Réduction des risques : 78 députés ont disjoncté

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Réduction des risques : 78 députés ont disjoncté

Messagepar digitall » 31 Jan 2006, 23:41

MILDT 300106

L'AFP et LE FIGARO de samedi signalent qu'à l'initiative du député UMP Jean Paul Garraud, 78 députés de droite ont demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la MILDT et sur certaines associations de lutte contre la toxicomanie.

L'AFP indique que dans une lettre adressée au Premier-ministre ces députés, parmi lesquels figurent Bernard Debré, Jean Claude Goasguen et Christine Boutin, demandent par ailleurs que l'année 2006 soit déclarée « année de lutte contre la toxicomanie ».
Jean Pierre Garraud, auteur de la lettre cosignée par ses collègues, qui déclare que « les pouvoirs publics, particulièrement la MILDT (…) mènent une politique de gestion de la toxicomanie au prétexte de la réduction du risque », accuse les responsables de la Mission de «mettre en oeuvre » des « stratégies de banalisation des drogues et d'apprentissage à se droguer proprement ». Et le parlementaire de poursuivre « Pire encore, les associations financées par le ministère de la santé et la MILDT distribuent des kits pour se droguer propre ainsi que des flyers détaillant les différentes étapes pour consommer proprement l'héroïne et la cocaïne à des adolescents non toxicomanes dans des lieux festifs et des établissements scolaires ». Les signataires du textes disent condamner « cette dérive politique de prévention des risques et demand(er) la création d'une commission d'enquête parlementaire(…) sur l'utilisation des fonds de la MILDT et sur les subventions allouées à des associations présentant sous un jour favorable les drogues ».

LE FIGARO indique en brève que 78 députés ont demandé une commission d'enquête parlementaire sur la MILDT qu'ils accusent de « banaliser voire encourager l'usage de certains stupéfiants ».
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Re: Réduction des risques : 78 députés ont disjoncté

Messagepar digitall » 01 Fév 2006, 23:53

Les errements de la lutte contre la toxicomanie

- Extraits de la lettre adressée à M. Dominique de Villepin, Premier Ministre, le 25 janvier dernier cosignée par plus de 80 députés.

Au cours de ces quinze dernières années, les Français ont assisté avec angoisse à la progression de la consommation de drogue chez les adolescents, fléau qui menace au quotidien l’avenir de leurs enfants. Avec consternation, les parents ont découvert que la France détient le triste record d’être le premier pays européen en matière de consommation de drogues par les jeunes. Avec courage, ces parents que nous rencontrons tous les jours ne cessent de nous rappeler leur opposition à toute politique de banalisation de la drogue.

Or, les français constatent que les pouvoirs publics, particulièrement la mission ministérielle en charge de la lutte contre la toxicomanie, mènent une politique de gestion de la toxicomanie, au prétexte de la réduction des risques.

Déjà en octobre 2001, le Sénateur Roland du Luart, alors rapporteur de la commission sénatoriale sur la politique de la MILDT, dénonçait les dérives de celle-ci, dans son rapport intitulé « Que fait la MILDT de son argent ? ». Roland du Luart critiquait sévèrement la politique de banalisation de la consommation de drogues. Il s’interrogeait également sur les alliances que la MILDT développait avec les associations revendiquant la légalisation des drogues, telles ASUD et Technoplus, ou bien le maintien dans une toxicomanie supposée « plus propre », telle SOS Drogue International.

L’Inspection Générale des Affaires Sanitaires et Sociales relevait également une « opacité, un manque de transparence dans la gestion » de cette dernière association, s’interrogeant sur « ses méthodes et motivations ».

Dans le rapport confidentiel qu’il remettait à Monsieur Jean-Pierre Raffarin alors Premier ministre le 17 mars 2003, il recommandait la création de salles de distribution d’héroïne au nom, une fois encore, du dogme de la « réduction » des risques. La mobilisation de l’association Parents contre la Drogue (ex : France Sans Drogue) devait suspendre ce processus.

Le Président de la MILDT n’en réitérait pas moins sa demande lors de la conférence organisée le 26 novembre 2004 par l’association SOS Drogue international ainsi que lors des réunions des responsables européens de la lutte contre la drogue, à la consternation de ces derniers.

Pire encore, des associations financées par le Ministère de la Santé et la MILDT distribuent des kits pour se « droguer propre » ainsi que de flyers détaillant les différentes étapes pour consommer « proprement » l’héroïne et la cocaïne à des adolescents non toxicomanes dans des lieux festifs et des établissements scolaires !

