Cannabis : 40 ans de répression, ça suffit !
La politique de prohibition du cannabis menée par la France depuis les années 70 – la plus répressive en Europe – est un désastre patent. Inefficace, budgétivore et liberticide, elle ne sert que les intérêts de mafias qui imposent désormais leur loi sur des quartiers entiers.
Le candidat Sarkozy avait annoncé la couleur : « La drogue n’est pas une liberté ». De fait, depuis son élection, la répression envers les usagers de stupéfiants illicites, qui frappe essentiellement les amateurs de cannabis, soit quelques millions de personnes en France, a atteint de nouveaux sommets d’absurdité.
Avec près de 175 000 interpellations pour « infraction à la législation sur les stupéfiants » pour la seule année 2009, la plupart concernant de simples consommateurs de cannabis, jamais la répression n’avait été aussi brutale.
L’arsenal législatif mis à disposition des tribunaux, de la comparution immédiate aux peines-plancher, en passant par les coûteux et risibles « stages de sensibilisation » infligés aux consommateurs malchanceux, a également été renforcé.
Pourtant, l’échec de cette politique, appliquée avec zèle depuis quarante ans, est avéré. La stratégie la plus répressive d’Europe a paradoxalement dopé le trafic et fait des Français – à commencer par les adolescents – les plus gros consommateurs du continent.
Les rapports sur le sujet, commandés – et aussitôt enterrés – par les gouvernements successifs depuis des décennies, ont pourtant tous conclu à l’obsolescence de la loi de 1970 et recommandé des stratégies plus pragmatiques pour lutter contre les addictions et les trafics, basées sur la limitation des risques plutôt que sur la répression des usagers.
Comme ce fut le cas pour la prohibition de l’alcool aux États-Unis, l’interdiction du cannabis, sans réduire sa consommation, a engendré une économie parallèle incontrôlable, source de revenus colossaux pour des organisations criminelles qui se renforcent sans cesse et mettent en coupe réglée des quartiers entiers, où règne leur loi plutôt que celles de la République.
Quelques maires de cités dites « sensibles » l’ont bien compris, comme Stéphane Gatignon ou Jean-Christophe Lagarde, qui ont osé briser le tabou et affichent leur conviction que seule la fin de la prohibition permettra de venir à bout des trafics qui minent ces villes.
C’est également le cas de l’ancien Ministre de l’Intérieur, Daniel Vaillant, convaincu désormais de la nécessité d’une légalisation contrôlée du cannabis, et qui anime un groupe de travail parlementaire sur la question. Nous attendons avec intérêt ses conclusions.
Ces quelques voix encore isolées réussiront-elles à convaincre l’ensemble de la gauche de porter ce projet nécessaire aux prochaines échéances électorales ? Il faut l’espérer, parce qu’il n’y a rien à attendre en la matière de la part de la majorité conservatrice au pouvoir.
Encore que, à l’heure où le gouvernement cherche désespérément de nouvelles rentrées fiscales pour boucler son budget, nous lui suggérons de calculer ce que rapporterait une taxe sur le cannabis légalisé.
Le MLG appelle ses sympathisants à participer au rassemblement du « 18 joint » organisé par le CIRC ce vendredi 18 juin à partir de 18h au Parc de la Villette.
Plus d’information : http://www.18joint.org
source : http://www.libgauche.fr/cannabis-prohib ... epression/