PALAIS FÉDÉRAL - BERNE
Ils ont fumé et ils assument
Laurent Crottet
Les parlementaires ont débattu hier de la
libéralisation du chanvre. Ils voteront
certainement contre la semaine prochaine
Fabian Muhieddine - 05/12/2007
Le Matin
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«Oui, j'ai fumé dans ma jeunesse», a avoué hier à
la tribune du Conseil national le Vert Geri
Müller devant l'hilarité générale. Car même si la
plupart des socialistes et des Verts sont en
faveur de l'initiative populaire «pour une
politique raisonnable en matière de chanvre et
protégeant efficacement la jeunesse», la majorité
des partis bourgeois est contre.
Et Christa Markwalder Bär a beau promettre - «Je
n'ai pas fumé depuis des années, mais si
l'initiative passe, je m'allume un joint» -, elle
sait qu'elle ne prend pas beaucoup de risques.
Pourtant, les arguments de la radicale bernoise
font mouche: «Le cannabis rapporte un milliard de
francs au marché noir par année. Nous avons un
gros problème et personne ne veut le résoudre.
Légaliser permettrait plus de contrôle.»
«Chacun défend sa drogue, analyse le Vert Antonio
Hodgers qui avoue «rouler» très mal les joints.
L'ancienne génération de parlementaires est
contre le chanvre, mais ça n'en dérangera aucun
de boire 5 ou 6 verres d'alcool, voire plus.»
Pour le Genevois, la libéralisation permettrait
enfin de mener une prévention efficace auprès des
jeunes et de contrôler les taux de THC qui ne
cessent d'augmenter depuis des années. «Si
l'initiative passe, je suis pour que la police
soit beaucoup plus sévère avec les consommateurs
mineurs.»
Les jeunes divisés
Un problème de génération? En tout cas, à Berne,
il n'y a que les jeunes qui osent avouer avoir
consommé. «J'ai fumé trois ou quatre fois. J'ai
été malade comme un chien», raconte la
conseillère aux Etats Géraldine Savary (PS/VD).
«Ado, j'étais fumeur occasionnel, ajoute Bastien
Girod (Vert/BE) qui est pour la libéralisation.
Ça ne me plaisait pas trop. J'avais l'impression
tout à coup d'être très fatigué. Mais les autres
ont le droit de choisir. Une consommation
quotidienne de chocolat est problématique aussi.»
Parmi les jeunes, tous ne sont pas pour la
libéralisation. Notamment chez les UDC. Ainsi le
Saint-Gallois Lukas Reimann qui a fumé pendant
des vacances à Amsterdam. Il raconte le sourire
jusqu'aux oreilles: «J'étais tranquille, relax.»
Pourquoi diable est-il contre, alors? «Si nous
acceptions, nous donnerions aux jeunes un signe
très fort dans la mauvaise direction.» La
Zurichoise Natalie Rickli est du même avis.
«Libéralisez, c'est montrer le mauvais chemin aux
jeunes. J'ai essayé trois ou quatre fois. Mais ce
n'est pas fait pour moi.»
Il n'en reste pas moins que selon les dernières
statistiques plus de 700'000 personnes (entre 15
et 39 ans) ont déjà fumé du cannabis en Suisse.
Et les antilibéralisation n'avaient hier rien de
concret à proposer.
http://www.lematin.ch/pages/home/actu/s ... enu=339445