par Anonymous » 02 Fév 2005, 07:55
Une campagne pour convaincre les jeunes que le cannabis n'est pas leur ami
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PARIS (AFP) - Une campagne sur le cannabis, qui débute la semaine prochaine, tentera de convaincre les jeunes Français, gros consommateurs de haschisch, qu'en fumer peut avoir des conséquences néfastes sur leur vie, selon ses concepteurs.
Le ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy doit présenter mercredi à la presse six films, huit spots radio et des encarts pour la presse écrite, autour desquels s'articulera la campagne, confiée par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) à l'agence parisienne Leg.
Selon un de ses concepteurs, l'idée est d'"informer sans diaboliser", et de dénoncer non "la consommation de cannabis" en général, mais son "usage problématique" par une frange des fumeurs.
Cette notion, défendue par les professionnels, a longtemps été combattue par les pouvoirs publics car, selon un médecin, "elle suppose implicitement qu'il peut y avoir un usage non problématique".
"Je ne sais pas si elle sera réussie, mais cette campagne s'est donné les moyens de sortir du débat idéologique dans lequel est enfermé le cannabis en France", se félicite le psychiatre Jean-Michel Delille, qui anime un service spécialisé à Bordeaux et a été consulté lors de la préparation de la campagne.
Les messages concernent exclusivement les conséquences sanitaires et sociales de l'usage de cannabis. Le ministère de l'Intérieur et la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) préparent cependant une autre campagne, prévue fin 2005 ou début 2006, sur "l'aspect répressif, avec un rappel de l'interdit et des sanctions encourues, et un volet sur l'économie souterraine" générée par le trafic, selon des sources ministérielles.
Les films diffusés à partir du 8 février, opposent à l'imagerie positive qu'ont la plupart des jeunes du cannabis, des témoignages, dits par des comédiens mais qui sont "réels", assure un concepteur de la campagne.
A la conviction qu'"Avec le cannabis, on se sent super bien", un acteur oppose, face à la caméra, une expérience de "bad trip", racontant nausées et idées noires. Les difficultés d'apprentissage et l'échec scolaire sont narrés dans deux spots, répondant à l'assertion selon laquelle "Avec le cannabis, on comprend tout".
Deux autres témoignages contredisent l'idée qu'"Avec le cannabis, on se fait plein d'amis", tandis qu'un sixième traite de la dépendance en s'inscrivant en faux contre l'affirmation selon laquelle "Le cannabis, c'est pas vraiment une drogue".
"C'est une campagne difficile, avec la nécessité d'éviter d'un côté l'écueil de la +dramatisation+, et de l'autre celui du +Fumer, c'est pas grave+", explique un concepteur de la campagne pour justifier la fadeur du slogan générique ("Le cannabis, c'est une réalité").
La volonté de ne pas diaboliser explique aussi l'absence de certains thèmes comme le cancer ou la schizophrénie: "Pour des jeunes, cela reste abstrait, lointain. Il fallait rester dans le concret, dans des expériences qui leur parlent", explique cette source.
Autre sujet absent, le cannabis au volant. C'est pourtant "le risque n°1 pour les jeunes", regrette le Dr Delille.
Les spots radio et télé, comme les encarts de presse écrite, renvoient à un numéro (0 811 91 20 20). Les animateurs qui répondront disposent d'une liste des 250 centres où les consommateurs de cannabis peuvent recevoir soins et conseils.
Parallèlement, des brochures ont été éditées: l'une à destination des parents, l'autre des jeunes, tandis qu'un "Guide à l'arrêt", inspiré d'une expérience australienne, a été préparé pour les professionnels.