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lundi 26 juin 2006, mis à jour à 20:20
Journée contre la drogue
Peut mieux faire
Auriane Boudin, avec Reuters
A l'occasion de la Journée internationale contre la drogue, l'ONU a publié son rapport annuel. Si la lutte contre les trafics et la prévention portent ses fruits, le danger demeure, en particulier en matière de "drogues douces"
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Drogues: de l'héroïne à l'ecstasy
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Risques et vertus du cannabis
es efforts internationaux en matière de lutte contre la drogue ont produit des résultats encourageants mais cette tendance positive pourrait facilement s'inverser, selon le rapport de l'ONU sur les drogues pour l'année 2006, publié lundi à Vienne.
Plusieurs succès majeurs
"Le contrôle de la drogue fonctionne et le problème mondial de la drogue est maîtrisé" a affirmé Antonio Maria Costa, directeur du bureau de l'ONU pour la drogue et la criminalité (UNODC). Il s'est dans un premier temps félicité des efforts internationaux entrepris pour réduire le danger des drogues illicites et qui ont permis d'enrayer l'augmentation de la consommation constatée pendant 25 ans. En 2005, l'UNODC aurait, selon lui, obtenu des succès majeurs dans le "Triangle d'or" du sud-est asiatique. La Birmanie a réduit de 26% ses cultures de pavot, servant à la fabrication d'opium, d'héroïne ou de morphine, alors que le Laos a réduit ces mêmes cultures de 72% et est presque devenu "exempt de cultures de pavot". En Afghanistan, premier producteur mondial d'opium, la culture du pavot a diminué pour la première fois depuis 2001. Même si, "la situation de la drogue reste précaire en raison de la grande pauvreté, du manque de sécurité et du contrôle insuffisant des autorités sur le territoire", a poursuivi le directeur de l'UNODC.
Cannabis et cocaïne en ligne de mire
En revanche, le bilan en matière de "drogues douces" est plus mitigé. La consommation de cannabis, la drogue la plus répandue au monde, s'est constamment accrue au cours de la dernière décennie et continue d'augmenter, ajoute le rapport. Sur les 5% de la population mondiale entre 15 et 64 ans, qui consomment de la drogue au moins une fois par an, 162 millions consomment du cannabis, selon les derniers chiffres datant de 2004.
Toujours selon ce rapport, la consommation de cocaïne atteint des niveaux inquiétants. L'Amérique du nord reste en tête, avec 6,5 millions de consommateurs, soit la moitié du marché mondial de la cocaïne. Mais cette consommation est en hausse en Europe, où l'on estime le nombre de consommateurs à 3,5 millions. La principale critique présentée par Antonio Maria Costa vise le "style de vie occidental" et celui des célébrités chez qui l'usage de la cocaïne est répandu. Ce facteur expliquerait une hausse alarmante de la consommation de cette drogue en Europe, qui équivaut à 26% de la consommation mondiale de cocaïne.
Plus de 20 000 décès par an liés aux drogues
La Commission européenne a également profité de cette journée mondiale pour présenter ses propres estimations. Dans son rapport, elle fait état de plus de 20 000 décès liés chaque année directement ou indirectement à la consommation de drogues dans l'Union européenne (UE). Plus précisément, si environ 8 000 personnes - pour la plupart des hommes dans la vingtaine et la trentaine - meurent d'une overdose, le nombre total de décès pourrait être jusque trois fois plus élevé, compte-tenu des décès indirectement liés à l'usage de drogues (Sida, violence, accidents et suicides).
Depuis quelques années, l'UE a adopté une stratégie visant à compléter l'action des Etats membres en matière de prévention et de réduction des risques, mais ces politiques restent principalement nationales. En matière de répression, les 25 ont adopté des peines minimales contre le trafic de drogues, mais en revanche chaque Etat reste libre de tolérer ou sanctionner la consommation de drogues, comme le prouvent les pratiques très divergentes entre les Pays-Bas et d'autres Etats membres.
Devant les chiffres, le chef de l'UNODC a proposé une "stratégie cohérente et à long terme", associant pays riches et pays pauvres, pour maîtriser entièrement le problème de la drogue, aussi bien celui de la production que de la consommation.
En France, le message avait également été entendu. Une centaine de militants de "Non à la drogue" avaient prévu de se mobiliser ce lundi 26 juin à Paris à l'occasion de la Journée Internationale contre la drogue. A cette occasion ils prévoyaient le lancement d'une pétition, qui demande aux ministres de l'Education, de la Santé et de la Jeunesse et des Sports l'établissement d'un plan national de prévention sur les méfaits de la drogue, dans les écoles dès l'âge de 8 ans et pour la rentrée scolaire 2007.
http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=4418