Adoniste

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Adoniste

Messagepar daniel » 03 Avr 2006, 23:37

Date : 3/4/06
Source : Libération
Site : http://www.liberation.fr/
URL : http://www.liberation.fr/page.php?Article=371863



Portrait

Sean Paul, 33 ans, chanteur jamaïcain, idole des ados et icône lucide de la
fête. Son credo hédoniste - fumette et déhanchements lascifs - n'occulte
pas la réalité sociale antillaise.
Adoniste

Par Gilles RENAULT
lundi 03 avril 2006

Sean Paul en 6 dates
8 janvier 1973
Naissance à Kingston, Jamaïque.
1996
Baby Girl, premier tube.
2000
Stage One, premier album.
2003
Dutty Rock, vendu à 6 millions d'exemplaires.
Fin 2005
The Trinity, troisième album.
6 juillet 2006
Concert à Paris-Bercy.

Ne jamais dire à un jeune (au sens large : disons 8-20 ans) qu'on va
rencontrer Sean Paul. Car on encourt le risque qu'il le répète à un autre,
qui le répétera à un autre, qui... Et la situation de devenir insurmontable
: Tom, Ming-Mei, Rachid, Dorian, Léonie, Franz, Margot, Félix... Tout le
monde en veut. Plus le temps pour poser la moindre question, il faudrait
affréter un charter d'écoliers, consacrer l'heure impartie à signer des
dédicaces, prendre des photos avec le portable... La faute à qui ? A MCM,
MTV, Taratata, NRJ, Star Club, Wesh, Rap Mag... Tous ces supports qui font
rimer teuf avec meuf, pétard avec pétard.

Pour ce public, génération MSN, SMS ou MMS - mais pas encore MST - qui ne
sait pratiquement plus ce que cela signifie d'acheter un CD, le chanteur
jamaïcain est une icône, croisement entre Yannick Noah (passé sportif,
excellente condition physique), Ricky Martin (belle gueule, connotation
ensoleillée) et 50 Cent (imagerie bad boy, flambeur). Un bon gars, dans un
sens : exégète de la nouba, apologiste de la ganja... Sa came à lui, c'est
le dancehall, un rythme à deux temps, plus rapide que le reggae, qui a
fleuri dans les ghettos caraïbes. Jusqu'à ce que Sean Paul (et d'autres:
Buju Banton, Capleton...) lui confère une dimension mondiale, à grand
renfort de Baby Girl, Gimme The Light et, récemment, Ever Blazin ou We Be
Burnin', derniers étages d'une fusée lancée vers les sommets des
classements planétaires, Etats-Unis compris.

En 2003, Dutty Rock, deuxième album de Sean Paul, s'est écoulé à six
millions d'exemplaires. Apparu fin 2005, The Trinity confirme l'ascension.
De Santana à Beyoncé, la scène américaine métissée lui tend les bras ; tous
les plateaux télé le convoitent et, en France, un sacre estival à Bercy est
planifié début juillet.

Lorsqu'on lui demande, les présentations à peine faites, à quel moment il
est arrivé à Paris, Sean Paul hésite. «Ce matin... Non, hier soir, je
crois.» L'approximation ne trahit aucune fumisterie, juste la traduction
d'une destinée de patachon occupée à toiser les fuseaux horaires. «C'est
vrai que ma vie ressemble à un tourbillon, ce dont je serai bien le dernier
à me plaindre. Là, j'ai dormi un peu dans l'avion. La veille, je tournais
un clip en Californie. Ensuite, on est passé par New York, sans s'arrêter.»

Quatre heures plus tard, Sean Paul, introduit par une blonde à peine
vulgaire, surgira sur la petite scène parisienne de la Cigale pour les
besoins d'un miniconcert privé organisé par Fun Radio. Déluge de basses,
lumières stroboscopiques, danseuses lascives, mouvements pelviens
sursignifiés, piaillements dans l'assistance... Et rebelote trois jours
plus tard, en plus grand, pour NRJ.

Vu comme ça, Sean Paul Henriques ne vaudrait guère mieux, sinon en dollars,
que les Lemar, K-Maro, M. Pokora et autres Shaggy qui constituent la
pitance djeunz du moment. A ceci près que ses refrains malins, d'une
implacable efficacité, remplissent à l'aise leur cahier des charges
hédoniste «spliff, sex and fun». Et surtout, qu'à 30 ans passés - un âge
contextuellement canonique - il sait étoffer son discours de considérations
qui ne se contenteraient pas de confondre boule à facettes et miroir aux
alouettes.