Aussi, en tant qu’élus du peuple et en tant que responsables associatifs, nous partageons la profonde indignation de nos concitoyens ainsi que leur détermination à ne pas laisser l’avenir de leurs enfants se désagréger du fait d’une simple politique de gestion de la toxicomanie. Les drogues sont dangereuses pour notre jeunesse, pour les familles, pour notre société qu’elles fragilisent, blessent et fracturent.

Nous condamnons cette dérive de la politique de la prévention des risques et nous demandons la création d’une commission d’enquête parlementaire procédant à une enquête sur l’utilisation des fonds de la MILDT et les subventions allouées à des associations présentant sous un jour favorable les drogues.

(...)
Réactions des internautes
Les errements de la lutte contre la toxicomanie, par daniel (animateur de prévention)

S’il existait une méthode pour éradiquer la toxicomanie, depuis le temps ça se saurait ! Peut être êtes vous plus fort que les autres ? J’attends que vous me fassiez part de la méthode que vous allez employer et surtout je tiens à vous dire que si la RDR n’est pas la panacée, elle s’inclut dans un dispositif global et que le taux de contamination chez les UDVI(usagers d drogue par voie injectable) est de 4% alors qu’elle augmente dangereusement chez les hétérosexuels ou les homosexuels. Enfin ce n’est pas parcequ’il y a des bars que je suis alcoolique ! D’ailleurs, vous le Girondin on ne vous entend pas beaucoup sur les méfaits d l’alcool ! J’attends votre rponse avec impatience danielkad@club-internet.fr Merci d’avance.
Les errements de la lutte contre la toxicomanie, par Jean-Paul Garraud

Cher Monsieur, je n’ai évidemment pas la science infuse mais les dérives de la politique de prévention des risques sont bien connues. Elle n’est pas dans sa globalité négative mais il est indispensable de la recadrer car je constate qu’à une dépendance, on arrive à substituer d’autres dépendances. Le sujet est loin d’être facile et mérite bien plus que ces quelques mots. Je ne méconnais en aucune façon le travail de ceux qui sont au contact des toxicomanes mais je vous assure que je ne suis pas le seul à me poser ces questions. Bien cordialement. Jean-Paul GARRAUD
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Re: 78 députés ont disjoncté, CP de l'ANIT

Messagepar digitall » 21 Jan 2013, 04:01

et voilà en primeur le communiqué de presse de l'ANIT :

« Réduire les risques n’est pas augmenter l’usage,
à propos d’une commission d’enquête parlementaire »

