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A 22 ans, un p'tit joint pour faire la fête
Une équipe d'épidémiologistes a tenté de cerner le profil du fumeur régulier de cannabis.
Par Julie LASTERADE
mardi 17 mai 2005 (Liberation - 06:00)
Il existe, mais qui est-il vraiment ? Les chercheurs n'ont pas vraiment d'image précise du fumeur de joints régulier. Dans l'édition datée d'aujourd'hui du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'Institut de veille sanitaire, une équipe d'épidémiologistes lâche quelques «éléments descriptifs des usagers fréquents de cannabis».
La norme. Quelques repères seulement, car l'usager de cannabis est difficile à approcher, «du fait du caractère illicite de cet usage», expliquent les auteurs. Et du fait que les consommateurs réguliers ne se ressemblent pas tous. Les chercheurs ont travaillé à partir de quelque 1 500 questionnaires remplis par des jeunes de 15 à 29 ans ayant fumé au moins 20 joints au cours des 30 derniers jours. Il apparaît que le consommateur régulier de cannabis est beaucoup moins marginal que ne le disent certains. C'est un homme (72 %), âgé de 22 ans et sept mois en moyenne. Il a commencé à 15 ans et quatre mois et il est actif la plupart du temps. Activité salariée ou étudiant (14 % seulement sont au chômage). Le consommateur de cannabis tel qu'il apparaît dans le BEH aime les études. La plupart du temps, il a au moins son bac (60 % ont réussi cet examen et/ou ont continué leurs études).
On ne sait pas si le cannabisophile est informatisé mais très peu (2 %) s'approvisionnent via l'Internet; 24 % ont la main verte (près d'un quart a eu recours à sa culture personnelle), et la grande majorité (78 %) achète le cannabis à des amis. Les cadeaux sont fréquents (66 %). La moitié des consommateurs investit 40 à 125 euros par mois dans ce produit. En général, le consommateur de cannabis sait rouler. 85 % le fument sous forme de joint mélangé à du tabac. Mais la pipe sèche ou à eau est aussi appréciée (39 % en ont utilisé une au cours du dernier mois). Infusion ou space cake ont moins de succès (21 %).
Moment de partage. Pour observer le fumeur de joints, mieux vaut le rencontrer le week-end ou en soirée. «La soirée reste le moment privilégié de consommation (93 % souvent ou toujours), suivie par la nuit (59 %) et l'après-midi (52 %).» En général, en fin de semaine, un tiers fume cinq à neuf joints et un autre tiers plus de dix. En semaine, pas plus de quatre quotidiens. Où le trouver ? Le plus souvent chez lui, mais aussi en boîte ou dans des fêtes. «Les établissements d'enseignement ou de travail sont rarement des lieux habituels de consommation (14 %)», écrivent les chercheurs. Le consommateur de cannabis cherche souvent à se détendre. C'est l'un des principaux motifs de consommation qu'il met en avant. Il aime aussi partager cet instant avec des amis ou faire la fête.
Mais les chercheurs s'inquiètent. Certains de leurs sujets d'étude ont avoué consommer «par habitude, pour dormir ou pour se défoncer». 4 % déclarent avoir eu des problèmes avec la loi du fait de cette consommation. Et beaucoup prennent le volant dans les quatre heures qui suivent leur consommation.
Le consommateur de cannabis se sent-il dépendant ? Un sur cinq environ a du mal à passer une journée sans. Pourtant, plus de 10 % se plaignent des effets secondaires. Et certains de ces gros consommateurs vivent dans une grande «fragilité sociale». «Les personnes les plus en difficulté sont souvent plus jeunes, au chômage, de faible niveau d'études, avec un début précoce de consommation et un mode de consommation autre que le joint.»
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