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3 questions a Jean Costentin

MessagePosté: 19 Déc 2006, 08:09
par daniel
Pubdate: 11/12/06
Source: CNRS
Copyright: © CNRS
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URL:http://www2.cnrs.fr/presse/journal/3176.htm


CNRS > Presse > Journal du CNRS > L'euro /
N°203 Décembre 2006 / L'euro > GUIDE

3 questions àS Jean Costentin

Jean Costentin est professeur de pharmacologie à
la faculté de médecine et de pharmacie de Rouen,
directeur de l'unité de neuropsychopharmacologie
(CNRS / Université de Rouen) et directeur de
l'unité de neurobiologie clinique du CHU-Hôpitaux
de Rouen.

Jean Costentin

Halte au cannabis !


Éd. Odile Jacob, octobre 2006, 264 p. - 21,90 euros

La consommation de cannabis, chanvre indien,
marijuana et de sa résine, le « shit », ou «
haschich », remonte à la nuit des temps :
pourquoi ce livre sans complaisance, qui sonne
comme une véritable alarme ?
Parce que ces trois dernières décennies ont
transfiguré le paysage du cannabis. Ce n'est plus
la « fumette », c'est une drogue dont la
puissance a été décuplée par divers artifices et
dont la diffusion a pris une allure pandémique
chez nos adolescents : entre douze et quatorze
ans, 300 000 de nos gamins y ont déjà goûté ; or,
le cerveau de ceux-ci est fragile car encore en
formation. Sachez que, parmi les 27 États membres
de l'espace européen, les Français et les
Tchèques sont les plus gros consommateurs de
cannabis. 800 000 Français, surtout entre quinze
et vingt-cinq ans, en sont des consommateurs
réguliers, 400 000 l'utilisent quotidiennement.

Consommer beaucoup un produit n'a d'importance
que si ce produit est toxique, et génère des
dommages psychiques ou physiques. Qu'en est-il
pour le cannabis ?
Maintes données épidémiologiques, cliniques et
neurobiologiques récentes confirment les
vraisemblances qui existaient de longue date sur
la nocivité du cannabis. De toutes les drogues,
le tétrahydrocannabinol (THC), principe actif du
cannabis, est le seul à se stocker durablement
dans le cerveau et le tissu adipeux. Un joint,
c'est pour une semaine dans la tête, et des
joints, c'est pour des mois dans l'organisme ! Le
THC agit à de très faibles concentrations et au
très long cours sur certaines fonctions. Outre
l'induction d'ivresse, de délire,
d'hallucinations, il diminue l'éveil,
l'attention, les capacités éducatives ; il
provoque une dépendance psychique telle qu'un
sujet sur quatre en devient « accro » et une
dépendance physique dont les expressions sont
très décalées par rapport à sa dernière
consommation. Il induit une tolérance qui conduit
à multiplier les prises et à accroître les doses
pour retrouver l'effet recherché. Les relations
se précisent entre l'abus de cannabis et le
déclenchement ou l'aggravation de troubles
schizophréniques.
De plus, son association à l'alcool est
dramatique sur la route. En outre, la dépendance
au cannabis fait percevoir d'emblée, sur un mode
exceptionnellement plaisant, les effets de
l'héroïne - c'est pourquoi nos 150 000
héroïnomanes français sont tous passés
préalablement par le cannabis. Par ailleurs, le
cannabis est porté sur les épaules du tabac.
Comme il génère cinq à sept fois plus de goudrons
cancérigènes que celui-ci, cela accroîtra la
fréquence des cancers broncho-pulmonaires et
O.R.L. et rendra leur apparition plus précoce.
Enfin, il a des conséquences néfastes sur le
développement f¦tal, puis sur le développement
psychomoteur de l'enfant. Etc.

Cette situation alarmante relève-t-elle d'une fatalité ?
L'occultation des données disponibles, la mise en
exergue de pseudo-activités thérapeutiques, la
démission d'adultes, ont contribué à dérouler le
tapis rouge au cannabis. Mais ce n'est pas une
fatalité, la Suède l'a montré. Elle a connu dans
les années soixante-dix une semblable pandémie
cannabique et, grâce à des mesures législatives
et surtout éducatives, elle compte désormais dix
fois moins de toxicomanes en 2005 que la moyenne
des États européens. « Où il y a une volonté il y
a un chemin. » Cette volonté mise au service de
notre jeunesse devrait lui ouvrir des chemins
plus radieux que la précipitation dans la marmite
des toxicomanies.

Propos recueillis par Léa Monteverdi

Re: 3 questions a Jean Costentin

MessagePosté: 21 Jan 2013, 04:09
par arnaud
L'ami Costentin a de nouveau frappé sur France-Inter et sur une vidéo mise en ligne sur un site scientifique normand. Pour ceux que cet iconoclaste chercheur-idéologue au CNRS croisé anticannabis intéresse, j'ai un mis un billet et des liens vers le best-of de Costentin sur mon blog, ainsi qu'un extrait de ses meilleures répliques: http://www.droguesnews.com