que Anslinger combattait avec rage...
Dans les années septante, bien que de nombreuses voix venues d'horizons divers s'élevaient contre l'interdiction d'un produit consommé depuis des siècles par des millions d'êtres humains sur toute la planète, le cannabis redevint la cible privilégiée des prohibitionnistes, de la même manière que le rock l'était devenu.
La thèse de la marijuana engendrant le crime ou, au contraire, le pacifisme, est délaissée. Une thèse chasse l'autre.
On abondonne l'interdiction au nom d'une morale et on s'appuie surtout sur celle des dommages sanitaires et sociaux causés par son usage Ceux-ci largement majoré par le phénomène d'amalgame que recouvre le mot drogue et les choix sociologiques opérés, la confusion entre chômage, problèmes sociaux, et le goût pour le chanvre.
Une théorie aujourd'hui moribonde, la théorie de l'escalade, fit les beaux jours des prohibitionnistes. Elle est née à la suite d'un sondage publié aux Etats-Unis en 1975 affirmant que 26 % des fumeurs de marijuana sont de futurs adeptes de l'héroïne ( donc 74 % qui ne le seront jamais ). D'après les nombreuses enquêtes effectuées depuis lors, seulement 5% franchissent le pas. Et les choses sont bien sûr beaucoup plus complexes que ce que racontent les lieux communs.
Une importante théorie développée par Gabriel Nahas, surnommé le "docteur Folamour du cannabis" par ses détracteurs, est celle de l'épidémie. Les pauvres, c'est-à-dire les immigrés entassés en bordure des villes, attrapent le virus, qu'ils transmettent à la jeunesse. Les adolescents, certains groupes socioculturels étant plus touchés que d'autres, cherchent à faire des adeptes et, comme ils s'adressent à un public réceptif, l'épidémie s'étend et bientôt gangrène une partie de la jeunesse.
A écouter Gabriel Nahas et consorts, les jeunes de 13 à 20 ans sont touchés par l'épidémie. Puis les jeunes vieillissent. Ils ont des enfants, bientôt des adolescents qui "tombent" à leur tour. Le scénario pessimiste nie toute volonté chez le consommateur... Est-ce la raison pour laquelle le professeur Nahas opère une distinction entre le cannabis utilisé par les intellectuels et le cannabis consommé par de pauvres types, incapables de "se satisfaire d'une occupation routinière et ennuyeuse". Aujourd'hui, les derniers arguments avancés mettent en cause plutôt l'ignorance, traitent de quelques risques sociaux, ou se contentent de parler des effets désastreux de la prohibition en désignant le produit comme seule et unique cause.C'est là qu'intervient la thèse de la drogue engendrant la délinquance, ce qui, pour le cannabis, se limite à la commercialisation clandestine.
Selon moi (Kriiizzz)...L'historique de la prohibition en France nous vient de quelques scientifiques du XVIIIième siècle réfractaires de surcroît qui pour des raisons encore obscures ont qualifiés le cannabis et ses effets d'indésirable. Ce qui entraîne ce que l'on connaît en France à savoir une totale interdiction lorsque ces mêmes pseudo-scientifiques avaient acquis une certaine notoriété dans leur époque. Ce lobby persiste puisque renforcé par les traités internationaux sur la lutte contre le trafic de drogue.
De nos jours les choses ont pas mal bougées dans les esprits puisque même les non consommateurs pour la plupart n'ont rien contre cette plante si ce n'est lui reprocher d'avoir tendance à mettre dans un état plutôt marrant à voir et un peu dégradant à leurs yeux. On a pu même constater que certains politiciens osent avouer qu'ils en ont consommé. Pour les consommateurs, le fait d'être toujours en train de regarder par dessus son épaule pour voir si un policier ne les guette pas est la seule gêne qu'entraîne leur pêcher mignon. On peut aisément constater que lorsque le fumeur de cannabis passe un certain seuil (âge, situation sociale,...) il ne rencontre plus ou presque de problème quand il s'agit d'une simple consommation. Les problèmes deviennent alors une certaine difficulté à s'approvisionner et risquent alors de se trouver confronté à un milieu marginal dans lequel circule toute sorte de substance avec les risques que cela comporte. Il est tout de même aberrant de constater que le cannabis est interdit dans un pays où l'alcool (la pire de drogues dures!!!) est en vente "contrôlée" à tous les coins de rue. Ce même pays 1er exportateur d'alcool se dit luttant contre le trafic international de drogue.
Il faut arrêter de se voiler la face et mettre fin à la politique de l'autruche...