Maroc: Une stratégie tous azimuts pour assurer la sécurité

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Maroc: Une stratégie tous azimuts pour assurer la sécurité

Messagepar Anonymous » 21 Jan 2013, 04:01

"On ne peut pas demander aujourd'hui au Maroc d'éradiquer la culture du cannabis alors qu'à 14 kilomètres nous avons un marché de 29 millions de consommateurs. Concrètement, qu'est ce que rapporte la drogue au cultivateur marocain ? Environ 300 millions de dollars.

Si vous divisez ça par le nombre de famille qui vivent dans la région et qui sont au nombre de 96 mille famille, vous êtes à peu près à 25 mille dirhams par an et par famille, c'est-à-dire à 3000 dirhams par an par personne. Maintenant, de l'autre côté de la rive, le trafic génère 13 milliards de dollars. Vous mesurez alors la différence et la puissance du facteur d'appel ? "

Tout est dit...


Khalid Zerouali : “Une stratégie tous azimuts pour assurer la sécurité des frontières”

22.01.2006 | 14h41

Le gouverneur-directeur de la migration et de la surveillance des frontières

La lutte contre l'immigration clandestine et la surveillance des frontières a désormais un visage : Khalid Zerouali. Ce jeune profil atypique a débarqué en juillet 2003 au ministère de l'Intérieur en tant que gouverneur directeur de la coopération international avant d'occuper à partir de juin 2005, le poste de gouverneur-directeur de la migration et de la surveillance des frontières. Auparavant ce natif de Guelmim était à la RAM où il a commencé sa carrière professionnelle après avoir décroché un diplôme d'ingénieur en aéronautique de l'université d'Autin au Texas.


Le Matin : Peut-on dresser un bilan des actions de votre département dans la lutte contre l'immigration clandestine ?

Khalid Zerouali :Le Maroc a toujours inscrit cette question dans un cadre stratégique et non pas opérationnel parce que nous traitons la question dans un esprit qui touche toutes les facettes du problème. Nous avons une stratégie qui repose sur cinq piliers. Bien évidemment la sécurité, parce qu'après tout il y a beaucoup de réseaux mafieux qui s'activent dans ce domaine et qu'il est très important de lutter sans merci contre ces réseaux.

Il y a aussi d'autres aspects tel que la communication et la sensibilisation, la coopération internationale, le codéveloppement et le développement local. Tout ceci se fait sous le parapluie d'actions législatives notamment la loi 02-03 sur le séjour des étrangers au Maroc, mais également les réformes institutionnelles et notamment la création de la direction que je gère et de l'observatoire de l'immigration. Cette stratégie a donné un certain nombre de résultats concrets.

On note un recul considérable des effectifs des candidats à l'immigration clandestine d'origine marocaine. Nous avons terminé l'année 2005 avec une baisse de 25 % des candidats d'origine marocaine. Il y a également un net recul des personnes et de pateras qui ont réussi à atteindre les côtes espagnoles d'à peu près 37 %. Dans le Sud, nous sommes pratiquement à -50 %. Cela démontre l'effort sécuritaire qui est fait pour rendre étanches nos côtes.

Dans le même cadre, nous avons pu démanteler de plus de 300 réseaux de trafic de personnes et quand je dis réseaux cela peut aller d'un réseau simple composé d'un rabatteur et un transporteur jusqu'à un réseau avec des ramifications internationales. En 2004, nous avons démantelé 425 réseaux. Comme vous le voyer, l'action répressive est plus orienté vers les mafias pour pouvoir libérer les victimes des mains de ces réseaux.

Autre résultat concret et probant, les opérations de rapatriement volontaire. Nous avons opéré 23 vols pour rapatrier environ 3 800 personnes et ce dans le total respect de leur dignité. Ces opérations continuent aujourd'hui puisque nous sommes en train de travailler avec le Nigeria pour rapatrier un millier de ses ressortissants. Il faudrait peut-être expliquer la finalité derrière ces rapatriements. Il faut savoir que si il y a quelque chose que le trafiquant déteste, c'est le retour de l'immigrant clandestin chez lui parce qu'une fois de retour, il dénonce ce trafiquant.

Certaines ONG internationales ont dénoncé ces opérations de rapatriement…
Prenons le HCR, certains de ses responsables ont fait des déclarations contre les mesures de rapatriement. Les réunions que nous avions tenues après avec eux sur la base de cas concrets ont démontré que les opérations sont conduites dans le respect de la dignité et du droit et le HCR a présenté par la suite ses excuses au Maroc.

Justement, certaines personnes rapatriées détenaient des documents délivrés par le HCR…
Bon, je vais vous expliquer comment cela se passait avant avec le HCR. Quand une personne se présentait au bureau du HCR à Rabat, elle obtenait un récépissé reconnaissant que vous avez rempli une demande. Ce document ne confère pas à cette personne le statut de réfugié. C'est juste un document qui atteste que la personne a déposé une demande auprès du HCR.

