Date : 28/11/05
Source : Le Monde (AFP)
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Nicolas Sarkozy veut réformer les lois sur l'usage de la drogue et les
violences de groupe
LEMONDE.FR | 28.11.05 | 16h57 * Mis à jour le 28.11.05 | 18h28
Le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, a annoncé, lors d'une
intervention devant les préfets, lundi 28 novembre, vouloir des lois
apportant "de nouvelles réponses pénales" à la consommation de stupéfiants
ainsi qu'aux violences commises en groupe. Il leur a fait part de son
projet de "proposer au premier ministre des réformes" et a évoqué ces deux
chantiers, qui seraient inclus dans le plan de prévention de la
délinquance. Ce plan doit en effet être rapidement remis à M. de Villepin.
Sur la consommation de drogue, notamment sur le cannabis, M. Sarkozy
confirme sa volonté de changer la loi de 1970. Lors de son premier passage
Place Beauvau, une tentative s'était heurtée à l'opposition d'une partie du
gouvernement. En lui succédant à l'intérieur, Dominique de Villepin avait
écarté un tel changement législatif. Nicolas Sarkozy entend reprendre
l'essentiel de ses propositions d'alors, notamment remplacer les peines de
prison, rarement prononcées pour les usagers, par des contraventions
systématiques de cinquième catégorie (allant jusqu'à 1 500 euros), qui
apparaissent au casier judiciaire et permettent un traitement de la
récidive.
A l'intérieur, on ne cache pas que ce projet vise avant tout à réprimer la
consommation "massive" de cannabis, quand la loi de 1970 visait l'héroïne.
"Le trafic de stupéfiants est souvent à la base de la délinquance dans les
banlieues. Pour consommer, il faut de l'argent et quand on ne travaille
pas, il faut s'en procurer par des méthodes que la loi réprouve",
ajoute-t-on. L'intérieur souhaite que le nouveau texte, qui pourrait être
examiné par le Parlement au printemps, permette de garder "quelques heures"
les consommateurs "à disposition de la police judiciaire" afin de remonter
les filières. Par ailleurs, la prison resterait possible dans certaines
circonstances et pour certaines catégories d'usagers (policiers,
enseignants, éducateurs...).
"MISE EN PLACE D'ÉTABLISSEMENTS À VERTUS PÉDAGOGIQUES"
Nicolas Sarkozy souhaite également une répression spécifique de la
"violence en groupe". A l'intérieur, on assure qu'il ne s'agit pas de
ressusciter la loi anti-casseurs de 1970, honnie par les syndicats et la
gauche, qui l'avait abrogée en 1981, et qui permettait de poursuivre tout
participant à un rassemblement interdit sans qu'il ait nécessairement
commis personnellement des violences. "Il faut une plus grande certitude de
réponse à l'acte délictueux, avec, par exemple, la mise en place
d'établissements à vertus pédagogiques", assure-t-on à l'intérieur.
Accusé lors des émeutes d'avoir supprimé la "police de proximité" mise en
place par la gauche, il a ajouté qu'il préférait la notion de "sécurité de
proximité". "A ceux qui disaient 'retour à une police essentiellement
préventive' qu'ils appellent abusivement 'police de proximité', je réponds
'sécurité de proximité'", a déclaré Nicolas Sarkozy.
"SORTIR DES GÉNÉRALITÉS"
Nicolas Sarkozy a insisté auprès des préfets sur la lutte contre l'économie
souterraine, les appelant à "sortir des généralités". Il leur a demandé
d'organiser une réunion mensuelle avec les magistrats et de mettre sur pied
des "cellules mixtes ad-hoc" d'enquêtes, unissant tous les services
concernés, pour "mettre hors d'état de nuire les équipes".
Il les a enfin appelés à "réduire les fractures" dans les quartiers
difficiles qui ont connu près de trois semaines de violences. "Il va vous
revenir de réduire ces fractures, de réconcilier, de redonner de l'espoir,
de l'envie de vivre ensemble", a poursuivi le ministre, avant de demander
aux préfets de se rendre "personnellement" dans ces quartiers.
Avec AFP