Dernier "voyage" pour le père du LSD
Le père du LSD Albert Hofmann est décédé mardi à l'âge de 102 ans, 65 ans après la découverte de son «enfant terrible». Ce alors qu'une étude sur la «drogue miracle» vient d'être autorisée en Suisse, la première au monde depuis 35 ans.
Albert Hofmann avait fêté ses 102 ans en janvier dernier. A Pâques, il s'exprimait encore en public à Bâle lors d'un congrès sur les substances psychoactives, le «World Psychedelic Forum». Mardi, le chimiste suisse s'est éteint chez lui à Burg (BL). La secrétaire communale a confirmé la nouvelle mercredi.
Albert Hofmann est né en 1906 à Baden (AG). De 1929 à 1971, il a travaillé comme chercheur dans les laboratoires pharmaceutiques du groupe bâlois Sandoz, où ses travaux ont conduit l'élaboration de différents médicaments à succès.
Par hasard
C'est en étudiant les alcaloïdes de l'ergot de seigle en 1938 qu'il découvre un 25e composé, le diéthylamide de l'acide lysergique. En abrégé, LSD 25. Toutefois, Albert Hofmann n'en découvrira les propriétés que cinq ans plus tard, par hasard.
Le 16 avril 1943, il fait son premier «trip». Il fait tomber par inadvertance une goutte de LSD sur la main. Il est alors troublé par d'étonnantes sensations: angoisse, vertiges, visions surnaturelles, objets se mouvant dans l'espace, sentiment de bonheur et de gratitude. Un nouveau test produit les mêmes effets.
Pourtant, le chimiste n'imagine pas encore que sa découverte sera glorifiée par des millions de personnes, écrit-il dans son livre «LSD - Mon enfant terrible». Il destinait sa découverte avant tout à des utilisations en psychiatrie ou en neurologie.
Succès thérapeutiques
Sandoz produira du LSD 25 en dragées et en ampoules destiné au corps médical entre 1947 et 1966. En 1947, l'Université de Zurich effectue une première expérience sur l'homme et publie un rapport favorable sur cette substance: elle met en évidence les problèmes des patients, alors qu'un tranquillisant les occulte.
Les expériences positives se multiplient: le LSD est utilisé pour désintoxiquer les alcooliques ou pour aider les cancéreux à faire face à la mort. Même l'armée américaine teste la substance sur des soldats.
Parallèlement, le LSD devient une drogue de plaisir. Dès le début des années 1960, surtout aux Etats-Unis, c'est la drogue numéro un dans le mouvement hippie, qui donne naissance à l'art psychédélique. Un auteur écrit à l'époque: «Le LSD est le Christ du 20e siècle sous forme chimique».
ats/tac
TSR.info.ch 30.04.2008
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