Vous ne voulez pas finir comme lui dans une bulle...
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http://www.drogues.gouv.fr http://www.liberation.fr/page.php?Article=278554Depuis sa trachéotomie, Jean Paul II ne peut plus parler mais sa démission reste taboue.
Le pape dans sa bulle
Par Eric JOZSEF
samedi 26 février 2005 (Liberation - 06:00)
Rome de notre correspondant
Un petit calepin et un stylo à bille pour diriger l'Eglise catholique. Depuis sa nouvelle hospitalisation, mercredi à l'hôpital Gemelli, Jean Paul II n'a plus que ce moyen pour continuer à communiquer urbi et orbi. Victime d'une rechute, après sa grippe du début du mois, le souverain pontife n'est, pour l'heure, plus en mesure de parler. Jeudi soir, ses médecins ont décidé de pratiquer une trachéotomie (ouverture de la trachée au bas du cou pour introduire une canule) afin de faciliter sa respiration et ont conseillé au pape de ne pas s'exprimer pendant plusieurs jours.
Aggravation subite. Lors de la précédente hospitalisation, du 1er au 10 février, l'équipe médicale du Gemelli avait tout fait pour éviter une telle intervention. Grâce à une cure de cortisone, elle était ainsi parvenue à éviter une opération chirurgicale en principe relativement bénigne mais plus complexe pour un homme de 84 ans atteint de la maladie de Parkinson.
Cette fois, devant l'aggravation subite de la situation, ils ont préféré pratiquer une trachéotomie à huit heures du soir, un horaire tardif pour une telle intervention. Malgré tout, le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls, continue de lancer des messages rassurants. «La trachéotomie n'a pas été une intervention d'urgence», a-t-il assuré vendredi midi lors d'une conférence de presse convoquée pour diffuser un bulletin de santé de Jean-Paul II. «Le pape a passé une bonne nuit de sommeil tranquille» et a pris avec «bon appétit» un petit déjeuner, a précisé Joaquin Navarro-Valls, soulignant qu'il «respire sans assistance», qu'il «n'a pas de fièvre» ni «d'infection bronchopulmonaire».
A Rome, on reste toutefois très circonspect. Selon le Corriere della Sera, jeudi, Jean Paul II a eu «de nouveau de la fièvre et a de nouveau risqué de suffoquer». Il y a quelques jours, un médecin avait admis que la survie du souverain pontife, le 1er février, s'était jouée à un quart d'heure près. L'hospitalisation aurait dû être plus longue. Mais c'est Jean Paul II, lui-même qui aurait insisté pour sortir au plus vite de la clinique, prenant même le risque de s'exposer, lors de l'angélus de dimanche dernier, au vent glacial de l'hiver en saluant les fidèles de sa fenêtre de Saint-Pierre.
Face à l'optimisme proclamé du Vatican, les spécialistes médicaux font part de leur préoccupation. «Aujourd'hui, une simple inflammation des voies respiratoires pourrait précipiter la situation, notamment d'un point de vue psychique. Le pape pourrait être victime d'un état confusionnel transitoire», a indiqué vendredi le directeur du département neurologique de l'université de Turin, Bruno Bergamasco, soulignant que la «maladie de Parkinson prédispose aux infections des voies respiratoires supérieures» et que «la grippe est la principale cause de décès de ces malades». La nouvelle hospitalisation de Jean Paul II «est la démonstration que son système immunitaire n'est plus en mesure de combattre les infections» a-t-il insisté. Avec les deux dernières crises respiratoires, le pape «court le risque d'un arrêt cardiaque, car le coeur n'est plus oxygéné par l'air qui devrait passer à travers la bouche, le larynx, la trachée et les poumons. Il risque de mourir d'étouffement», a pour sa part estimé l'ancien anesthésiste du pape, Corrado Mani.
«Tout à toi». Vendredi, Joaquin Navarro-Valls n'a pas été en mesure de dire si Jean Paul II se présenterait aux yeux des fidèles dimanche, à l'occasion de l'angélus. Il a simplement indiqué qu'à son réveil de l'opération, il avait saisi le petit carnet mis à sa disposition pour y tracer deux brèves phrases : «Mais que m'ont-ils fait...» puis, juste en dessous, «Je suis toujours Totus tuus» c'est-à-dire «tout à toi», une formule latine inscrite sur ses armes pontificales et signifiant qu'il remet son sort à la Vierge Marie.
Malgré son état de santé, Karol Wojtyla semble ainsi décidé à poursuivre jusqu'au bout son magistère. La question d'une éventuelle démission n'est toujours pas prise en considération, bien qu'elle soit prévue par le droit canon. Et dans les couloirs du Vatican, personne ne veut, pour l'instant, entendre parler d'«empêchement» du pape. Prévue pour les évêques qui sont dans l'impossibilité d'être en contact avec les fidèles, en cas d'emprisonnement par exemple, cette procédure pourrait être utilisée pour remplacer Jean Paul II si celui-ci perdait sa lucidité. Ce n'est jusqu'à présent pas le cas même si celle-ci ne s'exprime désormais plus qu'avec un petit calepin et un stylo à bille.
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