Reporters sans frontières dénonce l'intimidation des médias au Maroc (04/01/05 00:13)
RSF dénonce l'intimidation des médias au Maroc
le 01/01/2005
Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement le recours à la violence
contre un journaliste ainsi "qu'une instrumentalisation de la justice " en
vue d'intimider les professionnels des médias.
Selon l'organisation, Lahcen Aouad, journaliste de l'hebdomadaire Assahifa
Al Ousbouia, a été agressé, le 9 décembre 2004 à Rabat, par des membres des
forces de l'ordre alors qu'il couvrait un sit-in de diplômés chômeurs. Et
Mohamed Bouhcini, collaborateur du magazine hebdomadaire Tel Quel, a été
interpellé et inculpé de «trafic de drogue» après avoir servi de guide à
une journaliste qui réalisait un reportage sur les circuits de drogue dans
la région du Rif central.
RSF demande aux autorités de mener une enquête sérieuse et approfondie afin
que les auteurs de l'agression contre Lahcen Aouad soient identifiés et
punis. Reporters sans frontières demande par ailleurs aux autorités
marocaines de produire les preuves de la culpabilité de Bouhcini ou
d'ordonner sa libération immédiate.
Source : L'Economiste
Article lu 292 fois
Copyright 2002-2004
http://www.rsf.org/article.php3?id_article=12208
Maroc | 30.12.2004
Un journaliste agressé et le collaborateur d'un média incarcéré
Lahcen Aouad, de l'hebdomadaire Assahifa Al Ousbouia, a été agressé par les
forces de l'ordre alors qu'il couvrait une manifestation à Rabat tandis que
Mohammed Bouhcini (photo), collaborateur d'une journaliste du magazine Tel
Quel, est incarcéré depuis le 13 décembre sans motif d'inculpation.
Reporters sans frontières condamne fermement le recours à la violence
contre un journaliste ainsi qu'une instrumentalisation de la justice en vue
d'intimider les professionnels des médias.
Lahcen Aouad, journaliste de l'hebdomadaire Assahifa Al Ousbouia, a été
agressé, le 9 décembre 2004 à Rabat, par des membres des forces de l'ordre.
Mohammed Bouhcini, collaborateur du magazine hebdomadaire Tel Quel, a été
interpellé et inculpé de " trafic de drogue " après avoir servi de guide à
une journaliste qui réalisait un reportage sur les circuits de drogue dans
la région du Rif central.
Reporters sans frontières condamne fermement le recours à la violence
contre un journaliste ainsi qu'une instrumentalisation de la justice en vue
d'intimider les professionnels des médias.
L'organisation demande aux autorités de mener une enquête sérieuse et
approfondie afin que les auteurs de l'agression contre Lahcen Aouad soient
identifiés et punis dans les meilleurs délais.
Reporters sans frontières demande par ailleurs aux autorités marocaines de
produire les preuves de la culpabilité de M. Bouhcini ou d'ordonner sa
libération immédiate.
Un journaliste agressé par les forces de l'ordre
Le 9 décembre dernier, à Rabat, des diplômés-chômeurs marocains ont
organisé une marche, du Parlement au siège du Premier ministre, pour
"revendiquer leur droit légitime et légal au travail". Le journaliste
Lahcen Aouad couvrait l'événement pour Assahifa Al Ousbouia.
Manifestation des dipômés-chômeurs à Rabat le 9 décembre 2004
Les nombreux policiers présents sur les lieux lui ont réclamé à plusieurs
reprises sa carte de presse. Il a d'abord été insulté et menacé pour qu'il
quitte les lieux. Alors qu'il photographiait des manifestants tabassés par
les forces de l'ordre, le journaliste a été victime, à son tour, de coups
de pied et de bâton. Les policiers ont même essayé de lui prendre son
appareil photo. M. Aouad souffre aujourd'hui de multiples contusions à la
cuisse et à la tête, qui lui valent un arrêt de travail de 22 jours.
Le collaborateur d'un média incarcéré
Après avoir passé une semaine dans les montagnes du Rif pour un reportage
sur le trafic de drogue, la journaliste du magazine Tel quel, Chadwane
Bensalmia, est rentrée à sa rédaction à Casablanca, le 12 décembre 2004. Le
jour même, son collaborateur à Ouezzane (à environ 220 km de Casablanca),
Mohamed Bouhcini, a reçu des menaces anonymes sur son portable pour avoir
servi de guide à la journaliste. Le 13 décembre , ce dernier a été convoqué
au bureau du commissaire principal de Ouezzane pour apprendre qu'un
prisonnier, condamné pour trafic de drogue, l'accusait de lui avoir livré
du haschich. Pourtant, comme les registres l'attestent, M. Bouhcini n'a
jamais mis les pieds dans la prison de Ouezzane. Suite à ce témoignage, le
collaborateur a été écroué dans la même prison que le plaignant. Depuis ce
jour, M. Bouhcini est incarcéré sans qu'aucune plainte ait été déposée
contre lui.
Fait exceptionnel, c'est le procureur du Roi en personne, M. Yassine
Oumama, qui a demandé que le collaborateur soit présenté au juge
d'instruction. Mohammed Bouhcini risque jusqu'à huit ans de détention si
l'accusation de trafic de drogue est retenue. Trois demandes de mise en
liberté provisoire ont été rejetées.
Joint par téléphone, Ahmed R. Benchemsi, directeur de la rédaction à Tel
Quel, a déclaré à Reporters sans frontières, que " l'incarcération de
Mohammed Bouhcini est une atteinte flagrante à la liberté d'informer. [Š]
Inquiéter les sources et les contacts des journalistes est une nouvelle
méthode pour les intimider et les empêcher de faire leur travail ".
Plusieurs rédactions marocaines, dont Al Ayyam, Al Ahdath Al Maghribiya et
le Journal Hebdomadaire, ont rallié un mouvement de solidarité qui demande
la libération de Mohamed Bouhcini.
Reporters sans frontières défend les journalistes emprisonnés et la liberté
de la presse dans le monde, c'est-à-dire le droit d'informer et d'être
informé, conformément à l'article 19 de la Déclaration universelle des
droits de l'homme. Reporters sans frontières compte neuf sections
nationales (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France,
Grande-Bretagne, Italie, Suède et Suisse), des représentations à Abidjan,
Bangkok, Buenos Aires, Istanbul, Montréal, Moscou, New York, Tokyo et
Washington, et plus de cent correspondants dans le monde.
© Reporters sans frontières 2004