Socrates, le nouveau Premier ministre socialiste du Portugal, est pour la
dépénalisation des drogues.
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Monde
Portugal, le dessein de Socrates
Le nouveau Premier ministre socialiste veut moderniser son pays.
Par Marie-Laure COLSON
mardi 22 février 2005
Mesuré, jusque dans la victoire. Alors qu'autour de lui applaudissements et
klaxons célébraient, dimanche soir, la victoire sans précédent de la
gauche, qui aura une majorité absolue au Parlement portugais, José Socrates
Pinto de Sousa disait d'un air grave : «Je veux former un bon gouvernement
avec des gens crédibles.»
Programme. Les Portugais voulaient du changement, ils en ont. En lieu et
place de l'ex-Premier ministre de centre droit, Pedro Santana Lopes,
élégance ostensible et séduction populiste, ils auront pour les quatre
années à venir l'ingénieur Socrates, un homme du Nord, réservé et obstiné
quand il s'engage dans un combat. Du droit des consommateurs à recevoir des
factures téléphoniques détaillées à l'incinération des déchets industriels,
il prend les choses à coeur, n'hésite pas à se faire des ennemis, y compris
dans son camp. Cette fois, le challenge est d'une autre envergure :
moderniser le Portugal par l'investissement et un «choc technologique»,
réduire les dépenses publiques en diminuant le nombre des fonctionnaires.
Son programme, rédigé par l'ancien commissaire européen aux Affaires
intérieures, Antonio Vitorino, est plus proche de l'orthodoxie prônée à
Bruxelles que d'un manifeste socialiste. En cela, José Socrates est en
phase avec un parti dont il a été élu secrétaire général en septembre
contre deux candidats plus à gauche.
A 47 ans, c'est un professionnel de la politique : éphémère adhérent des
jeunesses sociales démocrates (centre droit), il entre au Parti socialiste
en 1981, est élu député en 1987, et fait sa première expérience
gouvernementale lors du retour des socialistes au gouvernement en 1995, en
tant que secrétaire d'Etat à l'Environnent. En Europe, affirme-t-il, son
modèle est la Suède, stabilité budgétaire et protection sociale. Un peu le
contraire du Portugal, en somme. Ses déclarations sur la pauvreté ont
permis de faire la différence avec son adversaire et lui ont concilié une
partie de l'opinion, déprimée par la hausse du chômage (7,1 % fin 2004). Le
nouveau Premier ministre s'affirme «libéral» en ce qui concerne la vie
privée. Il a notamment promis un nouveau référendum sur la dépénalisation
de l'avortement, passible de prison.
Frivolité mesurée. Divorcé, il protège sa vie privée et ses deux fils. Il a
eu des positions atypiques, s'est par exemple prononcé en faveur de la
dépénalisation de la drogue. Il fait du jogging depuis qu'il a arrêté de
fumer, mais s'accorde parfois une cigarette antistress. Il a participé
pendant deux ans à une émission politique à la télévision, en compagnie de
son adversaire d'hier, Santana Lopes. Une concession à la frivolité très
mesurée.
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