Normalement, la durée de validité de ce document ne doit pas dépasser un mois parce que le HCR doit statuer rapidement sur le cas de cette personne. Le problème c'est que ce document devient par l'usage très froissé et donc aisément falsifiable. D'ailleurs, nous avons trouvé des traces de documents falsifiés. Maintenant, nous n'avons aucun problème avec les personnes éligibles au statut de réfugié tout en sachant que 95 % de personnes qui détiennent de tels documents ne sont pas éligibles à ce statut.

Ne nous volons d'aucune manière que le bureau du HCR à Rabat devienne le seul facteur d'appel du continent africain. Nous sommes fondés à nous poser certaines questions : pourquoi quelqu'un qui quitte son pays en Afrique subsaharienne ne demande l'asile qu'au Maroc ? Il traverse bien plusieurs pays où il n'y a ni guerre ni instabilité avant d'arriver au Maroc.

Où vous en êtes pour ce qui est du renforcement des mesures de sécurité au niveau des frontières avec Sebta et Mellilia ?
Aujourd'hui il faut faire de la prévention. Quand il y a une vulnérabilité quelque part, elle devient un facteur d'appel. Pour nous, les villes occupées de Sebta et Mellilia sont devenues deux petites fenêtres qui constituent un grand facteur d'appel pour l'immigration dans le continent africain.

Les actions de sécurité que nous menons dans le voisinage des deux villes sont pour dissuader les éventuels candidats à l'immigration clandestine. Vu qu'en 2005, nous étions plutôt pris par la sécurisation de nos côtes, nous avons opéré en curatif dans les forêts de Belyounech, de Rosto Gordo et de Gourougou.

Donc du début 2005 jusqu'au déclenchement des assauts, le 28 août 2005, nous avions opéré 136 opérations de ratissage à Gourougou et le nombre moyen du personnel mobilisé pour chaque opération est de 400 personnes. Donc après le premier assaut, nous avons décidé de faire de la dissuasion. A partir de là, il y a eu le redéploiement d'un nouveau dispositif autour des deux conclaves et les résultats sont à ce propos très encourageants.

A combien peut-on chiffrer le nombre d'immigrés illégaux qui séjournent au Maroc ?
Il est très difficile de lechiffrer. Mais on peut dire qu'ils sont environ au nombre de10 000. C'est encore une fois un chiffre qu'il faut prendre avec beaucoup de précaution.

Y a-t-il un lien entre les réseaux de trafic d'immigrants et ceux du trafic de drogue ?
Nous essayons d'inscrire les deux questions dans un cadre global parce que le réseau mafieux n'est pas sélectif. Là où il y a de l'argent, il essaie de le prendre. Il est vrai que nous avons intercepté quelques Pateras où il y a des quantités de drogue. Mais ce n'est pas énorme.

Il faut rappeler que pour la drogue, nous avons également une stratégie qui traite de la production, du trafic et de la consommation.
On ne peut pas demander aujourd'hui au Maroc d'éradiquer la culture du cannabis alors qu'à 14 kilomètres nous avons un marché de 29 millions de consommateurs. Concrètement, qu'est ce que rapporte la drogue au cultivateur marocain ? Environ 300 millions de dollars.

Si vous divisez ça par le nombre de famille qui vivent dans la région et qui sont au nombre de 96 mille famille, vous êtes à peu près à 25 mille dirhams par an et par famille, c'est-à-dire à 3000 dirhams par an par personne. Maintenant, de l'autre côté de la rive, le trafic génère 13 milliards de dollars. Vous mesurez alors la différence et la puissance du facteur d'appel ?
Nous attaquons cette question avec beaucoup de courage, de transparence et de lucidité. Selon les études que nous avons menées avec les organismes internationaux spécialisés, nous sommes actuellement à 134 mille hectares de cannabis cultivés.

Nous sommes donc passé d'une période où le Maroc disait qu'il n'y avait que 50 mille hectares alors que les nations unies prétendaient qu'il y en avait 250 mille à une situation où nous convergeons. Et pour nous cela constitue une référence et un indicateur de performance. Cependant, ne nous pouvons pas avancer dans notre stratégie de lutte contre le trafic de drogue s'il n'y a pas une véritable coopération avec nos partenaires chez qui la prévalence est très élevée et les trafiquants très actifs. Notre stratégie est de ne pas tolérer la culture du cannabis dans les zones qui ont connu ce phénomène récemment, notamment les provinces de Larache et de Taounat.

Parfois nous entendons certaines personnes demander mais de quoi ces populations vont vivre si nous éradiquons la culture du cannabis. Ce que l'opinion publique doit connaître, c'est que le cannabis a un développement néfaste sur le développement humain. Le cannabis est une plante qui se propage au détriment de la forêt.

J'ajoute également que le Maroc a souffert depuis plusieurs années d'un problème de perception. Concernant le cannabis, il faut savoir qu'il y a des pays qui ont un potentiel de production qui dépasse celui du Maroc. C'est pour cela que nous essayons pour monter un genre d'ADN cannabis.

Est-ce que vous avez des indications sur l'implication de ces réseaux de trafic de drogue avec les réseaux terroristes ?
Ici au Maroc, cette implication n'existe pas, cependant, on doit rester vigilant parce que le terrorisme cherche des finances partout où elles existent. Même la petite délinquance peut financer des groupes terroristes.






Entretien réalisé par D. Aissaoui et K. Douichi | LE MATIN
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