Certes, Monsieur Paul roule gentiment des mécaniques. Toutefois, on
discerne une forme de clairvoyance quand, assis devant un thé dans le salon
d'un grand hôtel parisien, il oppose la quincaillerie clinquante qu'il
arbore (montre, collier, lunettes Gucci) à une tenue de camouflage
(pantalon baggy, T-shirt fatigué) dont il souligne le caractère ordinaire.
«Fondamentalement, je pense n'être accro ni au pouvoir, ni au luxe. Mais en
tant qu'artiste, j'incarne aussi une culture de la flambe dont j'assume les
codes, avec ce qu'on peut y percevoir de caricatural. Du coup, il est
probable que je ne sois pas pris autant au sérieux que je le souhaiterais.
Mais cela ne m'interdit pas de chercher à faire passer un discours, un
message.»

Simple position de principe ? Pas seulement. Aux outrances mercantiles du
rap américain - jusqu'à l'obscénité abyssale de la scène crunk - Sean Paul
répond par une tournée en Afrique (Kenya, Ouganda, Tanzanie) et une
solidarité avec ses pairs jamaïcains, qu'il va jusqu'à défendre lorsque
pèse sur le dancehall de vilains soupçons d'homophobie - «Tout ceci a pris
des proportions démesurées. Il s'agit avant tout d'une erreur
d'interprétation face aux côtés chambreur et provocateur d'une culture
musicale qui, à ma connaissance, n'a jamais généré le moindre crime à
caractère homophobe.»

Question crédibilité de la rue, si chère au business du gangsta rap
(«Montre-moi ton casier, je te dirai si tu vaux la peine d'être signé»),
Sean Paul ne cherche pas à falsifier son état civil. «J'ai grandi uptown,
dans un quartier sans histoire, ni pauvre ni riche, loin des clichés liés
aux ghettos. J'ai reçu une éducation correcte et n'ai jamais manqué de
rien.» Mère peintre, père dans les affaires, tous deux nageurs de
compétition, qui orientent fiston vers le grand bassin où il parvient à
pratiquer le water-polo au plus haut niveau national. Scolarité lambda, qui
slalome entre études d'architecture avortées, formation professionnelle
dans l'hôtellerie et un an derrière le guichet d'une banque. Avant que la
musique, à partir de 1996, se commue de hobby en gagne-pain, dans un pays
où «les gens dansent beaucoup, d'autant plus qu'on n'a pas toujours
l'embarras du choix question distractions».

Et quid de la réalité sociale, dans une contrée où la misère prolifère, à
l'ombre des clichés rastas ? A 13 ans, Sean Paul voit son père partir pour
six ans au cachot, suite à une implication dans une sombre histoire de
trafic de stupéfiants et d'homicide. «Les trois premières années, je n'ai
même pas pu le voir. L'absence a été cruelle, surtout à un moment,
l'adolescence, où on se cherche et se construit. J'en ai chialé, et ça m'a
fait grandir. Lui aussi, sans doute : il est redevenu entraîneur de
natation, l'univers sportif l'a aidé à se réinsérer et je nous considère
désormais comme bons amis.»

Plus récemment, la violence antillaise atteint Sean Paul, par ricochet. Un
proche, Daddygon, est abattu à la sortie d'une discothèque, quelques mois
après Gerald Bogle, autre figure du dancehall, également victime d'une
fusillade. L'entertainer extrapole. «La violence et la dope sont les fléaux
des ghettos, d'où chacun cherche à sortir, y compris de la pire manière.
Comme dans tous les pays du tiers-monde, les politiciens jouent un rôle
parfaitement équivoque, troublé par l'ego et la cupidité. Obsédés à l'idée
de conserver leur petit pouvoir, ils privilégient une certaine injustice et
se soucient peu de la voix du peuple, qu'ils maintiennent dans l'ignorance.
En Jamaïque, le taux d'analphabétisme demeure incroyablement élevé et comme
partout, le problème repose en priorité sur l'éducation, qu'on néglige au
profit d'un obscurantisme qui arrange bien les élites.»

Habituellement, on interroge Sean Paul sur le sex-appeal des filles, ou le
plaisir de la fumette intensive. Volubile et disponible, c'est le mot
«conscience» qui, ici, revient le plus souvent dans sa conversation. Avant
de passer consciencieusement à la signature d'une pile d'autographes.

photo Jean-françois robert




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Messagepar El-niño » 21 Jan 2013, 04:03

Merci Daniel pour cet excellent article :!:
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