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Des joints plus actifs dans le Nord
Une étude répertorie, dans quatre lieux en France, les dosages en THC.
Par Matthieu ECOIFFIER
lundi 02 mai 2005 (Liberation - 06:00)
le pétard de 2005 n'est plus celui de 1968. Voilà l'une des antiennes de la croisade anticannabis de la droite réactionnaire. Le cannabis actuel «génétiquement modifié» serait beaucoup plus concentré en principe actif (le THC ou tétrahydrocannabinol) avec des taux «portés à 25 %, 30 % voire 40 %», a-t-on martelé dans les rangs de l'UMP lors du débat sur les drogues à l'Assemblée nationale. Bref, dans ces proportions, le joint serait une «drogue dure». Une étude inédite relativise cette affirmation qui fait de quelques échantillons une généralisation. Cette note dont Libération a eu connaissance restitue pour la première fois une photographie du cannabis réellement consommé en France.
Entre septembre et novembre 2004, des enquêteurs de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) ont collecté 241 échantillons de cannabis à Bordeaux, Dijon, Lille et en Martinique. «On s'est mis dans la situation d'un jeune fumeur et on a acheté du shit directement dans la rue Sainte-Catherine ou place de la Victoire», raconte un enquêteur bordelais. Résultat : si les concentrations augmentent, elles n'explosent pas : «La part des échantillons contenant 15 % ou plus de THC représente 12,5 % des résines et 14,5 % des herbes.» La proportion de ceux dosés à plus de 20 % est d'environ 3 % (voir tableau). Le cannabis le plus fort domine à 26,5 % de THC.
Mais quid du joint de base ? Les concentrations moyennes varient de 9,7 % à 13 % pour la résine et de 6,1 % à 13,3 % pour l'herbe. L'observatoire des drogues note par ailleurs que le joint est plus fort à Lille qu'à Bordeaux, ce qui pourrait être lié «à la présence de produits d'origine néerlandaise», écrit l'OFDT. «A Bordeaux, on est abreuvés par le shit qui vient du Sud : les Marocains se sont adaptés pour rivaliser avec le nord de l'Europe», analyse l'enquêteur bordelais. Par ailleurs, «il n'a été trouvé de traces d'autres produits psychoactifs dans aucun des échantillons. Il semble donc très peu probable qu'il existe en France, à la fin 2004, à une échelle importante, de coupage du cannabis avec d'autres produits agissant directement sur le système nerveux central», écrit l'OFDT.
Comparer ces analyses avec celles effectuées sur les saisies des douanes et de la police permet de dégager une tendance : le joint est devenu un peu plus fort. «Le cannabis est plus dosé. On est à 10 % en France et à 20 % en Hollande», note Didier Jayle, le président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie. «Globalement, la moyenne actuelle est égale au maximum relevé il y a dix ans par la police», note un relais local de l'OFDT. A ces taux, la France s'inscrit dans la moyenne européenne.
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