78 députés demandent l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire visant l’utilisation
des budgets de la MILDT. L’argument central de cette interpellation est le financement par la
MILDT d’associations qui par leur orientation en faveur de la Réduction Des Risques,
favoriseraient l’usage de drogues.
S’il n’est nullement question de contester le rôle des parlementaires dans le contrôle de l’utilisation
des fonds publics, leur remise en cause des politiques de soin repose sur une dangereuse
confusion. Car il y a bien confusion à ne pas distinguer ce qui relève de la réduction des risques,
ce qui relève de la prévention et ce qui relève du soin.
Les acquis de la réduction des risques sont certains, diminution des overdoses, réponse adaptée
tant à l’épidémie de SIDA qu’à celle du VHC, contact plus précoce avec les plus exclus des
usagers et donc diminution de la criminalité. S’il nous paraît difficile de l’attribuer à tel ou tel
versant des actions de la RDR, c’est bien à cette politique dans son ensemble que ces progrès
sont dus. Elle ne saurait donc raisonnablement être remise en cause, et notamment en menaçant
des associations qui se sont historiquement mobilisées pour en défendre les apports.
Il est nécessaire que la société envoie des messages pour prévenir la consommation de
substance. Mais lorsque ces consommations existent, il est tout aussi nécessaire d’éviter qu’elles
aient les conséquences les plus dramatiques. C’est cela qui rend non seulement légitime mais
indispensable sur le plan de la santé publique que l’on délivre des seringues gratuitement. Ce qui
garantit que ces messages ne sont pas incitatifs à la consommation, c’est leur inscription dans une
politique de santé et c’est précisément pourquoi les pouvoirs publics doivent soutenir, encadrer et
suivre ces actions. C’est ce principe que les députés avaient adopté lors d’un précédent débat.
Pour autant, ce débat peut se poursuivre si nous voulons éviter un rejet de ces politiques, lié à
l’incompréhension d’une partie de la population. Chacun peut réfléchir à des adaptations, des
évolutions pour mieux en établir les bases et en limiter les éventuels dérapages. C’est donc par
une politique globale d’accès aux traitements de substitution, inscrite dans une pluralité de
réponses que cet objectif sera le mieux atteint. La place de l’abstinence, le rôle possible des
communautés thérapeutique qu’évoquent au détour d’une phrase nos députés demandent le
même effort de définition pour qu’elles puissent prendre place dans ce dispositif.
Dans l’étonnante introduction de leur demande, ces députés se réfèrent à une augmentation de
“l’usage de drogue”, évoquant une première place de la France, et attribuent à la politique de
réduction des risques la responsabilité de cet état de fait. Surprenante confusion vraiment, car il
semble que ce soit “l’usage de cannabis” qui se cache derrière les termes “d’usage de drogue », et
c’est donc son augmentation qui provoquerait la mobilisation parentale, étrangement attribuée à la
seule association “Parents contre la drogue”.
La politique de Réduction des Risques serait donc responsable de l’usage de cannabis !
Il faut dénoncer cet amalgame, et nous soutenons que le travail fait auprès des usagers dans les
boutiques, par exemple, visant une meilleure prise en charge de leur santé par le conseil,
l’orientation, l’accès aux seringues propres, n’a aucune conséquence sur l’augmentation de
l’usage de cannabis chez les 14-15 ans, mettant cet usage à la hauteur de celui de l’alcool. Ni en
France, ni au niveau européen, un lien de causalité entre réduction des risques et usage de
cannabis chez les adolescents ne peut être affirmé. Il faut chercher d’autres causes à cette
situation et développer des actions et des programmes adéquats, tant en matière de prévention
que de soins.
Cette erreur de perspective attribuable à une connaissance partielle ou partiale du dossier,
pourrait faire sourire, si effectivement, et en cela nous sommes d’accord avec les auteurs de la
lettre, la question n’était grave pour de très nombreuses familles.
L’ANIT s’est pleinement engagée pour chercher des réponses à cette progression des usages de
cannabis, mais aussi d’alcool et d’autres substances.
Nous n’avons pas cessé d’interpeller les pouvoirs publics quant à ces usages, en soulignant qu’ils
étaient plus nombreux, avec des produits plus forts, concernant un public plus jeune…..
C’est pour cela que de très nombreux Centres de Soins spécialisés ont développé, la plus part en
lien avec le programme de la MILDT, d’autres sur des modèles originaux, des consultations
spécialement orientées vers ces publics.
Une campagne d’information, insuffisante certainement, a été faite. D’autres sont en préparation.
Là encore, le débat reste nécessaire. Partageant certains des objectifs du plan quinquennal, nous
sommes en discussion sur d’autres. Les programmes de prévention, le rôle dans ce dispositif des
CIRDD, la notion de partenaires de proximité pour entretenir au quotidien un accompagnement
éducatif, et non simplement informatif, des actions visant à « structurer » et renforcer les capacités
de décision des adolescents, tout cela peut se débattre. Tout cela doit se débattre ! Mais pas dans
une confusion polémique qui nuit à la cohérence des discours!
Puisque nos représentants appellent à une année 2006 faisant de la toxicomanie une grande
cause nationale, mobilisons nous pour que celle ci s’élève à la hauteur des enjeux. Il est à la fois
possible d’agir contre l’usage de substances psychoactives chez les adolescents, et de développer
une politique de réduction des risques efficace. Les associations d’usagers ou de santé
communautaire ont un rôle à jouer auprès des publics concernés qu’aucune autre association ne
peut mener à leur place. Il serait parfaitement contre-productif pour l’accès aux soins et pour la
santé publique, de rejeter ces associations dans la clandestinité et le silence comme le réclament
les députés. Il faut au contraire travailler avec elles pour qu’elles s’inscrivent dans une politique
générale qui vise à faire diminuer la consommation et à en réduire les dommages sanitaires et
sociaux. C’est la société dans son ensemble qui en sera aidée.
Jean-Pierre COUTERON, Président de l’ANIT
ANIT
9, passage Gatbois
75012 PARIS
Tél : 01 43 43 72 38
Fax : 01 43 66 28 38
Courriel : secretariat@anit.asso.fr
Site : http://www.anit.asso.fr
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