Des prix très variables !

[Petitgris]

Hé hé, la figure du marchand a rarement eu bonne réputation en occident…
Et ça remonte loin. Depuis Homère : « Ulysse vole, pille, tue mais il ne commerce pas ! » en passant par Platon (le sophiste n’était-il pas aussi un « marchand » de mots ) puis Aristote. Baudelaire (qui n’en est pas à sa première éructation sur ce respectable forum) y va avec la mesure qu’on lui connaît : « Le commerce est par essence satanique.[…] Pour le commerçant, l’honnêteté elle-même est une spéculation de lucre. Le commerce est satanique, parce qu’il est une des formes de l’égoïsme, et la plus basse et la plus vile ».
Il est clair que le don, pratiqué quotidiennement sur ce forum (tutos et autres astuces et conseils) est autrement plus stimulant…
Pour ceux qui voudraient creuser « philosophiquement » la question du don (de l’échange, de la réciprocité, du commerce…), je conseille un livre passionnant : Le prix de la vérité – Marcel Henaff – Seuil.
Après cette petite propagande philosophique, une petite dernière pour la route (de Nietzsche) : « Mon opposition à l’esprit de commerce en tant qu’à l’esprit de l’époque ».

[Petitgris]

Pierre Poujade qui accueillit Lepen dans ses rangs (plus jeune député de France, à l'époque)...
Sans oublier le comportement d'un bon nombre de "grands patrons" pendant la seconde guerre mondiale...
A l'heure de l'héroisation béate des "entrepreneurs", ce genre de rappel historique est presque blasphématoire...

[Petitgris]

Héhé Scarlat, je reconnais bien le fin rhéteur qui sommeille en toi...
Une contre-attaque (pas de malentendu, dans un contexte de franche camaraderie cannabique) toute nietzschéenne en plus. Et effectivement, avant de gloser et d'en appeler à la Morale et aux Grands Principes, il faut toujours se demander si le ressentiment n'est finalement pas le moteur de l'indignation...
Et je partage tout à fait ton alternative au commerce inégal (se demmerder différemment).
La théorie du « bouc émissaire » est la pierre angulaire d’un sociologue célèbre (René Girard), ça peut t’intéresser.
Maintenant, je dirais qu’on est pas tous égaux devant le bricolage et l’inventivité (Tu crois que Simone, avec son Alzheimer, elle peut suivre un tuto sur la bouturette ?) et qu’on peut souhaiter que le maladroit, le branleur, l’handicapé du cuteur, l’étourdi, le sous informé, l’ermite ou le « faible » comme dirait le père du désintoxiqué d’M6, puisse se procurer du matériel sans trop se faire enfiler comme une buse.
Mais c’est vrai, il a bon dos le commerçant. Il paye cette marchandisation effrénée du monde où tout s’achète. Un monde embourbé dans l’économisme (regardez nos politiques avec leurs incantations sur la « croissance » comme fin en soi).
Pour revenir à Aristote (finalement plus tempéré que Platon concernant le fric), c’était plutôt la chremastique (mot tellement chelou que mon correcteur orthographique Word 6 n’en veut pas) qu’il condamnait : désir insatiable de faire du blé, d’accroître son profit…
Et Thrand n'a pas tort, l'état est aussi un "bouc émissaire" pratique...