Quand la police résout... plus de 100 % des affaires

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Quand la police résout... plus de 100 % des affaires

Messagepar daniel » 21 Jan 2013, 04:09

Pubdate: 11/01/07
Source: Liberation
Copyright: © Libération
Website: http://www.liberation.fr
URL:http://www.liberation.fr/actualite/societe/227892.FR.php


Société

Jean-Hugues Matelly et Christian Mouhanna,
chercheurs, reviennent sur les bizarreries qui
émaillent les statistiques sur la délinquance
depuis douze ans.
Quand la police résout... plus de 100 % des affaires
REUTERS
Par Jacky DURAND, Fabrice TASSEL
QUOTIDIEN : jeudi 11 janvier 2007
Exclusif * En pdf, téléchargez l'étude complète
http://www.liberation.fr/_docs/Liberati ... ouhana.pdf

de Jean-Hugues Matelly et Christian Mouhanna et
les tableaux de résultats
http://www.liberation.fr/_docs/taux_res ... 5_2006.pdf
*

Un taux d'élucidation de 107 % pour les usages de
stupéfiants ; 108,33 % pour les recels : ces
chiffres sur l'activité des forces de police
jusqu'à fin novembre 2006 seront annoncés
aujourd'hui lors du bilan de Sarkozy. Ainsi, les
enquêtes résolues seraient plus nombreuses que
les faits constatés. Jean-Hugues Matelly,
chercheur associé au Centre d'études et de
recherches sur la police (Cerp) de Toulouse, et
Christian Mouhanna, chercheur associé au Centre
de sociologie des organisations (CSO), ont
analysé cette bizarrerie statistique sur douze
ans (1995-2006). Ils publient leurs conclusions
sur Libération.fr

Pourquoi vous êtes vous intéressés à ces chiffres en particulier ?

J.-H.M. : Nous nous sommes mis à la place du
citoyen face à ces colonnes de chiffres et qui se
pose la question : «Qu'est-ce qui peut me
surprendre ?» Nous avons comparé les faits
constatés et les faits élucidés à travers les 107
index définissant les infractions. Or, pour
certains, on a un taux de résolution des affaires
en permanence supérieur à 100 % par rapport aux
faits constatés.

Quels délits cette anomalie concerne-t-elle ?

J.-H.M. : Il y a notamment ceux qui concernent
l'usage de stupéfiants. Il n'y a pas de plainte,
la police constate le délit en arrêtant un fumeur
de shit, par exemple, et le résout en même temps.
Le nombre de faits constatés doit donc être égal
au nombre de faits élucidés, et le taux de
résolution devrait être de 100 %. C'est
d'ailleurs indiqué dans le guide de méthodologie
qui fixe les règles des policiers. Pourtant, il
est en général de 105 %.

Cela veut-il dire que l'on comptabilise des affaires qui n'existent pas ?

C.M. : C'est plus compliqué. Cela dépend de la
manière dont a été faite l'enquête. Une personne
est arrêtée avec un joint : cela fait un fait
constaté et un fait élucidé. On lui demande si
elle a déjà fumé. Elle répond qu'elle a déjà fumé
un joint l'année dernière dans une autre
circonscription : l'officier de police peut se
dire : «J'ai déjà un fait constaté et résolu et
un autre fait résolu, puisque la personne a
reconnu avoir fumé un joint par le passé.» Le
deuxième ne sera ainsi jamais constaté. Autre
pratique : on vous vole votre chéquier. Quand il
est retrouvé, c'est un fait constaté, mais il
peut y avoir autant de faits élucidés que de
chèques subtilisés. Autre index en cause : les
recels. On a plus de 111 % de taux de résolution
sur douze ans. Que j'aie une ou dix voitures
volées, selon le guide méthodologique, c'est un
recel, donc une infraction. Certains enquêteurs
vont parfois calculer : dix voitures volées
égalent dix infractions. La contrefaçon
artistique est un autre très bon taux de
résolution avec plus de 300 % de faits résolus.
Là aussi, l'unité de compte est l'infraction,
mais la dérive vient du fait que l'on compte le
nombre d'articles contrefaits. Prenez un marchand
de Lacoste : sur un marché, il voit un vendeur
qui fourgue des contrefaçons. Il se rend au
commissariat porter plainte pour contrefaçon. Les
policiers doivent résoudre une seule affaire.
Mais quelquefois, ils comptent autant
d'infractions résolues que de chemises
contrefaites découvertes.

Pourquoi ces dérives ?

C.M. : A la fois on dit aux policiers de
respecter les normes, et en même temps on fait
pression pour qu'ils produisent les bons
chiffres. Prenons un exemple : si vous voulez
améliorer votre taux d'élucidation sur les
cambriolages, vous avez trois moyens : soit vous
trichez sur les chiffres des taux d'élucidation,
soit vous êtes plus efficaces, soit vous ne
prenez pas les plaintes. Le paradoxe dans la
police, c'est que si vous voulez faire baisser la
délinquance, vous fermez tous les commissariats
de France pendant 48 heures, vous allez avoir une
baisse extraordinaire de la délinquance
enregistrée !

C'est donc la conséquence de la culture du résultat ?

C.M. : Il y a cela, mais pas seulement. Tout
dépend si on est content ou mécontent de son
ministre. Quand la loi Guigou sur la présomption
d'innocence a été adoptée en juin 2000, elle a
instauré un nombre important d'obligations pour
les policiers, notamment sur la garde à vue. Il y
a eu aussi la crise de la gendarmerie. Ces
phénomènes ont joué sur la baisse du taux de
résolution. 2000, 2001, on voit que les chiffres
ne surévaluent presque plus la résolution. Arrive
Nicolas Sarkozy, qui promet des moyens et annonce
aux policiers : «On va vous évaluer sur vos
chiffres». Le mois suivant, les chiffres de la
police changent.

Faut-il changer la méthode de mesure ?

C.M. : Aujourd'hui, police et gendarmerie
mesurent leur propre activité. Elles sont juges
et parties. Il n'y a pas de contre-pouvoir. La
base et la hiérarchie y trouvent leur compte. La
statistique policière est une construction qui
reflète aussi l'humeur des fonctionnaires et
l'état de leurs relations avec leur ministre.
D'où l'idée de faire contrôler leurs activités
par un organisme réellement indépendant dont le
budget ne dépendrait pas d'un ministère.

On n'est donc pas dans un système de bidonnage généralisé ?
J.-H.M. : A mon sens, non. Le système a des
défauts, sauf qu'ils vont toujours dans le même
sens, celui de la surévaluation. Ils varient avec
les années et la façon dont la police est traitée.


http://www.liberation.fr/actualite/soci ... 892.FR.php
© Libération

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