Article paru dans l'Est Républicain en page Santé du 4/11/2004
Quelques points de repère
Méga dosé
Fini, le shit « moins dangereux que l'alcool ou le tabac ». On pouvait peut-être le dire de celui qui circulait dans les années 70, dosé à 5 % de tétrahydrocannabinol, le principe actif qui donne au cannabis ses pouvoirs psychotropes. Le haschich d'aujourd'hui comporte au moins 15 % de THC. Ses effets sont plus immédiats et plus violents. L'altération des sensations et des émotions aussi. Les dangers pour la santé mentale s'accroissent en proportion : le consommateur quotidien de cannabis multiplie par cinq le risque de souffrir d'anxiété et de dépression.
Hors la loi
« Une banalisation énorme ! Tout le monde en fume, de plus en plus tôt. Au point que beaucoup de jeunes croient que c'est légal ! On ne peut plus rester à faire semblant qu'on n'a pas vu ». Médecin et directeur du service Communication du CHU de Nancy, le Dr Bertrand Demangeon réagit d'abord en père de famille. « Il y a urgence à agir. Les enseignants sont désarmés. Les parents sont désarmés. Les jeunes eux-mêmes sont inconscients, et des dangers pour la santé, et du caractère illicite du cannabis qui les entraîne dans des situations hors la loi ». Il est vraiment inquiétant de savoir que les adolescents se fournissent en cannabis par des filières scolaires (33 %) bien avant la rue (25 %).
Une thèse à Nancy
Une thèse de médecine générale sur l'addiction au cannabis est en cours de réalisation à la faculté de médecine de Nancy. A partir d'un questionnaire distribué dans un IUT de Lorraine et une école d'ingénieurs de Nancy, les 322 réponses obtenues seront exploitées afin de préciser comment se situent les jeunes de la région en matière d'usage des drogues par rapport aux chiffres nationaux.
Tabac et alcool
Le Dr Jean-Marie Heid est convaincu de l'aide que peuvent apporter aux jeunes qui souffrent les thérapies cognitives et comportementales. « Elles ont prouvé leur efficacité pour le tabac et l'alcool. On a des résultats américains excellents, surtout en thérapie de groupe. L'idée de base, c'est que pour changer de comportement, il faut changer des choses sur le pourtour. On fait des groupes d'affirmation de soi, des jeux de rôle. On met les gens en situation. C'est très simple et abordable par tout le monde », remarque le médecin qui a suivi une formation dans ce domaine. Il espère que de telles thérapies se mettront bientôt en place dans l'Est de la France.