La conso de cannabis stagne, réagissons.
Et si on lançait une campagne "t'as fait goûté ta p'tite soeur?"
Quand on a 17 ans, on fume moins et on boit plus (Libération)
Les tendances s'inversent, affirme une enquête sur le tabac et l'alcool.
Par Julie LASTERADE
mardi 05 octobre 2004
e tabac n'a plus la cote et le cannabis se ringardise. D'après l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), qui présentait hier la quatrième édition de l'Enquête sur la santé et les consommations lors de l'appel de préparation à la défense (Escapad), les jeunes de 17 à 18 ans se détourneraient des deux substances.
Usage. La tendance est très sensible, mais les enquêteurs sont sûrs d'eux. «Depuis les années 90, nous observions une augmentation régulière de la consommation de cannabis, note Jean-Michel Costes, directeur de l'OFDT. En 2003, pour la première fois nous voyons l'amorce d'une inversion de tendance de la consommation régulière», surtout chez les garçons. Même constat pour le tabac. Son usage quotidien est passé de 40,2 % en 2000 à 37,2 % en 2003. Une bonne nouvelle car sa consommation chez les jeunes reste élevée : près de la moitié déclarent avoir consommé du tabac au cours des trente derniers jours ; et parmi eux, donc, quatre sur cinq fument quotidiennement. «Environ 12 % des jeunes présentent des signes de forte dépendance (plus de vingt cigarettes par jour et la première au réveil)», précise le rapport Escapad. C'est aussi le «seul produit psychoactif pour lequel il n'y a pas de différence entre les garçons et les filles», continue Jean-Michel Costes. Mais les observateurs ont encore du mal à interpréter ces baisses sensibles. «L'augmentation du prix du tabac est une mesure qui touche plus les jeunes», suppose Didier Jayle, président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt). Les plus dépendants y consacrent un tiers de leur budget. Les dépenses doublent s'ils fument du cannabis. «Le cannabis n'est plus considéré comme un produit cool, convivial et sans danger», continue Didier Jayle.
Hausse. Si la Mildt prévoit de lancer une campagne anticannabis en février 2005, elle est moins entreprenante sur l'alcool. Or la consommation régulière de bière et d'alcools forts des 17-18 ans est en «nette augmentation». Pour les filles, elle passe de 5,5 % à 7,5 % et pour les garçons de 16 à 21,2 %. Même si le nombre de jeunes tentés par «une ivresse régulière» (dix cuites par an) se stabilise, «c'est un clignotant qui s'allume, un signe que ce n'est surtout pas le moment de baisser la garde», ajoute Didier Jayle, qui propose d'augmenter le prix des consommations dans les bars. Mais «le poids du lobby des producteurs est tel que l'action politique est difficile, analyse Claude Bot, président du collège scientifique de l'OFDT. On veut se débarrasser du cannabis et du tabac, pas de l'alcool». Selon Escapad 2003, pour s'acheter de l'alcool, les 17-18 ans auraient dépensé entre 26 et 42 millions d'euros. Par mois.