Source: http://www.ouest-france.fr/europe/itali ... ne-4773447
Italie. L’armée fait pousser du cannabis à la caserne
Le ministère italien de la Santé a confié la production nationale de cannabis thérapeutique au vénérable Établissement chimique et pharmaceutique militaire de Florence. C’est le colonel Antonio Medica qui veille sur cette culture. Le même qui interdit à ses troupes de fumer dans les casernes depuis 40 ans !
Le cannabis est pris très au sérieux en Italie. La culture de cette plante aux vertus médicinales reconnues a été confiée aux militaires. Dans une grande serre installée à Florence, le colonel Antonio Medica veille sur la plantation : « Produire dans cet environnement stérile et fermé est très important, dit-il. C’est la seule manière d’obtenir un produit constant et sans les éléments toxiques, en particulier les métaux lourds comme le mercure, que les plantes absorbent facilement dans les champs ».
Précision rapide, ce cannabis militaire n’est pas destiné à égayer les soirées des troupes. Il alimente les pharmacies du pays où la consommation d’herbe est autorisée pour raison médicale depuis 2007. Jusqu’ici, les médecins s’en procuraient aux Pays-Bas, mais il était trop dosé en THC, le principe actif qui fait « planer » les fumeurs. C’est un autre cannabinoïde qui intéresse le milieu médical : le CBD, un anti-inflammatoire naturel.
Contre les nausées de la chimiothérapie
Selon les études des services de santé, entre 2 000 et 3 000 personnes prennent du cannabis thérapeutique en Italie. Il peut soulager la douleur des malades atteints de sclérose en plaque ou de spondylarthrite ankylosante (rhumatismes quasi constants), les nausées qui suivent une chimiothérapie. Les directives du ministère de la Santé en recommandent aussi l’usage pour redonner l’appétit aux anorexiques ou aux malades du sida.
Le « Projet cannabis » de l’Établissement chimique et pharmaceutique militaire de Florence, vénérable institution fondée en 1853, est encore en phase expérimentale. Mais il est suivi et attendu par de nombreux docteurs qui hésitaient à prescrire du cannabis thérapeutique. « Beaucoup redoutaient des effets secondaires et des dosages non respectés », explique Pierluigi Davolio, un pharmacien de Florence.
Du Mozart pour déstresser l’herbe
Le sérieux militaire rassure. La production des deux serres sera bientôt sur le marché. 100 kg de bonne herbe prévue cette année, chauffée à une température oscillant entre 20° et 28 °C et un éclairage artificiel puissant, et bercée par des morceaux de… Mozart ! Selon certains horticulteurs la musique détresse les plantes. Le colonel Antonio Medica assure qu’il fournit un produit de haute qualité, bien qu’il n’ait pas « testé » lui-même la marchandise en roulant un joint.
Au journaliste de l’AFP qui a pu pénétrer dans les serres de Florence, le colonel a confié un seul cas de conscience : « On a passé 40 ans à essayer d’empêcher les troupes de fumer dans les casernes. Et maintenant c’est nous qui produisons la marchandise ! »