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Télévision
Série documentaire. Un panorama des drogues sur Arte.
Le cerveau fait le joint
Par Sophie ROSTAIN
jeudi 13 octobre 2005
Les auteurs ont publié : le Cerveau et les drogues : LSD, cocaïne, héroïne, cannabis, tranquillisants, alcool, tabac, sexe et jeux aux Editions du Panama (22 €).
Arte, 19 h, jusqu'à vendredi. «Drogues et cerveau : un défi pour
la science», de Jean-Pierre Lentin
et Stéphane Horel, réalisé
par Christine Carrière.
«Atous les rats et souris qui chaque jour dans les laboratoires contribuent à une meilleure compréhension de la conscience humaine.» Le remerciement clôt chaque épisode de cette passionnante série consacrée aux actions des drogues sur notre cerveau. Une fois la dette morale acquittée, qu'apprend l'homo sapiens ? Que l'humanité, depuis la plus haute Antiquité, est un ramassis de camés. Surtout, que ce que l'on supposait s'avère : la drogue fait plaisir. Un plaisir chimique. Schématiquement, et à des degrés divers selon le produit, la drogue agit, notamment, sur la réception et la recapture de deux substances produites par le cerveau : la sérotonine et la dopamine. D'ordinaire, elles attendent, confortablement planquées dans nos neurones, qu'un signal leur demande de s'en aller se faire capter par des récepteurs fixés sur d'autres neurones. Quand ces capteurs sont comblés, un recapteur vient les «aspirer». C'est cette vidange, nécessaire, que bloque l'absorption de drogues. D'où une euphorie, une hyperactivité gestuelle et mentale, dues à une absence de régulation des informations. Dans la catégorie du fouteur de bazar neuronal, c'est sans conteste l'alcool, «drogue sale» comme l'appellent les chercheurs, qui remporte le pompon (il en a été question hier).
Et le cannabis ? demanderont quelques-uns parmi les 160 millions de fumeurs de la planète. Humbles et précis, les neuropharmaciens avouent ce soir que l'on sait encore peu de chose sur son action. Seule certitude : la présence dans notre cerveau d'un système cannabinoïde endogène. Comme le précise Rafaël Maldonado, neuropharmacologue : «Notre organisme est préparé pour recevoir ces molécules, les cannabinoïdes.» Ce système ne libère que la quantité nécessaire à notre cerveau. Le THC en fumette est plus généreux. Mais que fait-il au juste ? En 1992, les chercheurs isolent l'anandamide et déterminent que le THC se fixe sur ses capteurs CB1. Une pierre dans un jardin déjà bien rempli. Car voilà la différence majeure du cannabis avec la cocaïne ou l'héroïne : le nombre très élevé des récepteurs sensibles à cette substance qui voyage jusqu'au cervelet, responsable de nos mouvements, au tronc cérébral, au striatum, à l'hippocampe et à l'amygdale, glande où naissent, notamment, nos peurs et nos angoisses.
Le reportage se termine sur les vertus antalgiques du cannabis qui ont poussé des pays comme la Suisse à le produire et le distribuer à certains patients. Autre application actuellement étudiée : le traitement de l'obésité. Demain, il sera question du LSD et surtout de l'ecstasy, dont les recherches indiquent l'irréversibilité de certains dégâts.
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