Benji... moi ça ne me fait pas rire du tout !
Ne va pas croire que tout est bidon. Personnellement, j'ai fait un bad trip qui présente beaucoup de points communs avec celui-là, quelques semaines après avoir arrêté brutalement le cannabis, à une époque où j'en fumais des quantités importantes.
Crise mystique, paranoïa aiguëe, variante du coups des photos, Samu et hôpital psychiatrique... certes l'entourage trinque : mais celui qui souffre le plus, c'est celui qui délire mal.
Contrairement à mes proches, qui ont eu tendance au moment des faits à faire porter la responsabilité de cet épisode dramatique de ma vie sur le cannabis, je ne partage pas cet avis. La crise était latente, je n'incrimine même pas le cannabis comme déclencheur, mais plutôt comme retardateur et en cela je rejoins l'explication de Couec. Fumer "de longue" m'aidait à l'époque à supporter une réalité insoutenable. Et oui, il faut le savoir, le cannabis contient un anti-dépresseur et un sédatif. A partir du moment où j'ai arrêté de fumer, j'ai pété un cable. Retardateur, mais aussi amplificateur de la crise. En cas de stress important, sous l'influence de l'adrénaline, le foie relargue du THC, qui est hallucinogène. Hallucination visuelles, auditives, olfactives... bref j'ai eu droit à tout ça à l'apogée du délire.
Bouffée délirante, épisode schyzoïde... voilà le genre d'explication que te donne le corps médical. Ce qui n'explique rien en soit. Ca peut même survenir en dehors de tout contexte "toxicomane".
Et franchement, si on se met à la place des proches "non usagers", telle la narratrice de l'épisode ci-dessus, et bien on peut comprendre qu'ils assimilent le cannabis à la crise.
Il y a donc du vrai à mon avis : les faits relatés. 1) XXX apprend une nouvelle bouleversante (il va être papa) et décide d'arrêter le cannabis.
2) Son comportement change dans le mauvais sens du terme et son entourage a du mal à le supporter (avec sans doute un sale feed-back). Là Benji je peux te dire que quand tes parents font appel au Samu ou à la gendarmerie, c'est qu'ils n'en peuvent plus. Mais une crise pareille ça ne s'arrête pas avec des bonnes paroles, de la patience ou autre. Tout ce qu'on te raconte dans cet état là ne fait qu'alimenter ton délire. Le comportement anormal d'une personne que tu connais très bien, sans aller jusqu'à l'automutilation ou à la violence physique, constitue une source de stress terrible, et un évènement face auquel on est complètement dépourvu.
Mais l'interprétation des faits, par contre, de la part d'un non-usager (la narratrice croît que c'est un syndrôme de manque du cannabis ou pire que le cannabis a endommagé le cerveau de son compagnon) comme d'un non usager (Benji qui croit que tout ça est pure invention des anti-cannabis) est plus contestable. Personellement, je ne pense pas comme couec que le type était "grave depressif chronique, limite psycho. sur les bords, à tendance violente dans ces crises" : en tout cas je ne me définis pas comme ça, moi à qui ce genre d'histoire est arrivé. On a tous des moments difficiles dans la vie, chacun a sa sensibilité personnelle et vit les évènements d'une manière particulière, en fonction de sa forme physique, de sa culture, de son histoire, son patrimoine génétique... Il y a des moments de la vie ou plusieurs choses peuvent entrer en résonnance, comme un trop-plein impossible à gérer, et là gare au pétage de plomb, voilà tout. Dans l'expérience relatée, je crois qu'il faut chercher du côté de la future paternité du mec. Etait-il prêt à assumer ça, consciemment et inconsciement ? Quel lien dans son esprit entre le fait de devenir père et le devoir d'arrêter de fumer ? Dans un entourage hostile semble-t-il au cannabis...
Message d'espoir par contre : on peut s'en sortir (de la mauvaise passe, pas du canna hein), se reconstruire et retrouver sa confiance en soi (c'est le point le plus difficile je crois), et même reprendre une consommation modérée du cannabis quand tout va mieux. Pour rassurer cette future maman si tu la vois Benji : depuis cet épisode survenu au printemps 99, j'ai trouvé du boulot, je me suis marié, j'ai eu un enfant... Donc ça n'empêche rien hein.